Le palmarès pour la dernière devinette avant la trêve estivale est le suivant : or - LD ; Argent - FP ; bronze - Mathieu. Gloire à eux et à leur sagacité ! Grâce à eux, on sait depuis longtemps que le personnage à identifier fêtait l'anniversaire de sa naissance le 24 juin, qu'il était de notre région - la Provence -, qu'il fut marquis, et qu'il eut un puissant ami, « Der Alte Fritz ».
Il ne me reste donc plus qu'à révéler le nom de celui qui se cachait derrière Sioeu-Tcheou, le rédacteur de la lettre adressée à Yn-Che-Chan. Ce n'était, bien sûr, pas un vrai Chinois, mais Jean-Baptiste de Boyer, marquis d’Argens, né à Aix-en-Provence voici 304 ans, soit en 1704 et mort le 11 janvier 1771 au château de La Garde (près de Toulon).
Le temps me manque - nous sommes déjà le 24 juin ! - pour disserter sur l'intérêt et le plaisir que l'on trouve à lire cet auteur. Mais faites moi confiance : on ne regrette pas de fréquenter ce brillant et curieux esprit. Une partie de son abondante production est accessible en ligne. C'est le cas notamment de ses Lettres chinoises, ouvrage dont je vous avais soumis le début, et qui est sous-titré Correspondance philosophique, historique et critique, entre un Chinois voyageur [à Paris] et ses correspondants à la Chine [ou selon les sources ... en divers endroits ou encore ... en Moscovie, en Perse et au Japon] (1739-40)
Google Books permet d'en feuilleter plusieurs fac-similés complets alors que, pour l'instant, Gallica n'offre que le premier tome. Souhaitons qu'un jour prochain nous puissions le lire dans une belle édition critique et palpable, car c'est un régal. On a, au moins, la certitude d'avoir le plaisir de disposer rapidement d'une version numérique grâce au Dr. Hans-Ulrich Seifert sur son site entièrement dédié à Boyer d'Argens. Un lien est déjà près pour accueillir les Lettres chinoises . En plus d'une masse impressionnante de matériaux, on trouve déjà sur ce site remarquable un choix très vaste de textes numérisés ou les liens ad hoc vers Gallica.
Mais pour profiter à plein des subtilités de cette correspondance fictive entre faux Chinois, on pourra toujours commencer par se plonger dans les rafraîchissants chapitres V et VI (« La Chine au secours de l'érotisme européen ») de l'Europe chinoise d'Etiemble (Gallimard, « Bibliothèques des idées », 1988-89), pages 87 à 113 du tome II (De la sinophilie à la sinophobie) --- et pourquoi s'arrêter en si bon chemin et ne pas relire d’une traite les deux merveilleux volumes de ce toujours aussi stimulant chef-d’œuvre d’érudition ?
Mais pour profiter à plein des subtilités de cette correspondance fictive entre faux Chinois, on pourra toujours commencer par se plonger dans les rafraîchissants chapitres V et VI (« La Chine au secours de l'érotisme européen ») de l'Europe chinoise d'Etiemble (Gallimard, « Bibliothèques des idées », 1988-89), pages 87 à 113 du tome II (De la sinophilie à la sinophobie) --- et pourquoi s'arrêter en si bon chemin et ne pas relire d’une traite les deux merveilleux volumes de ce toujours aussi stimulant chef-d’œuvre d’érudition ?
On peut aussi tuer le temps en lisant, ou relisant, la Thérèse philosophe de Boyer d’Argens dans sa version française (en ligne ici ou dans une des nombreuses éditions publiées ces dernières années : j'utilise ici celle de la collection « Babel », n° 37, Actes Sud, 1992) ou, selon son appétit, chinoise. Le roman fait, en effet, partie du premier lot de 14 classiques de la littérature érotique mondiale à avoir été publiés dans des traductions inédites à Taiwan ; c’était en 1994. On peut se faire une idée des autres titres retenus en consultant la base de données bibliographiques du Center for the Study of Sexualities (Taiwan) .
On ne s'étonnera pas de retrouver à la tête de cette entreprise qui lui causa à l’époque quelques soucis avec la censure locale, le défenseur de la littérature érotique chinoise des siècles passés, M. Chan Hing-ho (Chen Qinghao 陳慶浩). Sollicité pour l'assister dans son choix « d’œuvres représentatives », j'avais naturellement retenu un ouvrage que les comparatistes chinois pourraient s'amuser à confronter à leur Chipozi zhuan 癡婆子傳 --- vous savez la scandaleuse confession de Shangguan Ana 上官阿娜, cette amoureuse folle, dont il a été question dans « Enfer chinois (03-a) » et dont j'aurais à vous reparler un jour prochain (« Enfer chinois (03-a-bis) »).
En guise de devoir de vacances, je vous soumets le début du texte dans les deux versions (cliquer sur l'image ci-contre pour l'agrandir ou ici) ; il se pourrait bien que la traduction de Weigu 微谷 (‘Petite Vallée’, sans aucun doute un pseudonyme !) se trouve quelque part sur la face cachée de l’internet chinois ; je vous fais confiance pour mettre la souris dessus et vous souhaite de studieuses vacances … (P.K.)
En guise de devoir de vacances, je vous soumets le début du texte dans les deux versions (cliquer sur l'image ci-contre pour l'agrandir ou ici) ; il se pourrait bien que la traduction de Weigu 微谷 (‘Petite Vallée’, sans aucun doute un pseudonyme !) se trouve quelque part sur la face cachée de l’internet chinois ; je vous fais confiance pour mettre la souris dessus et vous souhaite de studieuses vacances … (P.K.)