dimanche 22 mars 2009

Sans dessus et sans dessous

« Chen Ke, Fire N°1, Hand-coloured on Black & White »

Les plus fidèles lecteurs de ce blog se rappellent sans doute le billet du 25 mai 2008 dans lequel je me plaignais de la manière cavalière avec laquelle les éditeurs français se sont mis à traiter les noms des auteurs chinois qu'ils font traduire et éditent : il s'intitulait « L'envers de l'endroit » et avait suscité d'intéressantes réactions. Celui-ci n'a pour unique vocation que de vous faire part de mon désarroi face à une nouvelle publication des Editions Philippe Picquier --- ce faisant, je romps le serment fait ici-même, de ne plus toucher à la littérature contemporaine, domaine qui m'est cruellement étranger ; je compte donc sur le savoir des plus avancés dans la matière pour combler mes béantes lacunes.

La source de mon émoi est la lecture d'une chronique de Marjorie Alessandrini sur Bibliobs. Mise en ligne le 20/03/09 sous le titre « Le parfum de la dame à la fleur de prunier », elle a pour objet (je cite) :
« Seul demeure son parfum » de Feng Hua. Traduit du chinois par Gilles Moraton et Li Huong (Editions Philippe Picquier).
Le premier paragraphe a particulièrement retenu mon attention. Le voici :
« Drôle de polar, qui nous vient de Chine. Et drôlement traduit, tout au moins pour les non-sinophones. Le récit, presque entièrement au passé composé, surprend d'abord, comme une maladresse, quand on attendrait plutôt le passé simple, ou même le présent. Et puis quand on a réussi à se couler dans ce roman noir et gris, en demi-teinte, on est emporté par le charme de ce policier mélancolique. Le temps composé donne à la narration un côté curieusement distancié qui s'avère tout à fait approprié à l'histoire et aux personnages, eux aussi décalés. »
Intrigué, je me suis aussitôt rendu sur le site de l'éditeur qui procure à l'occasion des extraits des ouvrages qu'il lance sur le marché ; en un clic, m'y voici. Mais, première déconvenue, l'ouvrage, pourtant paru en février, n'est déjà plus sur la page « Nouveautés ». Je me retrouve alors dans l'obligation de partir à sa recherche et démarre ma quête, quoi de plus logique ?, par le nom de l'auteur, ou ce que je crois pouvoir identifier comme tel, Feng, soit le relativement fréquent , ou les plus rares , ,,,et quelques autres. Mais, nouvelle surprise, pas de FENG Hua ! Seuls figurent, dans la liste des auteurs en « F », Alexander FRATER, Aude FIESCHI, FANG FANG, FURUI Yoshikichi, Maït FOULKES et Yveline FÉRAY. Que me réserve, de son côté, le « H » ? 16 noms dont « Feng HUA ». J'en déduis donc que Feng est le prénom de l'auteur, et son patronyme HUA, soit (pour s'en tenir aux plus courants) ou 化, 滑 ou encore 花. Ayant cliqué sur « Feng HUA », j'accède aussitôt à une page qui m'invite à un nouveau clic pour « En savoir + ». C'est justement ce que je désire.

Voici ce que je découvre :

Figure en regard de la couverture, la fiche descriptive reproduite ci-dessous qui donne la totalité, ou peu s'en faut, de l'appareil critique offert au lecteur pour l'achat de ….
Feng HUA
Seul demeure son parfum
Traduit par Gilles Moraton et Li Hong
Collection Chine
352 pages / 20,50 € / ISBN : 8097-0095-4

Dans une ville de Chine, un tueur frappe les femmes en toute impunité. Longtemps ces crimes conservent pour les enquêteurs leur épaisseur de mystère. Peu à peu, pourtant, grâce à l'esprit de déduction et à l'intuition de Pu Ke, le policier chargé de l'affaire, les indices se croisent et se resserrent autour d'un seul suspect. Pu Ke est aidé dans sa quête par Mi Duo, une jeune femme rencontrée chez des amis communs, et l'histoire de leur relation va se trouver intimement liée à celle du meurtrier. Car chacun porte en lui un secret, une part d'ombre inavouée, qui est comme une clé ouvrant une porte interdite débouchant sur l'horreur. Une plongée dans les profondeurs de l'âme humaine, qui est aussi une radioscopie aux rayons X des relations entre hommes et femmes dans la Chine d'aujourd'hui.
Sortie en février 2009
Je trouve aussi ce que je cherchais, savoir la possibilité de lire un extrait du livre. J'y parviens en un rien de temps, en chargeant un document pdf de 468 ko. Je suis dorénavant possesseur des 38 premières pages du livre, savoir deux chapitres et les deux pages qui les précèdent. M'y attend une autre surprise : le nom d'auteur y figure sous la forme « FENG Hua » et non comme noté sur la couverture « Feng HUA » !

Me voilà bien avancé ! Dès lors comment vais-je pouvoir identifier avec certitude l'auteur et trouver sur internet, ou par l'intermédiaire d'une librairie réelle ou en ligne, le texte original afin de me rendre compte, par moi-même, si les curieux choix de traduction relevés par la chroniqueuse sont ou non justifiés ? Si je sais dorénavant grâce à la page 2 qu'il a été publié pour la première fois en 2007 et en Chine par la « Jiangsu Art & Literary Publishing House » [sans doute : Jiangsu wenyi chubanshe 江苏文艺出版社], la transcription du titre - Ru xing sui xing -- lequel semble assez éloigné du titre sous lequel nous est fournie la traduction - , ne me permets pas vraiment de mener à son terme mon investigation ; de plus, je ne suis même pas en mesure de définir le sexe de l'auteur !

Et vous où en êtes-vous ? Savez-vous qui est l'auteur de Ru xing sui xing ? Un homme ? Une femme ? Quel est son NOM ? Son prénom ? FENG Hua ou HUA Feng ? ---- la présence des caractères quelque part aurait permis de lever toutes les incertitudes et de trancher en faveur d'une des 215 possibilités théoriques si l'on s'en tient au choix de caractères qu'offre un dictionnaire de la langue courante : 80 pour FENG Hua et 135 pour HUA Feng !

Si vous avez des lumières, merci d'éclairer ma lanterne imprudemment sortie dans le brouillard de l'édition française de littérature contemporaine chinoise. Li Hong et Gilles Moraton, les traducteurs, ont peut-être leur idée sur la question ? Chen Feng (ou bien est-ce Feng Chen ?), le directeur de publication aussi. SVP, chers éditeurs, ayez pitié de vos pauvres lecteurs. (P.K.)


samedi 21 mars 2009

Itinéraire d'enfance

Duong Thu Huong
[Dương Thu Hương]
dont il a été question plusieurs fois sur notre blog et
notamment grâce à Nguyen Phuong Ngoc
qui nous a invité à lire son nouveau roman
Au Zénith
(traduit par Phuong Dang Tran)
sorti tout récemment chez Sabine Wespieser,
est l'invitée de La Cité du Livre - Bibliothèque Méjanes
pour une rencontre animée par le journaliste Renaud Prat.

Cet événement, qui se déroulera le Mercredi 25 mars, à 16h, en salle Adultes de la bibliothèque, permettra de mieux faire connaissance avec « l'auteur du roman Itinéraire d'enfance (Sabine Wespierser, 2007), sélectionné pour le prix 2009 des lycéens et apprentis de la Région Paca. Elle y évoque les tribulations d'une gamine espiègle et entreprenante, au Viêtnam, à la fin des années cinquante. »

Initialement paru chez Sabine Wespieser en 2007, ce roman datant de 1985 et traduit par Phuong Dang Tran vient d'être réédité au Livre de Poche.


vendredi 20 mars 2009

Thuận ou le roman comme recherche (2)

Thuận ou le roman comme recherche (2)*

II. Chinatown°


Une Vietnamienne de Belleville raconte ses anciennes passions humiliées pour un Chinois de Hanoi dont elle est tombée amoureuse en 1979, moment où son pays se trouvait en plein conflit avec Pékin [1]. Elle vit aujourd’hui à Paris avec le fils qu’elle a eu du Chinois, qui lui sert de lien entre le passé et l'avenir [2].

Chinatown oscille perpétuellement entre dévoilement et pudeur. La narratrice se montre et se cache en même temps. Elle raconte avec retenue des sentiments intimes, n’est pas sérieuse là où il faudrait l’être, ne cherche pas non plus à tirer des larmes au lecteur. Finalement, on rit beaucoup en lisant son histoire bien triste.

Si l’itinéraire — Hanoï-Moscou-Paris — de l’héroïne rappelle celui de Thuân, et son idylle celle du personnage de L’Amant, Chinatown, roman sans chapitres ni paragraphes, n’est ni autobiographique ni durassien. L’expérience vécue et Duras ne sont que clins d’œil et trompe-l’œil d’une écriture en quête de la modernité.

Au sein de Chinatown, nous lisons avec l’héroïne deux extraits de son premier roman, inachevé — « I’m yellow » — qui sont l’occasion pour l’auteure d’explorer les ressorts de la création littéraire, son unique passion, son salut au milieu d’une existence ratée :
« Demain j’aurai 39 ans, comme le héros de I’m yellow. Celui-ci, le formulaire de divorce signé, erre dans la gare centrale de Hanoï, rue des Roseaux. Au début, je voulais que ce fût une femme, mais j’ai hésité. J’avais peur d’être encore dérangée par Phuong, l’héroïne de Made in Vietnam. Durant des mois, elle a frappé à ma porte : ‘ Grande sœur, prends-moi de nouveau comme héroïne, s’il te plaît’. A force d’entêtement, elle a fini par se glisser dans deux de mes nouvelles, sans que j’en sois tout à fait inconsciente. Mais cette fois-ci, je devrai être plus ferme. Afin de couper tout lien avec elle, je quitterai Hanoï avec mon héros. Dans quelle direction ? Je n’en sais rien. Saigon ? Non, ça ne va pas marcher car Phuong est déjà descendue à la gare centrale de Saigon et à l’aéroport Tan Son Nhat. Hue ? Je l’ai écartée dès le début » (p. 87).
Avec Thuân, le lecteur de Chinatown parcourt la France, moins pour visiter qu’observer. « Le romancier est quelqu’un pour qui rien n’est perdu » comme le dit H. James. Tout entre dans ce roman. Les détails les plus insignifiants du quotidien, les mots et les phrases de tous les jours côtoient des réflexions sur Duras ou Freud : « Dans mon sac, il y avait la photo de Thuy. La maison à deux niveaux avec une enseigne en chinois et deux lanternes. Plus tard, en écoutant Duras décrire les bruits de Cholon, j’ai tout compris. En même temps je ne comprenais rien. Les mots de Duras, je les lis avec méfiance. Je n’ai jamais mis les pieds à Saigon. Je ne connais pas Cholon. J’ai vu le film L’Amant. J’ai lu à la fois L’Amant et L’Amant de la Chine du Nord. Duras raconte les odeurs de Cholon. Le bois parfumé, la pastèque, les restaurants. Les mots de Duras, j’ai peur d’être piégée par eux » (p. 32-33). Ces propos sur Duras ne sont ni artificiels ni abstraits. Au contraire, ils sont profondément ancrés dans le réel.

M. Duras : « Là, j'ai 18 ans... » [doc. INA.fr]

La vie dans Chinatown est faite non pas de clichés, mais d’élan et de fraîcheur, fruits du sens d’observation aigu de son auteure :
« …à Belleville depuis dix ans, on m’interpelle de loin : « Comment ça va, madame Âu ? ». Mon concierge d’origine portugaise, convaincu que Hanoï fait partie de la banlieue de Pékin, me lance : « Vous avez du courrier de Chine, madame Âu ». A la Cité, on m’appelle sur le haut parleur : « Madame Âu, guichet 14 ». La jeune femme au tee-shirt blanc me dit : « Madame Âu, montrez-moi vos papiers ». Dans les collèges où j’enseigne, les proviseurs et leurs adjoints me serrent amicalement la main : « madame Âu, courage ! ». Mes quarante-neuf collègues et tous mes élèves m’appellent madame Âu, mais, dans mon dos, ils me surnomment la Chinoise, la Chinoise bizarre. Il suffit de dire la Chinoise, on comprend qu’il s’agit de moi » (p. 94).
C’est pourquoi il est important de souligner ici le rapport particulier de Thuân au réel. D’une part, il s’agit d’un réel qu’elle veut subjectif. Certes, Chinatown reflète la société dans laquelle vit l’écrivaine, mais Thuân n’est ni historienne ni chroniqueuse, ses témoignages ne rendent pas compte de la « réalité » du Vietnam post-communiste ou de la France contemporaine mais de son expérience intime de ces pays. Et finalement ce qui la sépare Thuân de certains romanciers de sa génération, c’est le regard personnel qu’elle porte sur ces dernières et sa capacité de le rendre par une écriture singulière. D’autre part, chez cette romancière, l’imaginaire ou la passion d’écriture l’emportent souvent sur le réel. L’intrigue n’est souvent qu’un prétexte pour qu’elle se laisse emporter par un mot, un rythme ou une vitesse.

Voici par exemple un passage dans Chinatown inspiré par le chiffre 6 :
« Selon ce nouvel emploi du temps, Vinh et moi nous lèverons à six heures du matin. Nos toilettes terminées, nous prendrons un petit-déjeuner composé de six éléments – croissants, beurre, œufs sur le plat, jambon, saucisses, jus d’orange – pour terminer par du thé à six confitures. Soixante minutes plus tard, tandis que Vinh ira à l’école, je sauterai dans un bus pour aller rue de Tolbiac suivre un cours de kung fu et de tai chi chuan. A midi, le cours terminé, je prendrai un bain avec six parfums différents avant de boire six variétés de sirop de cannes à sucre en compagnie de mes six maîtres et soixante camarades. Six minutes après, je serai dans le salon de coiffure de mademoiselle Feng Xiao où je lui apprendrai six nouveaux mots vietnamiens tandis qu’elle m’expliquerai six nouveaux termes en mandarin. Ensuite, de la tour Olympiades, j’appuierai sur un bouton dans l’ascenseur pour atteindre six minutes plus tard le supermarché Tang Frères. A cette heure-ci, comme les habitants des soixante tours de Chinatown seront en pleine fabrication de nems, de raviolis à la vapeur et de beignets, je mettrai six minutes à peine pour choisir six pigeons congelés de la compagnie d’exportation alimentaire de Hochiminh-ville puis payer à la caisse. Durant mon voyage de soixante minutes en bus entre Tang Frères et Belleville, les six pigeons seront décongelés. A peine entrée dans l’appartement, je mettrai mon four à 260 degrés. Dès son retour à six heures du soir, Vinh fera sa toilette puis se mettra à table pour partager avec moi les six pigeons laqués accompagnés de six cuillérées de riz cantonnais. Il boira soixante millilitres de coca et moi soixante millilitres de vin rouge. Le dessert composé d’une tartre à six fruits et d’un yaourt à six vitamines terminé, nous regarderons sur M6 une émission sur la guerre en Irak. Soixante minutes plus tard, lorsque Vinh aura fini de regarder des actualités chinoises sur l’Internet, je m’assiérai devant l’ordinateur. Après avoir écrit soixante phrases à six mots, j’éteindrai la lumière, enlèverai les chaussettes puis irai me coucher. Je me retournerai dans tous les sens, ferai avant minuit un rêve de soixante minutes, puis dormirai jusqu’à six heures du matin. Là je tomberai dans un autre rêve de six minutes, puis émergerai de mon sommeil complètement. Je baptiserai cet emploi du temps 6&60 » (pp. 101-102).

Pour Thuân, imaginer une histoire avec début et fin est moins important que créer un réseau de connexions fait de reflets et d’échos. « Aucun fleuve n’est assez vaste. Aucune eau n’est assez pure. Nous n’avons pas échangé un mot » (p. 67), est une strophe qui revient dans Chinatown comme le refrain d’une chanson.

Dans le passage suivant, les trois mots « ces jours-là » créent un rythme de jazz :
« Depuis douze ans, je veux voir Thuy pour comprendre. Comment il vit aujourd’hui, cela m’est égal. Mais je veux savoir où il a habité, qui il a vu, ce qu’il a fait pendant ces jours-là. Dans les maisons à deux niveaux avec une enseigne en chinois et deux lanternes. Ces jours-là. Ces jours-là, Vinh n’avait qu’un mois. Il se mettait sur le ventre. Il marchait à quatre pattes. Il se tenait debout. Thuy n’était pas là. Ses dents poussaient. Je le sevrais. Il avait la rougeole. Thuy n’était pas là. Il a eu 39 degrés de fièvre pendant une semaine à cause des piqûres de fourmis rouges. Thuy n’était pas là. Il a été hospitalisé pour avoir avalé un noyau de ramboutan. Thuy n’était pas là. Un garçon de sa crèche l’a mordu à l’oreille. Sa puéricultrice l’a puni en l’obligeant à rester debout dans un coin : ce larbin de Pékin avait osé intimider un citoyen vietnamien. Thuy n’était pas là. Il n’est jamais là » (pp. 26-27).
La lecture de Chinatown est ainsi source de jouissance ou de plaisir du texte, pour reprendre une expression de Roland Barthes qui avoue qu’il ne connaît rien de plus déprimant que d’envisager le texte comme un objet intellectuel. Dans les textes de Thuân, les mots s’appellent les uns les autres. C’est une course où l’auteure accélère le rythme pour jongler avec ses mots. Chinatown traduit une grande liberté de ton, un jaillissement verbal puis le blanc, le silence.

Thuân semble s’interdire toute recherche qui ne serait pas exclusivement formelle. Mais un écrivain n’est-il pas d’abord défini par sa musicalité ? C’est ce que dit Proust d’ailleurs : la qualité d’une œuvre et le degré d’élévation morale de son auteur se mesurent à la justesse de son style. Dans Chinatown, le roman est conçu autant comme moyen d’information et de communication que comme « recherche » [3].

Est-ce à dire que Thuân reste captive d’une pure quête esthétique ? Non, car l’acte d’écriture est à lui seul un engagement politique. Seulement, il convient de concevoir autrement la « politique », d’en avoir une vision plus large. Dans un pays comme le Vietnam dont l’idéologie officielle met en avant la masse, la classe, la nation, lorsqu’un écrivain rejette le collectif, parle du « moi », revendique les sentiments personnels, décrit le désoeuvrement d'une société profondément rural face à la mondialisation, il participe pleinement à « la politique », à la vie.

A travers l’histoire d’amour qui relie Hanoi à Pékin, à Moscou et à Paris, Chinatown imagine la place, de plus en plus modeste, qu’occupe le Vietnam dans la nouvelle configuration du monde, après la guerre froide. Chinatown est un récit d’errance, tant sur le plan sentimental – chroniques d’un drame intime – et humain – pérégrination d’une Orientale en Occident – qu’en matière de l’Histoire – le camp communiste et ses extensions extrêmes orientales, avant, pendant et après sa chute.

La tragédie personnelle s'inscrit dans divers lieux de la Russie sous Gorbatchev, du Vietnam postcommuniste, de la France contemporaine et les Chinatown comme Cholon, Belleville et le Treizième. A travers les mots de la narratrice, se dévoile la vie d’une Vietnamienne portant un nom chinois à Paris et enseignant l’anglais dans des collèges « difficiles » de la banlieue parisienne : son regard sur la communauté chinoise, sa vision de la société française, sa rencontre d’autres exilés, son angoisse liée au renouvellement de la carte de séjour, son sentiment de n’appartenir réellement à aucun pays. Chinatown est ici symbole de l’amant perdu – en rendant hommage à Duras –, mais aussi de l’exil et d’un nouvel empire - la Chine : « Ces deux milles communautés chinoises d’outre-mer formant un pays sans frontière aussi important que l’ensemble Paris-New York-Londres » (p. 143). De même, Hanoi est pensé à la fois dans ses problèmes internes et son rapport à l'extérieur, en particulier ses liens ambigus avec Paris – ancienne puissance coloniale – ainsi que Pékin et Moscou – deux grands frères de l'ancien bloc socialiste.

Et la force de ce texte vient justement de sa dimension multiple.

Đoàn Cầm Thi (Inalco)

Notes :
* Pour lire la première partie de cette contribution de Doan Cam Thi : Thuận ou le roman comme recherche (1)
° Traduit par Đoàn Cầm Thi, Editions du Seuil, collection « Cadre vert », 2009, 192 p.
[1] Ce conflit était à l’origine de l’expulsion massive et violente des Chinois du Vietnam au cours des années 1980.
[2] Voir l’article passionnant de Jean-Claude Pomonti, « Deux écrivains, deux regards vietnamiens contemporains » (Cambodge Soir Hebdo n° 67 – 22 au 28 janvier 2009), sur Au Zénith de Duong Thu Huong (S. Wespieser, 2009) et Chinatown de Thuân.
[3] M. Butor, « Le roman comme recherche » in Répertoire, Paris, Éditions de Minuit, 1960.

jeudi 19 mars 2009

Thuận ou le roman comme recherche (1)


Đoàn Cầm Thi qui nous a fait l'amitié de venir participer le 13 mars dernier au colloque que notre équipe a organisé sur le thème « Littératures d'Asie : traduction et réception » pour une communication sur « La réception de la jeune littérature vietnamienne en France », nous a fait parvenir un texte sur l'auteur qu'elle vient de révéler au public français par la publication aux Editions du Seuil de Chinatown (Collection « Cadre vert », 2009, 192 p.). L'ouvrage, qui a reçu un excellent accueil de la part de la critique et de Noël Dutrait qui nous en conseillait récemment la lecture, ne fournissant pas d'appareil critique, la présentation de Thuận et de son œuvre s'avère un très utile complément à sa découverte.
Mais avant de livrer la première partie de ce texte instructif (dont la seconde sera mise en ligne dans la foulée), je rappelle que Đoàn Cầm Thi est non seulement traductrice et critique littéraire, notamment dans les colonnes de La revue des ressources, mais qu'elle enseigne également la littérature vietnamienne. Elle a publié de nombreux articles et ouvrages dont La Douleur de Marguerite Duras (Hanoi, 1999), Poétique de la mobilité - Les lieux dans Histoire de ma vie de George Sand (Rodopi, 2000) et Au rez-de-chaussée du paradis. Récits vietnamiens 1991-2003 (Picquier, 2005), lauréat du prix « Le Mot d’Or de la traduction 2005 » (UNESCO - Agence intergouvernementale de la Francophonie - Société française des traducteurs). [La ponctuation iconographique est la mienne et exploite des images dont on peut retrouver la source en cliquant dessus] (P.K.)


Thuận ou le roman comme recherche

« Je n’ai jamais écrit, croyant le faire, je n’ai jamais aimé, croyant aimer,
je n’ai jamais rien fait qu’attendre devant la porte fermée »
(M. Duras, L’Amant)

I. Une passion d’écrire

Née à Hanoi, vivant depuis 17 ans à Paris après avoir fait des études à Moscou, Thuân fait partie de la nouvelle génération d’écrivains qui ont grandi loin des combats de la guerre du Vietnam. Elle est l’auteure de nombreuses nouvelles et de cinq romans dont quatre ont été publiés au Vietnam : Made in Vietnam (Editions Van Moi (Californie), 2002), Chinatown, Paris le 11 Août (Paris 11 tháng 8, 2005), T. a disparu (T mất tích, 2006) et Vân Vy (Vân Vy [n. il s'agit des prénoms de deux personnages principaux], 2008), qui connaissent un succès croissant. Avant de consacrer une étude plus approfondie à Chinatown qui vient d’être publié au Seuil (« Cadre vert », février 2009) [n. Toutes nos citations renvoient à cette édition], nous nous proposons de faire une brève présentation de l’œuvre de Thuân.
  • 1. What do you like for breakfast [n. Cette nouvelle a été publiée dans Au rez-de-chaussée du paradis. Picquier, 2005]
La nouvelle virevolte autour du morne quotidien d’une Vietnamienne. Le lecteur suit son laborieux apprentissage de l’anglais dans les cours du soir qui se multiplient dans les villes vietnamiennes à l’époque de l’Ouverture.

L’ennui est un thème récurrent dans l’œuvre de Thuân. Dans What do you like for breakfast, la narratrice prend son petit-déjeuner dehors, au milieu des poussières et des bruits, dégoûtée par l’odeur du plat favori de son mari — composé de nouilles instantanées aux œufs. Dans Made in Vietnam, Phuong s’ennuie, partout, chez elle, chez ses parents, chez ses beaux-parents. Dans T. a disparu, l’héroïne, quitte le nid conjugal, et cette fois pour de bon.

Thuân décrit souvent l’ennui, la tristesse, le désarroi avec humour et dérision. C’est dans le recours au rire qu’elle puise sa force.
  • 2. Made in Vietnam
A Hanoi, en l’an 2000, embauchée comme rédactrice du Courrier du Cœur de la revue Femmes, Phuong découvre un nouvel univers et regarde bientôt son existence quotidienne d’un œil différent : son mari passionné de chaussures, ses parents anciens cadres mais nouveaux riches, ses frères et sœurs exilés en Allemagne, ses collègues journalistes absorbés par leurs multiples trafics, ses amants tous nommés Khanh,… A travers son itinéraire de Hanoi — capitale socialiste austère — à Hochiminh Ville, ex-Saigon, mégalopole méridionale occidentalisée, le lecteur aperçoit le Vietnam sous son nouveau jour : une société post-communiste, un peuple en voie de développement, une économie de marché à orientation socialiste, en tout cas un pays et non pas une guerre ni une carte postale.

Sur un ton où s'entremêlent humour et ironie, ce livre de 192 pages, sans chapitres ni paragraphes, raconte mille et une facettes de la vie made in Vietnam. Passionnée du langage, Thuận crée des rythmes étranges pour ses phrases. Dès son premier livre, elle a bousculé le code romanesque traditionnel afin de déranger le lecteur. Made in Vietnam se clôt sur cette déclaration : « Tous les personnages de Made in Vietnam sont réels » avant de « remercier ceux qui sont restés pendant deux mois dans cette histoire et ont créé des situations imprévues : Duong Tuong, traducteur vivant à Hanoi, dans le rôle du traducteur célèbre, soixante-dix ans ; Phuong Thanh, chanteuse, dans le rôle de Madonna ; six millions d’habitants de Saigon dans le rôle des six millions d’habitants de Saigon, etc. », en particulier « Pham Thi Hoai, dans le rôle de l’auteure de Made in Vietnam ».

  • 3. Paris le 11 Août
Inspiré de la canicule de 2003 en France, ce roman retrace l’itinéraire de deux jeunes Vietnamiennes vivant à Paris, Liên et Mai Lan. Liên travaille comme femme de compagnie de personnes âgées et perd son emploi au terme de cet été meurtrier. Mai Lan est fille entretenue et interprète. Si elles sont Hanoiennes et nées la même année, elles s’opposent sur tous les plans. Autant Mai Lan est jolie et extravertie, autant Liên est hideuse et timide. Mais la beauté de Mai Lan ou la laideur de Liên peuvent-elles apaiser leur souffrance d'exil ?

A travers ces deux chemins qui se sont croisés un après-midi de 2003 au supermarché Tang Frères, le lecteur est captivé par des faits crus mais fantaisistes de plusieurs univers. Mêlant d’autres destins d’exilés — Cubains, Tchèques, Libanais — , le roman dévoile une certaine France vue par ses immigrés.

D’une écriture tissée d’humour et de grâce, Paris le 11 Août est un texte où s’imbriquent fiction et documentaire : ses 22 chapitres débutent chacun par un extrait d’articles traitant de la canicule de 2003. Il a reçu en 2006 le prix de l'Union des Ecrivains du Vietnam.
  • 4. T. a disparu
Le 4e roman de Thuân change de point de vue. Si dans les premiers textes, l’histoire est narrée par une femme, dans T. a disparu dont l’intrigue se déroule à Paris, le personnage central est un homme, un Français. Certes, T, sa femme, est d’origine saïgonaise, mais elle ne lui a jamais rien raconté de sa ville natale. De toute façon, le lecteur ne l’entend jamais, car lorsque le roman s’ouvre, elle a déjà disparu. Le livre n’évoque aucune réalité vietnamienne hormis une scène, anodine, qui se déroule dans le 13e arrondissement. Par ailleurs, dans l’imaginaire du héros qui n’a jamais mis les pieds au Vietnam et ne s’intéresse que fort peu à ce pays, il est souvent confondu avec le Japon.

T a disparu, emportant avec elle non seulement son corps, mais aussi toutes ses traces, y compris ses photos et son nom. Nommer ses personnages constitue un défi pour les romanciers. Or ceux de Thuân, mêmes les plus importants, sont souvent anonymes. Dans ce roman, c’est le cas du héros. Quant à l’héroïne, elle est désignée simplement par l’initiale T. Dans la pensée de son mari qui est aussi le narrateur de l’intrigue, ses souvenirs à elle ne tiennent jamais trois lignes, au point que le lecteur doute de son existence. Qui est T ? reste à la fin du roman une question sans réponse.

T a disparu ressemble à un roman à suspense dont l’atmosphère policière est source de divertissement. Mais très vite, l’on s’aperçoit que celle-ci ne va pas sans drame. Si les héroïnes de Thuân s’ennuient souvent, comme nous l’avons constaté, leurs maris semblent ignorer ce sentiment, sauf le personnage de T a disparu. Face à l'énigme de la disparition de sa femme, il mène l’enquête, pour essayer de comprendre le motif de ce départ certes, mais davantage pour tuer l’ennui. Du moins, c’est son aveu. Dans l’œuvre de Thuân, le conflit conjugal ne s’est jamais exprimé autrement que par le silence, le non-dit ou la fugue.

C’est dans l'intérêt de l’auteure pour le sujet déstructuré, décentré, déshumanisé, dans la fragmentation et la discontinuité de son récit, que s’exprime l’art post-moderne de T a disparu.
  • 5. Vân Vy
Ce dernier roman de Thuân est composé de deux parties, deux récits qui s’emboîtent l’un dans l’autre. Le premier est l’histoire de B, homosexuel, qui a démissionné de ses fonctions de juge pour l’écriture et vit depuis dix ans avec le sida. L’autre est celle de Vy, jeune femme originaire de Hanoi, qui meurt d’ennui dans une vie monotone aux côtés de son mari, un médecin Viet Kieu — Vietnamien d’outre-mer — de vingt ans son aîné. Vân Vy est le roman d’une jeunesse loin d’être homogène. A côté de ceux qui, comme B, brûlent leur vie contre quelques instants de plaisir, apparaissent d’autres pour qui la vie signifie non seulement l’amour charnel, mais aussi le confort et la consommation. Le culte de la liberté individuelle est leur point commun. Avec ce roman, Thuân met fin donc à l’amour unilatéral de Chinatown et à la naïveté de Paris le 11 août.

Le personnage de B est inspiré de Guillaume Dustan, écrivain né en 1965 et mort du sida en 2005.

L’écriture de Vân Vy, comme souvent chez Thuân, est un mélange subtil d’humour et de fantaisie, d’inconfort et de grâce. [à suivre]

Đoàn Cầm Thi (Inalco)

mercredi 18 mars 2009

Un colloque réussi…


Au dire de tous, notre colloque
« Littératures d’Asie : traduction et réception »
des 13 et 14 mars 2009 a été une réussite.

Nous avons pu écouter 20 communications prononcées par des spécialistes de notre université et d’autres venus d’Italie, de Chine, de Lyon, de Paris, de Montpellier, de Corée, et du Vietnam au sujet des littératures écrites en hindi, en chinois, en vietnamien, en coréen et… pour la première fois dans notre équipe, en tibétain.

La traduction de genres très différents a été abordée : théâtre, roman ancien et contemporain, poésie ancienne, moderne et contemporaine… et même séries télévisées. Certaines communications ont mis l’accent sur la théorie de la traduction quand d’autres restaient dans des domaines très pratiques. D’autres encore ont davantage insisté sur la réception des œuvres traduites ou les influences qu’elles avaient subies de la part des littératures étrangères. Tout cela était fort stimulant et enrichissant.

Ces communications seront accessibles en ligne dès que chacun les aura revues et corrigées en vue de leur publication.

Le prochain rendez-vous scientifique de notre équipe sera le colloque « Le roman en Asie et ses traductions » des 11 et 12 décembre 2009, qui devrait aussi apporter un nouvel éclairage sur les questions qui préoccupent les membres de notre équipe et tous les amateurs et spécialistes des littératures d’Asie et de leur traduction.

En attendant, un montage de photos prises au cours de nos journées témoignera de l’ambiance studieuse, mais aussi souvent joyeuse qui y régnait….
N.D.

mardi 17 mars 2009

La sinologie française en question

Le temple de Confucius de Pékin en travaux
(septembre 2007 - cliché P.K.)

L’Association Française d’Etudes Chinoises (AFEC)
a programmé pour les 13 et 14 novembre 2009,
la tenue à l’Université Paris Diderot d'un grand colloque intitulé

« Assises des Etudes chinoises.
La sinologie introuvable ? »


Un long argumentaire de cinq pages (téléchargeable à partir d'ici) cadre le propos de cette manifestation :
« Les débats s’ouvriront par un état des lieux des études chinoises en France (recherche et enseignement). Ils se poursuivront autour de quatre grandes questions : la transformation des objets sur lesquels nous travaillons, le renouvellement de nos méthodes et de nos outils, une réflexion sur les institutions des études chinoises et la mesure de notre place dans l’espace social. »
Comme le formule l'appel à communications qui « s’adresse aux enseignants, chercheurs, représentants du monde de l’entreprise et des administrations impliqués dans les études chinoises », l’AFEC souhaite
« ouvrir un espace de dialogue sur des sujets qui intéressent de manière transversale l’ensemble des professionnels, quelle que soit la discipline qu’ils pratiquent (...) ou qu’ils viennent du monde de l’entreprise ou des administrations. L’ambition est de s’interroger sur nos pratiques d’enseignement et de recherche, sur la diffusion de nos travaux, en regardant aussi du côté de nos partenaires européens. Cette manifestation a vocation être un lieu d’échanges permettant de surmonter les coupures intellectuelles et institutionnelles jugées quelque peu réductrices entre les domaines de spécialités. Il ne s’agit pas seulement de dresser un constat, mais également de tracer des perspectives pour l’avenir.

Les propositions de communication pourront concerner l’une des questions suivantes :
  1. L’enseignement de la langue chinoise
  2. Les départements universitaires de langue et de civilisation chinoise
  3. Le renouvellement des outils et des méthodes
  4. Les institutions des études chinoises
  5. Les études chinoises dans la société
Les propositions sont à faire parvenir à colloque2009@afec-en-ligne.org sous la forme d’un document d’une page avant le 1er mai 2009. Les comités scientifique et d’organisation confirmeront l’acceptation des propositions au plus tard le 15 juin 2009. Pour plus d’informations, on se reportera au site web de l’AFEC : http://www.afec-en-ligne.org

lundi 16 mars 2009

JSC


L'absence de billet sur le Japon et sa littérature dans les colonnes de ce blog ne signifie pas que notre équipe se désintéresse de ce continent littéraire si riche. Loin de là ! Cette présente incursion en terre nippone en fournira une modeste preuve. Néanmoins, elle n'ambitionne pas d'éponger à elle seule le retard accumulé comme le ferait un castella 카스텔라 asséché par deux années d'attente --- cette métaphore osée parlera à tous ceux qui ont assisté à la communication de Hye-Gyeong Julie Kim-De Crescenzo, intitulée « Traduire la nuance dans le texte littéraire coréen » et donnée lors de notre dernier colloque, succulente communication pendant laquelle il fut notamment question d'un certain gâteau mousseline japonais d'origine portugaise, le kasutera カステラ, appelé en anglais « Japanese sponge cake ».

Ce billet hasardeux au titre codé se contentera donc de fournir sans trop les commenter des liens vers des sites utiles croisés récemment et qui sont en relation avec le projet d'inventaire des traductions françaises des littératures d'Asie dont j'ai eu l'honneur de parler à l'occasion du même colloque et que j'avais évoqué ici même voici presque un an :

  • Shunkin.net : ce site, régulièrement mis à jour, est consacré aux traductions françaises de littérature japonaise. Il traitre de la production de quelque trois cents auteurs et recense plus de mille titres avec, à chaque fois, la présentation des éditeurs et des liens internet utiles. Il a aussi ouvert deux dépendances : une consacrée à Tanizaki Jun'ichirō 谷崎潤一郎 (1886-1965), l'autre à Yumeno Kyûsaku 夢野久作 (1889-1936) et surtout à Dogra-Magra ドグラ・マグラ (1935), « son chef-d’œuvre, un roman inclassable de sept cent pages, qu’il mit plus de dix ans à écrire » et que Patrick Honnoré, webmaster de Shunkin.net, a traduit, en 2003, pour les Editions Philippe Picquier ainsi que six autres textes : « Œuvre stupéfiante, inclassable, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier au programme paradoxal : un roman où l'assassin est la victime… Ce roman place l'auteur sur un pied d'égalité avec Kafka et Poe. »
  • Japanese Literature Publishing Project (JLPP) : Où l'on retrouve Dogra Magra et grâce à Simon Brossard, on apprend justement que ce « Roman fantastico-policier hors-norme d'un auteur atypique des premières années de l'ère Showa, encore inconnu en France, [...] méritait bien d'inaugurer le programme du JLPP ». Si le site francophone de ce Programme d'aide à la traduction et la Publication de la Littérature Japonaise propose depuis peu un nouvelle interface graphique (28/09/2008), la mission du JLPP reste la même depuis sa création en 2002 par l’Agence Japonaise des Affaires Culturelles (Bunkachō). « Il s'agit de conduire un vaste projet de promotion de la littérature japonaise en soutenant financièrement la traduction et la publication d’œuvres majeures de la littérature japonaise moderne et contemporaine (globalement post-Meiji), en anglais, français, allemand et russe, et encore inédites dans chacun de ces domaines linguistiques. » Une base des traductions françaises est consultable sur le versant français, comme les traductions anglaises sur le site anglais, idem pour le russe et l'allemand. Un passage par le site japonais s'impose pour ceux qui, naturellement, peuvent lire cette langue. Notons au passage que le programme JLPP 2008 d’aide à la traduction a retenu pour partie des ouvrages et des auteurs sélectionnés sur le thème du voyage --- comme le premier numéro de notre revue en ligne, Impressions d'Extrême-Orient (IDEO), dont la mise en ligne est imminente.
La page de liens du JLPP permet d'accéder au site des Editions Philippe Picquier et à Shunkin.net, comme à un certain nombre de sites dont les deux suivants :
  • Plathey.net qui est un « site personnel bien documenté et régulièrement mis à jour : critiques de livres, bibliographies et biographies d’une trentaine d’écrivains contemporains »
  • La Société Française des Études Japonaises dont la page « actualités » lindique qu'en même temps que nous à Aix-en-Provence, s'est tenu à la Cité Internationale universitaire de Paris, Maison du Japon un Colloque international organisé par l'Inalco et ICU (Tôkyô), sur « La parodie dans la culture japonaise ». Elle annonce également la prochaine tenue du Quatrième Colloque d'Etudes Japonaises de l'Université de Strasbourg, sur le thème « Censure, autocensure et tabous », du 19 au 22 mars 2009, Université de Strasbourg, Colmar, CEEJA


Pour finir ce survol trop rapide, je me pencherai sur une des dépendances de la Japan Foundation qui est « the first organization that specializes in international cultural exchange in Japan ». Cette base de données qui a pour nom The Japanese Literature in Translation Search, « covers Japanese literary works translated into other languages, mostly after World War II. Searches can be made either in Japanese character or Roman letters. » Elle est régulièrement mise à jour comme en atteste la présence d'une fiche pour une traduction française toute récente, savoir Errances dans la nuit (暗夜行路, 1921) de Shiga Naoya 志賀直哉 (1883-1971) dont Shunkin.net parle ainsi : « Dès sa sortie de l'école des Nobles en 1906, Shiga Naoya suivit des cours de littérature anglaise à l'université de Tôkyô mais interrompit bientôt ses études pour se consacrer à l'écriture. Il compte parmi les pionniers qui forgèrent le japonais moderne à partir du langage parlé. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains du Japon contemporain. » Voici la fiche :
Titre : Errances dans la nuit
Author (Japanese) 志賀直哉
Author (Japanese Kana) シガナオヤ
Author
SHIGA Naoya
Date of Birth
1883
Date of Death
1971
Original Title (Japanese) 暗夜行路
Original Title (Japanese Kana) アンヤコウロ
Original Title
An'ya koro
Title
Errances dans la nuit
Translator
Marc Mecreant
Language
FRE
Collection Title
ISSN / ISBN 9782070772773
Company and Place of Publication
Editions Gallimard, Paris
Country of Publication
FRANCE
Page
503
Date of Publication
2008
JBN
Pour être complète, il y manque, pour le moins la mention, de la collection « Connaissance de l'Orient », ainsi qu'un avis sur la qualité du travail réalisé par le traducteur, la présence ou non d'un appareil critique, la nature de ce paratexte ….

Dans Errances dans la nuit, nous dit l'éditeur, « Le narrateur doit faire face à deux crises morales successives. La première est liée à ses tentatives d'épouser une personne proche de sa famille. Son frère lui révèle alors qu'il est un enfant du péché, fils de sa mère et de son grand-père, le beau-père de sa mère. La seconde a lieu, lorsque, après un mariage réussi, son enfant meurt ». Cette œuvre, déjà traduite en anglais et en bulgare, et son auteur font l'objet de l'attention de plusieurs sites que seul le japonisant sera en mesure de goûter [voir ici et ]. Gageons que les autres se contenteront de la traduction en dégustant des castellas. (P.K.)

jeudi 12 mars 2009

Quelques parutions récentes

Sebastian Veg, membre associé de notre équipe, chercheur au CEFC de Hong Kong vient de publier aux éditions de l’EHESS, Fictions du pouvoir chinois, littérature, modernisme et démocratie au début du XXe siècle.

J’avais eu le grand plaisir de faire partie du jury de thèse de Sebastian Veg, qu’il avait soutenue en 2004 dans notre université. Cette thèse de littérature comparée, dirigée par Fridrun Rinner était intitulée « Fictions chinoises du pouvoir et du changement politique : Kafka, Brecht, Segalen, Lu Xun, Lao She ». Elle analysait et comparait magistralement les œuvres de cinq auteurs essentiels du XXe siècle dans leur prise en compte des changements politiques et de la recherche de la démocratie.

Cet ouvrage deviendra à coup sûr un « incontournable » aussi bien pour les historiens de la Chine moderne que pour les spécialistes de littérature chinoise moderne et les comparatistes qui s’intéressent à la littérature du XXe siècle. On y trouve traitées en profondeur toutes les questions importantes qui se sont posées aux écrivains de cette époque dans le monde entier : les rapports entre fiction et pouvoir, fiction et morale, démocratie et fiction, la naissance d’une littérature dite « nationale », les relations entre récit de voyage, exotisme et colonialisme, littérature réaliste et réalisme socialiste, le théâtre face à l’histoire et bien d’autres encore.

En outre, l’ouvrage est truffé de notes toutes plus stimulantes les unes que les autres, remplies d’informations passionnantes. Les repères chronologiques, un glossaire des caractères chinois, une imposante bibliographie, des index et même des illustrations très judicieusement choisies complètent cet ouvrage indispensable.

Seul un polyglotte comme Sebastian Veg pouvait se permettre d’aller aussi loin dans l’étude des œuvres de deux écrivains allemands, un écrivain français et deux écrivains chinois ! Il s’agit de La véridique histoire d’A-Q de Lu Xun, La Maison de thé de Lao She, René Leys de Victor Segalen, La Muraille de Chine de Franz Kafka et La Bonne Ame du Setchouan de Bertold Brecht. Sebastian Veg justifie son choix par ces mots : « La restriction à des œuvres situées dans le contexte chinois se justifie aussi par la rareté des textes européens traitant des changements politiques en Europe à cette époque, la Chine apparaissant sans doute alors comme le lieu par excellence où se jouait le chamboulement politique de la modernité. »

Une autre publication récente a attiré mon attention, l’ouvrage de Izabella Łabędzka, Gao Xingjian’s Idea of Theatre, from the Word to the Image, publié chez Brill en 2008.

Après les travaux de Gilbert Fong et de Sy Ren Quah, ce livre tout récent deviendra aussi un « incontournable » dans l’étude de notre Prix Nobel. Notre équipe de recherche a eu deux rendez-vous manqués avec Izabella Łabędzka : elle avait annoncé sa venue au colloque sur l’œuvre théâtrale et romanesque de Gao Xingjian que nous avions organisé en 2005, puis à la table ronde sur la traduction de l’œuvre de Gao Xingjian à l’occasion de l’ouverture de l’Espace de recherche et documentation de notre université en 2008, mais les deux fois elle a été empêchée de venir par des événements indépendants de sa volonté. En lisant son livre, on ne peut que regretter son absence tant il paraît capital pour travailler sur l’œuvre théâtrale de Gao. Elle passe du théâtre d’avant-garde du début des années 1980 à la recherche du théâtre total, en passant par l’absurde, le tragique, le rôle de « l’acteur neutre » etc., concepts fondamentaux dans la recherche esthétique de Gao Xingjian. Là aussi, un jeu de notes foisonnantes apporte une foule de références et de renseignements, ainsi qu’une bibliographie très complète.

La quatrième de couverture indique bien la démarche suivie par l’auteur :
« This book argues that Gao Xingjian's Idea of Theatre can only be explained by his broad knowledge and use of various Chinese and Western theatrical, literary, artistic and philosophical traditions. The author aims to show how Gao's theories of the theatre of anti-illusion, theatre of conscious convention, of the "poor theatre" and total theatre, of the neutral actor and the actor - jester - storyteller are derived from the Far Eastern tradition, and to what extent they have been inspired by 20th century Euro-American reformers of theatre such as Antonin Artaud, Bertolt Brecht, Vsevolod Meyerhold, Jerzy Grotowski and Tadeusz Kantor. Although Gao' s plays and theatre form the major subject, this volume also pays ample attention to his painting and passion for music as sources of his dramaturgical strategies. »
Espérons que dans un avenir proche Izabella Łabędzka pourra venir en personne nous parler de cet ouvrage et visiter notre Espace de recherche et de documentation Gao Xingjian.


A propos de Gao Xingjian, on peut suivre ses déplacements à travers les échos que l’on trouve sur Internet, en Espagne par exemple. En décembre, le musée Würth de La Rioja a organisé une grande exposition de ses œuvres récentes sous le titre Después del diluvio, « Après le déluge ». Un bel album, disponible à l’ERD Gao Xingjian contient un texte de Gao Xingjian « De l’esthétique de l’artiste ».

Enfin, à l’occasion de la mise en scène de la pièce Au bord de la vie au Pérou par Marcos Malavia qui avait fait avec Muriel Roland une lecture de cette pièce l’année dernière dans notre université, une interview de Gao Xingjian est disponible sur le site du réseau Asie. Voilà ce qu’il répond à la question « Pensez-vous que votre œuvre puisse avoir la même signification pour le public latino-américain que pour le public européen ? »
« Oui, ça me fascine. Il y a une vive réaction de la part des lecteurs latino-américains. Moi, j’ai une passion pour les auteurs latino-américains, et je connaît assez bien leur travail. Il y a beaucoup de traductions en chinois. Ce n’est pas tellement loin, surtout le réalisme magique. C’est une autre manière de présenter l’absurde, mais qui me parle très bien. Marcos Malavia est bolivien. Il a très bien compris mon théâtre, et il n’y a pas de difficultés de communication avec lui. Ca veut dire qu’on n’est pas si loin les uns des autres.»
Signalons enfin que Télé Campus Provence vient de sortir cinq DVD contenant l’ensemble des manifestations de l’ouverture de l’ERD Gao Xingjian, les 26 mars, 2 et 3 avril 2008. Ils seront bientôt consultables en ligne.

J’aimerais aussi signaler deux livres récents : un très beau texte court de Yan Lianke, Les jours, les mois, les années, traduit par Brigitte Guilbaud, aux éditions Philippe Picquier et Chinatown (Seuil, « Cadre vert ») de Thuân, une écrivaine vietnamienne qui vit à Paris. Sa traductrice en français, Doan Cam Thi participe au colloque des 13 et 14 mars de notre équipe sur Littératures d’Asie : traduction et réception.

Et pour les amateurs de littérature comparée, je suggère une comparaison entre Quarante et un coups de canon de Mo Yan et le dernier roman de Yann Queffélec, La Puissance des corps. On s’aperçoit que les affaires de viande trafiquée peuvent survenir aussi bien en Chine qu’en France… Noël Dutrait

Point d'orgue

La section d'Etudes coréennes du Département d'Etudes Asiatiques de l'université de Provence et l'Institut de l'Image d'Aix-en-Provence ont invité le réalisateur coréen IM Sang Soo (임상수) dans le cadre d'un Festival du cinéma coréen qui, depuis le 11 mars jusqu'au 24 mars, propose un riche panorama du cinéma coréen.

Une rencontre avec le réalisateur et Antoine Thirion (Les Cahiers du Cinéma) est prévue le samedi 14 mars à 17 h (Cité de l'Image, La Méjanes, Aix-en-Provence). Elle sera suivie de la projection d'Une femme coréenne (2003) et à 20 h 30 de The President's Last Bang (2005). Le troisième film de Im Sang-soo retenu dans cette programmation est Girl’s Night Out (1998).

Il s'agit donc d'une excellente occasion pour ce familiariser avec l'œuvre de ce réalisateur né en 1962, fils d'un critique de cinéma, qui a étudié « la sociologie avant de s'orienter à son tour vers le 7e art en intégrant la Korean Film Academy en 1989 ». La micro-biographie qui accompagne le programme du festival sur le site de l'Institut de l'image indique qu'il est « passé de la théorie à la pratique par la voie de l'assistanat, notamment auprès d'Im Kwon-taek au début des années 90 ».

De ce dernier [Im Kwon Taek (임권택)], on pourra également voir Le chant de la fidèle Chun-hyang (춘향뎐, 2000), le même jour à 14 h 30, soit juste en sortant de notre colloque, « Littératures d’Asie : traduction et réception », qui se tient, je vous le rappelle, vendredi 13 et samedi 14 (voir le programme). Quel meilleur point d'orgue imaginer ? (P.K.)

Intraduisible légèreté du blogueur distrait

Dans un billet mis en ligne le 30 novembre 2007, j'annonçais la tenue le 17 décembre de la même année à l'Université de Provence d'une Journée doctorale sur le thème « Traduire l’intraduisible », journée pendant laquelle devaient intervenir neuf orateurs, jeunes doctorants, professeurs de notre université ou chercheurs extérieurs à elle. Parmi eux , trois nous sont plus chers : Noël Dutrait, He Hongmei et Solange Cruveillé.

Depuis, comme nous l'apprend Sophie Rabau sur Fabula.org, la revue e-LLA, Revue électronique des doctorants en Langues, Lettres et Arts, hébergée par le site de l'Université de Provence, a mis en ligne – c'était le 2 juin 2008 ! -, son premier numéro qui propose justement les actes de cette journée d'étude.

Il est donc grand temps de se rendre sur les pages donnant accès à ces communications en format pdf :
  • He Hongmei (doctorante en littérature française, CIELAM), « Les traductions de Proust en Chine » : La comparaison de deux traductions de Proust en chinois nous permet de mieux comprendre comment les traducteurs ont transféré dans cette langue hétérogène le style proustien et particulièrement ses deux aspects les plus importants : la phrase et la métaphore. Au lieu de se borner à signaler les défauts ou les qualités de chaque traduction, notre comparaison a pour but de trouver leurs différences, d’illustrer les problèmes auxquels se heurtent les traducteurs et la manière dont ils les résolvent.
  • Solange Cruveillé, « La traduction des images érotiques dans un conte de Zhou Qingyuan » : La littérature érotique chinoise classique a pour particularité de décrire beautés et scènes amoureuses en des termes élégants et poétiques, en usant d’un vocabulaire floral ou guerrier qui peut paraître totalement abstrait à un lecteur non averti. Quels choix le traducteur devra-t-il faire pour rendre fidèlement ces images, en veillant à garder à la fois beauté de la langue et contenu implicite ?
Notons qu'on retrouvera aussi bien Noël Dutrait que He Hongmei et Solange Cruveillé au colloque sur les « Littératures d'Asie : traduction et réception » qui va se tenir demain vendredi 13 mars 2009 et le jour suivant (voir le programme). Voilà un oubli réparé. (P.K.)

mercredi 11 mars 2009

Leçon inaugurale

A deux jours de l'ouverture de notre colloque sur les
Littératures d’Asie : traduction et réception
qui se tiendra les 13 & 14 mars 2009
(Salle des professeurs, Université de Provence, Aix-en-Provence)
et auquel vous êtes tous conviés
[voir le programme],
je suis heureux de vous annoncer
(avec un peu de retard, je le reconnais)
la mise en ligne sur le site du Collège de France
de la leçon inaugurale de la
Chaire d'histoire intellectuelle de la Chine,
donnée par Anne Cheng,
le 11 décembre dernier.

Cette leçon, annoncée quant à elle en temps voulu sur ce blog « Tous au Collège », 9/12/08), sera disponible prochainement aux Editions Fayard ainsi qu'en DVD (Collège de France/CNDE/Doriane). On peut donc la visionner (50 mn) directement (cliquer sur l'illustration ci-dessous), ou en suivant les liens à partir d'ici.

En voici un court extrait (d'après le document mis en ligne Lettre n° 24, p. 6) :
« L’évolution historique de la Chine au cours du siècle dernier nous force à être des observateurs de plus en plus participatifs, pour emprunter un terme à l’anthropologie. Notre regard sur la Chine ne peut plus se permettre de rester distant et de construire à sa guise un objet appréhensible comme un tout quintessentiel. A bien des égards, nous vivons encore pour une large par sur des conceptions formées il y a trois siècles à l’époque des Lumières qui ne sont cependant plus ni très éclairées ni très éclairantes. On ne peut manquer d’être frappé par les représentations contradictoires et pourtant concomitantes qui prévalent encore à l’heure actuelle : comment concilier, d’un côté, l’image d’une « Chine philosophique » chère à Voltaire, rationaliste et esthétique et, de l’autre, celle d’une Chine issue d’un « despotisme oriental » à la Montesquieu, autocratique et machiavélique ? Il nous faut accepter d’observer et d’écouter de plus près et, de ce fait même, renoncer aux généralisations à l’emporte-pièce, si brillamment séduisantes et si commodément monnayables soient-elles. »

lundi 9 mars 2009

Littératures d’Asie : traduction et réception

Voici le programme des journées sur le thème
Littératures d’Asie : traduction et réception
que la Jeune équipe
« Littératures d’Extrême-Orient, textes et traduction »
organise les 13 & 14 mars 2009
(Salle des professeurs, Université de Provence, Aix-en-Provence)


Vendredi 13 mars 2009

9 h – 9 h 30 : Ouverture du colloque

9 h 30 – 9 h 55, Paolo Magagnin, doctorant, université Ca’Foscari de Venise/université de Provence, « La traduction et la lettre, ou le ryokan du lointain : vers une pratique de la différence dans la traduction des langues orientales ? »

9 h 55 – 10 h 20, Marie Laureillard, université Lyon II, « La traduction de l'œuvre du poète taïwanais, Chen Li ».

10 h 20 – 10 h 45 : Le Min Sook, doctorante université Paris VII, « La traduction des titres de romans coréens : le cas de Kim Dong-ri (1913-1995) ».

10 h 45 – 11 h : pause

11 h – 11 h 25 : Julie Kim-De Crescenzo, université de Provence, « Traduire la nuance dans le texte littéraire coréen ».

11 h 25 - 11 h 50 : Patrick Doan, université de Montpellier, « Les difficultés de la traduction des séries télévisées chinoises ».

11 h 50 – 12 h 15 : Pierre Kaser, université de Provence, « D'un projet d'inventaire des traductions françaises de littérature chinoise ».

12 h 15 – 14 h : pause repas

14 h – 14 h 25 : Elizabeth Naudou, université de Provence, « L'ordre des mots dans la langue dialoguée hindi : ordre logique et ordre psychologique - Extrait de Cimte Vale Baba de Lalit Mohan Thapalyal ».

14 h 25 – 14 h 45 : Doan Cam Thi, université Paris VII, « La réception de la jeune littérature vietnamienne en France ».

14 h 45 – 15 h 10 : Nguyen P. Ngoc, université de Provence, « Dragon et phénix, ou comment traduire les expressions exotiques du vietnamien ».

15 h 10 – 15 h 30 : Huang Yingxue, Institut d'Études Transtextuelles et Transculturelles, université Jean Moulin Lyon III, « Le rêve dans le pavillon rouge, un vrai casse tête chinois pour les chercheurs et traducteurs ».

15 h 30 - 15 h 50 : Solange Cruveillé, doctorante, université de Provence, « La traduction et les études sur le Taiping guangji (Vaste recueil de l'ère de la Grande Paix, Xe siècle) en Occident ».

15 h 50 – 16 h 15 : He Hongmei, doctorante université de Provence, « Yu Hua : à la recherche du moi sous l'influence proustienne ».

16 h 15 – 16 h 40 : Chou Tan-Ying 周丹穎, université Paris XII, « L'éventail aux fleurs de pêcher comme métaphore de la vie : réflexions sur la traduction des références intertextuelles dans Rose rouge et rose blanche d'Eileen Chang ».

16 h 40 – 17 h : pause

17 h – 17 h 25 : Nicoletta Pesaro, université Ca’Foscari de Venise, « Feishiyi de ci 非诗意的词, la parole « peu poétique » : réflexions sur la traduction de Mu Dan, 1918-1977 ».

17 h 25 – 17 h 45 : Françoise Robin, INALCO, « Ceci n'est pas un paquebot. Interprétations et lectures du poème de Jangbu, « Ce paquebot peut-il nous mener sur l'autre rive ? » (Gru gzings chen po 'dis nga tsho pha rol tu sgrol thub bam, 2000) ».


Samedi 14 mars 2009

9h – 9 h 20 : Stéphane Feuillas, université Paris VII, « Traduire un rythme. A partir d'une rhapsodie de Su Shi, « Bouillon de légumes » (1098) ».

9 h 20 – 9 h 40 : Philippe Postel, université de Nantes, « A propos des traductions de Haoqiu zhuan ».

9 h 40 - 10 h 05 : Jiang Dandan, université normale de Pékin, « Le chant du loriot, l’écho de la poésie chinoise classique dans la poésie française ».

10 h 05 - 10 h 25 : pause

10 h 25 – 11 h : Noël Dutrait, université de Provence, « Traductions et auto traductions du théâtre de Gao Xingjian ».

11 h – 11 h 25 : Han Yumi & Hervé Pejaudier, « L’ « autre » texte : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ».

11 h 30 – 12 h : discussion générale

En illustration : détails d'un cliché pris à Suzhou en 2002 (cliché P.K.).