Professeur de linguistique à l'université Lumière Lyon-2
En divulguant la réponse à la devinette estivale, le 27 août dernier, j’écrivais que « la prochaine devinette qui portera le numéro 16 et les suivantes devraient être plus directement orientées vers la littérature chinoise ancienne et ceux qui ont contribué à mieux la faire connaître chez nous. »
Un mois s'est écoulé sans signe dans ce sens : il est grand temps de rattraper ce retard et de tenir parole. Voici donc un texte dont on cherchera fébrilement l'auteur et qu'on tentera d'identifier :
La littérature chinoise a été jusqu'ici et de nos jours reste encore absolument en dehors des horizons littéraires du lecteur européen. Aucun homme instruit ne peut se permettre d'ignorer ne fût-ce que le nom des grands classiques des autres pays d'Europe tels que Goethe, Shakespeare, Camoens, Calderon, Molière, Dante, Dostoïévsky, nombreux sont ceux qui connaissent des auteurs persans et hindous, Saadi ou Omar Khayam, Kalidasa ou Tagore, mais l'Extrême-Orient reste le domaine étroit de quelques spécialistes et bien des gens sont encore à se demander si la Chine possède une littérature quelconque. Sans aller jusqu'à ce point extrême de l'ignorance, il est certain que la littérature chinoise et son histoire sont à peu près totalement ignorées en Europe.
La plupart des sinologues n'ont traité qu'insidemment la question littéraire et le texte artistique qu'ils étudiaient les intéressait d'habitude surtout par ses données historiques ou philosophiques, les légendes ou les traits de mœurs qu'il exposait. Cependant aux yeux de l'auteur, et aussi du lecteur chinois, des détails avaient pour la plupart du temps un caractère secondaire et accidentel d'ornement remplaçable. Par contre, l'élément émotionnel et esthétique qui forme la raison d'être des productions artistiques n'intéressait pas le sujet des recherches savantes ; ces savants le laissaient de côté.