samedi 17 mars 2007

Le roman chinois en hausse

Lu dans le blog de Pierre Assouline (La République des Livres), dans un billet intitulé "L’anglais règne en librairie", ce relevé de chiffres publiés par la revue Livres Hebdo (n° 681, vendredi 16 mars 2007) :
En 2006, 41,4 % des romans publiés en France ont été traduit d’une langue étrangère .../... L’anglais arrive naturellement premier avec 2503 titres [soit] 75,5 % des titres ! Juste après, on trouve l’allemand et l’espagnol avec 134 titres (soit 4 %) suivis par l’italien (108 titres soit 3,3 %). Morne plaine… Le russe (qui recule) et les langues de l’est se tiennent au coude à coude (44 titres traduits dans l’année), puis les langues scandinaves, le japonais… Seule percée notable : le roman chinois avec 37 titres traduits.
Je ne peux malheureusement pas compléter cette présentation rapide de l'analyse intitulée "Les traductions 2006 : My translator is rich" (p. 70 à 72), car je ne suis pas abonné à cette revue qui s'adresse avant tout aux professionnels de l'édition, mais le site de l'hebdo propose la consultation de sa une qui titre sur la "Légère baisse des traductions en 2006" et de son édito/sommaire qui ne fait qu'effleurer le sujet qui nous intéresse :
Le seul secteur où le nombre de traductions augmente est le roman. En 2006, plus de quatre romans sur dix provenaient de l’étranger, soit 5 % de plus qu’en 2005. Les romans de langue anglaise, déjà largement dominants (trois traductions sur quatre) progressent encore un peu. Mais d’autres littératures et d’autres langues, et c’est là une bonne nouvelle, gagnent aussi des points. C’est le cas de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol, des langues d’Europe de l’Est et… du chinois, parti de bien bas, il est vrai.
Il est à parier que l'Inde va rattraper son retard en cette année 2007, si ce n'est déjà fait à l'occasion du Salon du Livre. (PK)

vendredi 16 mars 2007

Abha Dawesar

Le Centre National du Livre (CNL) se met aussi à l'heure indienne. Outre le détail des manifestations du Salon du livre, il fournit une utile et brève présentation des littératures indiennes, ainsi que des "Biobibliographies" des 31 auteurs indiens présents à Paris pour cette manifestation.

Parmi eux, Abha Dawesar. "Née en 1974 à Delhi, [elle] est partie étudier à New York à dix-sept ans et s’y est établie. Diplômée de Harvard en philosophie politique, elle a d’abord travaillé dans le secteur bancaire, abandonné il y a quelques années pour mieux voir la vie et le monde à travers l’écriture (en anglais)." En plus de Babyji (Anchor Books, 2005) qui a reçu l'American Library Association’s Stonewall Award, elle a déjà publié Miniplanner (Cleis Press, 2000) et That summer in Paris (Doubleday Publishing, 2006)

Son Babyji, traduit par Isabelle Reinharez, sort cette semaine chez Héloïse d’Ormesson (collection "De l'attraction des corps") qui en assure la promotion sur son blog :
"À 33 ans, elle est l'auteur indien qui dérange. Avec Babyji, [son] premier roman traduit en français, Abha Dawesar met en scène l'homosexualité féminine et la frénésie de séduction." [A la question :] "Votre héroïne est une lycéenne qui séduit une femme divorcée, puis la servante de sa maison, et initie enfin à ses jeux la plus jolie fille de sa classe. Comment ce roman a-t-il été accueilli en inde, que l'Occident imagine très puritaine?"[, Abha Dawesar répond :] "L'Occident n'a pas forcément une vision très perspicace de l'Inde. Qui d'ailleurs, peut sérieusement prétendre saisir ce pays dans la totalité de ses cultures, de ses langues, de ses populations? L'Inde est traversée d'une quantité de contrastes, à mon avis sans équivalents dans le monde. C'est un pays jeune où plus des deux tiers des habitants ont moins de vingt-cinq ans : cela se répercute évidemment sur les mentalités. La croissance économique, le développement de technologies, l'arrivée des chaînes satellitaires, ont été facteurs de bouleversements importants. Mes personnages et le milieu dans lequel ils évoluent - la moyenne de Delhi - expriment ces changements. L'accueil réservé à Babyji a été triomphal." (Lire la suite ici)
Abha Dawesar est très présente sur l'internet à travers un site personnel et deux blogs : l'un en anglais, et l'autre plus récent en français, mais aussi sur MySpace : et dans le Fig Tree (blog de Tatania de Rosnay) qui en donne un "Portrait".

Elle et son ouvrage le seront aussi au Salon du livre, mais déjà sur France 5. Elle a, en effet, participé au Bateau livre du jeudi 15 mars, 21:35 [rediffusion le dimanche 18 mars, 10:00], et répond pendant 10 minutes aux questions de Frédéric Ferney (à partir de la 30ème minute) : l'émission devrait être disponible pendant une semaine (voir ici).

Pour l'heure, on peut continuer à saliver en lisant la présentation de Babyji que donnait en 2005 son éditeur, Anchor Books :
Anamika's the kind of girl her traditional peers aren't quite sure about: is the sexually precocious heroine of Dawesar's second novel (after Miniplanner) a feminine Didi or a masculine Bhaiyya, a cerebral schoolgirl or a predatory lecher? After studying chaos theory in her high school physics textbook, Anamika feels justified in pursuing three simultaneous same-sex affairs, with her doting servant, her impressionable schoolmate and a beautiful older woman who inspires such complicated feelings that Anamika nicknames her India, after their vast and varied homeland. Anamika uses sex as a means to investigate life's chemistry and her autonomy outside of rigid Brahmin mores. Despite the intensity of her passion, particularly for India, Anamika's comic stiffness is evident in such amorous declarations as "I want to collapse my wave function into you." As issues of caste, meritocracy and self-sacrifice arise, Anamika purifies her intentions by channeling them into helping a troubled male student, Chakra Dev, who's almost as oversexed as she is. If the unusual secondary characters occasionally seem as gratuitous as pornographic movie extras, Anamika's ponderings and emotional reversals are lavished with as much attention as a 16-year-old girl would demand. Despite its meandering path, the novel achieves an impressive balance between moral inquiry and decadent pleasure, pleasing the intellect and the senses - if not necessarily the heart - of the open-minded reader.
Vos réactions à la lecture de ce roman seront les bienvenues. Je vous communiquerai les miennes, si, finalement, je succombe aux charmes de ce sujet et de son auteur. (PK)

lundi 12 mars 2007

Printemps indien



Salon du livre 2007 oblige, l'Inde et sa littérature sont les vedettes du Magazine littéraire qui leur consacre un copieux dossier pour son n° 462, dossier présenté en ces termes :
Ce dossier constituait un défi : comment rendre compte de l’Inde, son immensité, sa complexité, sa richesse, depuis ses fondamentaux (les textes sacrés) jusqu’à sa littérature vivante ? Cinq mille ans d’histoire et de culture, et une évidence qui s’impose : l’Inde sera l’un des géants du millénaire. Le Magazine littéraire a choisi de donner la parole à des spécialistes – linguiste, historien, philosophe – qui éclairent tel ou tel aspect de la civilisation indienne, et son rapport à l’Occident. Et surtout de privilégier ses écrivains : Vikram Seth (avec un extrait inédit de son grand roman en vers), les témoignages et réflexions de Salman Rushdie, Shashi Tharoor, Amit Chaudhuri, Indrajit Hazra, Kiran Desai et bien d’autres. S’en dégage une vision nouvelle de l’Inde, un état des lieux à la fois panoramique et atomisé. Une initiation et une invitation, par le texte et l’image, à la découverte et à la lecture.
En complément à ce dossier, le magazine propose "en exclusivité sur [son] site web : une petite bibliothèque indienne portative" élaborée par Jean-Claude Perrier. On y croise entre autres les noms de Paul Morand, Pierre Loti, Henri Michaux, Alberto Moravia et bien sûr Nicolas Bouvier. Ajoutons à cette liste celui du moine Faxian 法顯 pour son Foguoji 佛國記 (Mémoires sur les royaumes bouddhiques), premier récit de voyage Chine/Inde (337-vers 422) à avoir été conservé dans son entier et dont on attend une nouvelle traduction française avec impatience car celle qu'Abel Rémusat (1788-1832) ne put achever de son vivant, n'est accessible que par bribes dans Les pèlerins bouddhistes de la Chine aux Indes présentés par André Lévy chez J.-C. Lattès en 1995 (pp. 83-119).

De son côté, Transfuge, la revue bimestrielle de littérature étrangère qui avait établi un "Etat des lieux de la littérature chinoise contemporaine" dans son premier numéro paru en janvier 2004, consacre également un dossier à la littérature indienne contemporaine. On peut en consulter le sommaire ici.

Quant au BIEF (Bureau international de l'édition française), il publie sur son site le programme des Rencontres professionnelles entre éditeurs indiens et français en avant-première du Salon du Livre de Paris :
Le séminaire portera principalement sur le droit d’auteur et les échanges de droits et offrira également une présentation des secteurs éditoriaux porteurs en Inde. Une occasion pour les éditeurs français d’approfondir un échange avec leurs homologues indiens, à deux jours du Salon du livre.
En complément de cette opération, Le BIEF publiera un dossier spécial de La Lettre consacré à l’édition indienne, aux principales problématiques qui se présentent à elle, aux perspectives d’échanges de droits et de coopération entre les professionnels du subcontinent et de la France. Il comprendra un encart réunissant les portraits des éditeurs indiens présents et la description de leurs maisons.
Affaire à suivre donc. (PK)

Yan Lianke

A lire le portrait de l'écrivain Yan Lianke 閻連科, l'auteur du Rêve du village des Ding (Picquier), paru dans le quotidien Libération du jeudi 8 mars 2007 : "Encré dans le Parti".

L'auteur, Pascale Nivelle, a rendu visite à cet écrivain dont le livre sur un village du Henan ravagé par le sida a été interdit. Il dénonce l'autocensure que pratiquent, selon lui, nombre d'écrivains en Chine. Cet article complète bien la vidéo sur cet écrivain, déjà référencée sur notre blog. (N.D.)

Dans le numéro de février du Magazine littéraire, Pierre Haski revient sur le Rêve du village des Ding 《丁莊夢》qu'il a déjà signalé dans son blog.