vendredi 22 janvier 2010

La voix d'une génération silencieuse

Il y a deux ans, c'était le 10 janvier 2008, Xinran était déjà l'hôte de la Librairie le Phénix (72 boulevard de Sébastopol, Paris 3e). Elle y était invitée à l'occasion de la sortie aux Editions Philippe Picquier de la traduction française de Miss Chopsticks sous le titre Baguettes chinoises.


Cette fois, soit le vendredi 29 janvier à 18h, la journaliste-écrivain [Xue ] Xinran 欣然 (1958-), retrouvera la même tribune pour présenter son dernier ouvrage publié chez le même éditeur : Mémoire de Chine (Traduit du chinois par Prune Cornet, 656 p.). L'ouvrage, qui existe déjà en anglais sous le titre de China Witness. Voices from a Silent Generation a été chaleureusement salué par la critique anglo-saxonne (voir notamment l'article du New York Times de Joshua Hammer, « Mobilized by Mao » (5/03/09).




Permettez-moi de me contenter de reproduire, après correction, la présentation de l'éditeur, d'un livre que je n'ai pas eu l'occasion de feuilleter au delà de la 19ème page grâce à un document pdf délivré gracieusement à partir du catalogue en ligne de l'éditeur -- pourrais-je faire autrement, surtout sans avoir pu confronter ce début au texte original ? :

« A l'issue de vingt ans d'interviews et d'enquêtes en tant que journaliste, j'ai peur que la vérité sur l'histoire moderne de la Chine - ainsi que notre quête de dignité nationale - ne disparaisse avec la génération de mes parents ».

Mémoire de Chine est la confession d'une génération dont l'histoire n'a jamais été racontée. Grands-parents et arrière-grands-parents décrivent avec leurs propres mots - pour la première et peut-être la dernière fois - les transformations qui ont définitivement changé la Chine au cours du siècle passé. Ce livre, à travers la quinzaine d'entretiens qu'il rassemble, est à la fois un voyage à travers le temps et l'espace, et un mémorial dressé à ceux qui ont vécu guerres, insurrections, persécution, invasions, révolutions, famines, modernisation, occidentalisation, et qui ont survécu pour entrer dans le XXIe siècle.

Xinran a parcouru toute la Chine, des métropoles aux provinces les plus reculées. Elle a rencontré une génération chez qui l'idée de culpabilité collective est très profondément ancrée, et pour qui la liberté d'expression est un étrange et dangereux concept. Ils ont parlé de leurs vies, leurs espoirs, leurs peurs et leurs luttes, de ce qu'ils ont vu et ressenti à propos de tous les événements auxquels ils ont assisté. En donnant voix à une génération oubliée, ce livre révèle l'histoire de la Chine et de son peuple. Comme le dit Xinran, il a pour but « d'aider notre futur à comprendre notre passé ».

Une dernière chose avant de vous rendre à la Librairie Le Phénix pour la troisième fois depuis le début de l’année ! : n'hésitez pas à consulter le blog et le site en anglais de celle qui fait entendre la voix d'une génération silencieuse. (P.K.)


Le 23/01/10, 11:00 : on trouvera une critique en chinois du livre de Xinran dont le titre original est Jianzheng Zhongguo 見證中國 sur le site chinois de la BBC : 見證中國:歷史是什麼?.

mercredi 20 janvier 2010

De l'informatisation de langues d'Asie

Je suis heureux de vous informer que la spécialité Technologies du Langage du Master Sciences du Langage de l'Université de Provence vous invite à la communication que donnera Vincent Berment, ingénieur chez Communication et Systèmes et chargé de cours à Langues d'O, le mardi 26 janvier, à partir de 13h30 (Centre Schuman, Salle des Professeurs, A220) sur le sujet : « Quelques expériences d'informatisation de langues d'Asie : lao, bengali, birman, khmer, thaï et tham » :

« Dans les siècles précédents, affirmer ou défendre une langue passait par le recueil des traditions orales, par la fixation d'une orthographe ou encore par la construction de dictionnaires. Aujourd'hui, le développement des ordinateurs personnels et celui des réseaux font de l'informatique un instrument pour écrire et communiquer. Traitements de texte et courriers électroniques sont devenus des outils de langue largement répandus. L'informatisation occupe ainsi une place essentielle dans cette vaste mobilisation culturelle et linguistique. Cependant, les langues ne sont pas égales devant les processus d'informatisation.

Dans cette communication, Vincent BERMENT viendra présenter son expérience dans le domaine de l'informatisation de langues peu dotées informatiquement. Concrètement, il parlera des difficultés et des méthodes mises en place pour le développement d'outils destinés au grand public : pour le lao (www.laosoftware.com), pour d'autres langues et systèmes d'écriture (www.gmsware.org), pour la traduction automatique français – langues d'Asie du Sud-Est. »

Ceux qui s'intéressent à l'Extrême-Orient, ses langues et ses littératures, ne sauraient manquer ce rendez-vous. Pour s'y préparer, on pourra télécharger la thèse de Vincent Berment, « Méthodes pour informatiser des langues et des groupes de langues 'peu dotées' » , dont on peut lire un résumé sur une page du site du Réseau-Asie. En voici, en guise de teasing, le début : « En 2004, moins de 1 % des 6809 langues du monde bénéficie d'un niveau d'informatisation élevé, incluant un éventail large de services allant du traitement de textes à la traduction automatique. Cette thèse, qui s'intéresse aux autres langues - les langues-pi - s'attache à proposer des solutions pour remédier à leur sous-développement informatique. ...» (P.K.)

mardi 19 janvier 2010

Du baseball taiwanais, entre autres sujets ...


L'Institut de Recherche sur le Sud-Est Asiatique (IRSEA), créé (comme l'indique son site internet) « en mai 1993 à Aix-en-Provence, s'est installé à Marseille sur le campus St Charles de l'Université de Provence, en janvier 1999, pour constituer aux côtés du Centre de Recherche et de Documentation sur l'Océanie (CREDO, UMR 6574), et d'une unité mixte de service (UMS 1885) la Maison Asie Pacifique » avec « trois missions principales :
 - la recherche fondamentale avec une équipe de chercheurs et d'enseignants chercheurs en permanence au contact des réalités de leurs terrains de recherche,
- la production scientifique : outre la publication d'ouvrages et la coordination de la Revue Moussons, revue bilingue couvrant l'Asie du Sud-Est pour les sciences humaines et sociales, l'IRSEA développe trois programmes scientifiques. - la transmission des connaissances et des méthodes et la diffusion du savoir par le biais de l'enseignement, de séminaires et de colloques. »

L'IRSEA offre régulièrement à ses jeunes doctorants l'occasion de présenter leurs travaux. La prochaine « Journée des doctorants » se tiendra le vendredi 22 janvier à la Maison Asie Pacifique (Université de Provence. 3 place Victor Hugo, Marseille 3°). Neuf orateurs se succèderont salle LSH 205 entre 9h30 et 17h30 :

Nathalie Claude-Sollier, « Pratiques alimentaires et rapport au corps : enquête sociologique sur la nouvelle bourgeoisie shanghaienne » • Valérie Mespoulet, « Femmes taiwanaises et espace social : un état de la question »
 • François Molliet, « Quelle adaptation pour les lieux de culte chrétien à Taiwan ? » • Céline Coderey, « 
Les thérapeutes et leurs pratiques de soin en Arakan (Birmanie) » • Luc Benaiche, « Penser le système d’enfermement khmer rouge en regard du Goulag et du laogai » • Julie Humeau, « Cas des donateurs occidentaux pour les Tibétains en exil » • Jérôme Soldani, « Baseball « bleu » et baseball « vert ». Des différents horizons de la « passion nationale » taiwanaise » • Damien Onillon, « Représentations et enjeux de l’écotourisme à Taiwan : dimension socio-culturelle, développement durable et identité » • Frédérique Guyader, « Terrain et genre de l'anthropologue : exemple de contraintes dans les relations enquêtrice-enquêtés chez les Naxi (Chine) ».

Nous leur souhaitons d'avoir un public aussi attentif que fourni. (P.K.)

Gao'Zar

Si vous avez recours aux alertes Google, peut-être avez-vous déjà remarqué qu'elles délivrent les informations sollicitées selon leur logique et leur rythme propres, parfois même, sans autre justification qu'informatique, et donc souvent avec une coupable distorsion dans le temps. Mais peu importe le retard occasionné, dès lors que les événements signalés ont laissé une trace sur la toile. Ceux provoqués par Europalia sont si nombreux que l'on ne peut en vouloir au moteur de recherche de différer leur annonce. Vous ne m'en voudrez pas plus je l'espère de vous livrer les choses comme que je les ai découvertes sur le site du BOZAR Festival qui est, le temps d'Europalia, consacré à la Chine. Il offre la possibilité de suivre, à distance et en différé, l'ensemble des nombreuses manifestations artistiques qui parfois touchent à la création littéraire. Il y est question notamment de Gao Xingjian, de censure et de Ai Weiwei 艾未未...

Une vidéo de 4 minutes permet, ainsi, de voir Gao Xingjian et de l'entendre répondre en français à des questions sur les différents aspects de sa création, à l'occasion de la présentation de sa pièce « Au bord de la vie ».

Une autre vidéo de 6 minutes est consacrée à un des thèmes abordés à China@Bozar : « Qu’en est-il de la censure du gouvernement chinois, 20 ans après les événements sur la place Tian'anmen ? La sinologue et journaliste Catherine Vuylsteke tente d’apporter une réponse. » C'était le 15 novembre dernier, Journée internationale des écrivains emprisonnés. Ce Day of the Imprisoned Writer « a offert l'occasion au public d'assister à deux discussions menées par Catherine Vuylsteke, avec le dramaturge Sha Yekin et le romancier Ma Jian : le plateau qui accueillait les intervenants de la journée, a été sobrement complété avec une chaise vide, qui illustrait l'absence de Liu Xiaobo, signataire de la Charte 08, enfermé depuis par les autorités chinoises. Cette absence remarquée prouve une nouvelle fois les risques qu'encourent ces écrivains dans leur travail de mémoire et de décryptage. »

L'ensemble des vidéos réalisées est également disponible sur la page Youtube du BOZAR. L'une d'elles est consacrée à Ai Weiwei qui parle de l'exposition « The State of Things » qu'il a conçue pour l'occasion. Sur une autre, on voit le facétieux artiste portant un casque vert pendant l préparation de cette rétrospective croisée de l'art contemporain chinois et belge, laquelle fermait ses portes le 10/01/10. ... (P.K.)