
Huang Chunli
Blog de LEO2T [IrAsia - Aix Marseille Université]
« Les païens prétendent que le diable, sous la figure d'un Hou-li 狐狸 renard, monstre mi-belette et mi-renard, apparaît très fréquemment dans leurs maisons. Cet animal mystérieux est, disent-ils, plus gros que la belette ordinaire, il a des oreilles d'homme, monte sur les toits, se promène sur les poutres, et jette la terreur dans les familles. Le jour il est invisible, c'est la nuit qu'il exécute ses mauvais tours. On redoute beaucoup cet animal diabolique, et les familles païennes dépensent de grosses sommes à faire mille superstitions pour se mettre à couvert de ses malversations. » (p. 461)
« Le renard est un animal à la charge symbolique très forte dans de nombreuses cultures et littératures à travers le monde, et à mon humble avis - après plusieurs années de recherche sur le sujet - en Chine plus qu'ailleurs, ce qui pousse les sinologues actuels à parler d'une véritable « culture vulpine » en Chine. C'est donc un sujet qui méritait bien un petit travail de 500 pages...Souhaitons à Solange une brillante carrière et, pour nous tous, qu'un éditeur offre une tribune à sa thèse qui, qualité rare, se lit comme un roman. (PK)
L'histoire du renard dans les textes chinois est une histoire vieille de plus de 2500 ans, qui remonte donc à l'époque pré-impériale : de simple animal offrant chaleur et prestige à l'homme par sa fourrure, servant à l'interprétation des augures et à l'illustration d'idées philosophiques, il devient au fil des siècles une créature légendaire anthropophage puis un démon, notamment sous l'influence des alchimistes et des taoïstes, donnant lieu sous le premier millénaire de notre ère à d'innombrables récits de forme zhiguai, présentés pour une grande partie dans le Taiping guangji, ou Vaste recueil de l'ère de la Grande Paix, d'époque Song. Et j'en profite pour remercier, plus de 1000 ans plus tard, tous ces lettrés courageux qui ont couché par écrit les contes et légendes d'époque, ce qui a permis à cette riche culture de parvenir jusqu'à nous...
C'est l'apparition également du personnage de l'esprit-renard, un être doté du don de métamorphose, en quête d'immortalité et profondément intelligent. Sous la dynastie des Tang, la vénération se mêle à la crainte et on assiste à la naissance du culte en la divinité renard, culte considéré comme subversif et dangereux pour le pouvoir politique en place. Les histoires et les personnages de renards se diversifient pour donner naissance à de grands récits restés célèbres, jusqu'à la dynastie des Qing, où des écrivains comme Pu Songling et Ji Yun vont porter à son apogée l'art des contes vulpins et où le personnage séduisant de la renarde va prendre son envol. Le renard de ces contes et fictions s'humanise, jusqu'à devenir le masque de l'être humain, de la société et de ses préoccupations.
Vaste programme donc, résumé ici en quelques lignes, que l'Histoire du renard dans les textes chinois, de l'époque pré-impériale à la fin de la dynastie des Qing, de la démonisation à l'humanisation, de la légende à la fiction. Un long travail de recherche, de sélection, de traduction, d'analyse et d'interprétation, effectué selon une double optique diachronique et thématique, poursuivi sur plusieurs années,... mais qui mériterait encore d'être poursuivi et complété. Un travail réalisé avec le souci constant de mettre en avant la complexité et la nature ambivalente du renard dans la tradition et dans l'imaginaire chinois, un renard qui, pour reprendre les termes de Zhang Yinde, exerce sur l'homme « le double pouvoir de terreur et de fascination, si bien que l'homme vacille entre la diabolisation et la divinisation, entre le rejet et l'identification ».
C'est un sujet qui me tient à cœur depuis presque dix ans : il m'a accompagnée durant mon année de Maîtrise à l'Université de Provence, où j'ai pu « entrer en contact » avec le personnage de l'esprit-renard ; durant mon année d'étude à l'Ecole Normale de Beijing – Beijing shifan daxue - où j'ai pu trouver de nombreuses sources chinoises ; durant mon année de Master à l'Institut des Langues Etrangères de Xi'an – Xi'an waiguoyu xueyuan - où j'ai effectué une recherche sur le renard dans les expressions de la langue chinoise ancienne et moderne ; et enfin durant mes années de doctorat, toujours à l'Université de Provence, au cours desquelles j'ai écrit différents articles et participé à divers colloques pour partager le résultat de mes recherches, avec notamment un court compte-rendu dans le numéro XXVI d'Etudes Chinoises (2007).
J'ai donc essayé, tout au long de ma thèse, de transmettre au lecteur ma passion pour ce sujet de recherche, avec l'idée de revaloriser l'image du renard dans la tradition chinoise, pour lui redonner la place qu'il mérite et qui lui revient. C'est pour toutes ces raisons qu'en plus d'être honorée par l'attribution de ce prix, je suis également touchée, touchée que mon travail ait été reconnu mais surtout qu'il ait plu aux membres du jury qui ont eu la bienveillance de le lire.
Je remercie en conséquence l'Association Française d'Etudes Chinoises et son président M. Gilles Guiheux, pour ce prix de thèse qu'elle délivre chaque année, mais aussi pour sa grande contribution aux études chinoises. Je remercie le jury, qui a eu la lourde lâche de départager des thèses de qualité.
Je remercie M. Lu Ching-long, ambassadeur de Taipei en France, ainsi que M. Lee Shu-cheng, directeur du service culturel, pour la belle récompense qu'ils vont nous remettre... Je crois que c'est une belle façon de terminer ses études supérieures, et un bel encouragement pour poursuivre dans la voie de la recherche, ce que je tâcherai de faire en prenant mes nouvelles fonctions à l'Université Paul Valéry de Montpellier dès la rentrée prochaine.
Je remercie également mes professeurs, M. Pierre Kaser et M. Noël Dutrait, qui me suivent et m'accompagnent depuis plus de 10 ans, et qui ont su me transmettre leur goût de la culture chinoise en général, et de la littérature en particulier. Je crois qu'un bon étudiant n'est rien sans de bons professeurs.
Merci enfin à mes proches et amis, et tout particulièrement à mon conjoint, qui m'a supportée, dans tous les sens du terme, durant toutes mes années de doctorat.
« J'ai le plaisir de vous informer que Solange Cruveillé a obtenu le 1er prix de thèse décerné par l'Association française d'études chinoises. Ce prix lui sera remis à Paris le 18 juin par le représentant de Taiwan à Paris, M. Michel Lu. Au nom de notre équipe, j'adresse à Solange toutes mes félicitations ! Elle a montré que le personnage de la Renarde dans la littérature chinoise classique n'était pas si maléfique que ça et pouvait aussi apporter beaucoup de satisfaction ! »
Résumé : La charge symbolique et culturelle du renard dans la langue et la littérature chinoises est si forte que les chercheurs chinois parlent désormais de véritable « Culture vulpine ». Si quelques travaux ont été récemment réalisés sur ce thème en Occident, ils se sont jusqu'alors limités aussi bien chronologiquement que thématiquement, n'offrant pas la possibilité d'apprécier avec justesse et impartialité l'importance du sujet. La présente thèse se propose de remonter aux origines des croyances sur le renard en Chine et d'analyser leur évolution au fil des siècles, à travers des textes produits entre l'époque pré-impériale et la fin de la dynastie des Qing. Ce long travail d'exégèse a permis de dégager les principales caractéristiques de l'animal renard mises en avant dans les œuvres anciennes, mais aussi les différentes facettes du renard dans les contes surnaturels du premier millénaire de notre ère puis dans les fictions vernaculaires des dernières dynasties impériales. À travers l'étude, la traduction, l'interprétation et la critique de récits anciens et classiques attenant à des genres aussi divers que la divination, la philosophie, l'Histoire ou l'érotisme, deux constatations majeures ont pu être faites : l'animal est passé du domaine de la légende à celui de la fiction, mais surtout il a été démonisé avant d'être humanisé. Tout l'enjeu de cette étude est de comprendre comment ces évolutions se sont opérées, de déterminer qui véhicule les principales croyances à l'égard du renard mais aussi de voir quelles sont les significations revêtues par les récits vulpins de forme classique. Les réponses à ces questions et à bien d'autres constituent la matière principale de cette monographie du renard dans la culture chinoise.Le jury sera composé du directeur de thèse, Noël Dutrait et de Patrick Doan, Zhang Yinde, Nicolas Zufferey et Pierre Kaser.
Résumé : L'état des lieux de la situation des critiques d'art en Chine continentale depuis 1979 révèle que ceux-ci présentent la critique d'art comme une nouvelle discipline qui s'est construite à partir des traductions d'ouvrages occidentaux publiés au milieu des années 1980, négligeant le riche héritage des traités picturaux classiques. De plus, pendant plus d'un siècle et demi, chez les intellectuels progressistes, modernité a résonné avec le savoir occidental. La culture classique, en particulier la langue et l'écriture, était considérée comme un fardeau féodal. Sous le régime maoïste, les intellectuels ont été les cibles d'une campagne visant à réduire à néant toute forme de pensée, avec comme point culminant la Révolution culturelle. La mission assignée à l'art était alors de servir la révolution. En 1979, le parti adopte une nouvelle politique accompagnée de la "libération de la pensée" et les critiques d'art se sont de suite engagés auprès des artistes non officiels en luttant contre la censure. Ma thèse cherchera à éclaircir comment ces intellectuels ont forgé leurs outils conceptuels pour aborder des œuvres novatrices, comment fonctionne aujourd'hui la relation très ancienne en Chine entre esthétique et politique, relation réactivée en 2003, avec la décision du Parti communiste de renforcer le nationalisme en "réhabilitant" le confucianisme. Un autre axe de ma recherche concernera certains auteurs français comme Foucault, Deleuze, Derrida ou Bourdieu, particulièrement estimés chez les jeunes artistes chinois, en tentant d'évaluer leur influence. Dans un premier temps, je travaillerai sur des textes en chinois de critiques d'art (Gao Minglu, Wang Lin, Li Xianting, Zhu Qi...). En faisant une synthèse de mes traductions je tenterai de présenter les démarches théoriques de ces auteurs et de comprendre comment ils légitiment leurs concepts en particulier vis-à-vis de l'histoire. Mon projet consiste aussi à comprendre dans la situation très particulière de la Chine à la fin du XXe siècle, l'influence des critiques dans le champ de l'art, ainsi que la fondation ou re-fondation de la discipline et son inscription dans l'enseignement supérieur en Chine après 1979.Gageons que vous serez nombreux à venir écouter l’une et l’autre. (P.K.)
Je regrette de n'avoir rien de nouveau de mon cher Li Yu 李漁 (1611-1680) à vous proposer, lui qui présentait ses fictions comme « une boisson rafraîchissante dans la maison en flammes » [火宅中清涼飲子] - cela viendra un jour prochain -, mais j'ai, sinon mieux, au moins tout aussi efficace et surtout immédiatement disponible et propre à la consommation, avec ou sans additif.
Il s'agit de quelques récits d'un auteur chinois - Yuan Mei 袁枚 (1716-1798) - dont on devrait entendre parler encore plus sous peu grâce à des publications d'envergure, mais dont on a déjà parlé et fort bien, notamment dans une enceinte prestigieuse et par une voix éclairée.
L'enceinte est le Collège de France ; la voix, celle de Pierre-Etienne Will qui y occupe la chair d'Histoire de la Chine moderne et consacre son cours de l'année 2009 à un sujet passionnant : « Documents autobiographiques et histoire 1640-1930 ». C'est donc dans le cadre précis de cet examen attentif et admirablement documenté de l'écrit autobiographique dans la Chine du XVIIe au début du XXe siècles, qu'il fut - c'était le 28 janvier dernier -, question pendant une demi-heure de Yuan Mei. Cette « longue digression » s'achevait sur la synthèse suivante dont la lecture devrait vous inviter à écouter attentivement l'intégralité du propos et l'ensemble de cette série de conférences aussi magistrale qu'enthousiasmante :
« Yuan Mei parfait exemple d'un individu complexe non dénué de contradictions et d'ambiguïtés mais dont les biographies conventionnelles nous laissent entrevoir qu'une très petite partie des multiples dimensions. Il a laissé sa marque dans des domaines aussi éloignés que la critique poétique et le droit ; c'était un fonctionnaire compétent et dévoué, très conscient des problèmes économiques et sociaux de son temps, et dont les préoccupations en matière d'éthique et de technique administrative ne se sont jamais démenties ; mais il s'est découragé dès que sa carrière à sembler piétiner, et il a préféré mener une vie confortable d'ermite comme on disait, anticonformiste, flirtant plus qu'à son tour avec le scandale mais réussissant toujours à s'en tirer grâce à ses innombrables relations, et à l'extraordinaire popularité de ses productions littéraires. »
[Ce second des 10 cours donnés est disponible comme les neuf autres en podcast directement sur le site du Collège de France ou à partir d'iTunes - mais vous êtes rodés à l'exercice qui consiste à récupérer ces fichiers et à les glisser dans votre ordinateur ou votre iPod (sinon voir ici, où une tentative d'explication !), mais on peut aussi plus simplement l'écouter en ligne à partir d'ici]
Alors même que P.-E. Will s'attachait à la suite d'autres (Camille Imbaut-Huart, Arthur Waley, Jérôme Bourgon) à faire revivre le souvenir de ce Chinois d'exception, nous étions plusieurs à nous pencher sur son œuvre avec, je le suppose, la même délectation ; l'ironie mordante de cette conjonction des intérêts fut qu'ils s'attachèrent au même ouvrage : le Zi bu yu 子不語 (« Ce dont le Maître ne dit mot »), collection de récits à faire frémir et à se tordre de rire que Yuan Mei avait pris un grand plaisir à compiler sur la fin de ses jours (1788) et auquel il avait même donné une suite tout aussi rafraîchissante (1797).
Résultats des courses : une attente --- celle de la publication d'une intégrale dans la prestigieuse collection consacrée à l'Orient d’un grand éditeur parisien ; une frustration, partagée avec notamment Alain Rousseau (un fidèle lecteur de ce blog), de devoir remiser un projet nourri de (trop ?) longue date ; une poignée de récits - 12 pour être précis -, à lire sans tarder --- encore vous faut-il, pour cela, relever un dernier défi : vous procurer le dernier numéro de la revue Le Visage Vert déjà évoquée ici [une piste : le commander directement chez l'éditeur Zulma]
De quoi s’agit-il ? Rien de moins que la traduction de quatre récits sans liens les uns avec les autres dont la réunion devrait offrir une petit idée de la diversité des anecdotes du Zi bu yu, traduction réalisée par moi-même, par ailleurs signataire d’une brève présentation de l’auteur, et de huit récits traduits par Solange Cruveillé qui a naturellement retenu des récits vulpins, histoire d'ajouter quelques spécimens originaux à sa déjà fort riche collection d'histoires de renard(e)s. Ce sont de loin les histoires qui ont le plus séduit les premiers lecteurs à dévorer la dernière livraison de cette remarquable revue entièrement consacrée aux franges du réel.
On le comprend facilement d'autant que ces récits, cocasses et terrifiants, qui offrent une tonalité particulière aux narrations mettant en scène ce personnage clef du fantastique chinois, sont accompagnés d'illustrations dues au burin inspiré et sauvage de Marc Brunier Mestas particulièment inspiré par ces histoires un peu folles. On peut également les voir sur son surprenant blog, ici, en compagnie d'une autre série de renards et d'une saisissante illustration qui s'attachait à la cruauté scatologique de « La vengeance du squelette » de Yuan Mei.
Notons que Marc Brunier Mestas n'a pas définitivement abandonné le thème du renard puisqu'il est passé à la couleur pour un conte vulpin contemporain qu'Anne-Sylvie Salzman a offert à la revue Le Zaporogue de Sébastien Doubinsky. Sachez que cette sixième livraison d'une revue sans égale est accessible en téléchargement et que vous trouverez pages 133 à 144, ce dérangeant « Fox into Lady » dont la lecture devrait faire baisser la température ambiante de quelques degrés supplémentaires. On pourra poursuivre la cure avec, du même auteur, un recueil de nouvelles qui ne peuvent vous laisser insensible. On peut se procurer Lamont directement chez l'éditeur vers qui il faudra également se tourner pour compléter ou constituer sa collection d'anciens numéros de la revue qui lui a donné son nom, Le visage vert.
Outre les récits de Yuan Mei qui constituent la première incursion en terre chinoise de la revue, ce volume 16 du Visage vert est plein de succulentes surprises, et comme l'écrit un de ses lecteurs « Bronzer en compagnie de ce Visage vert ne serait pas la moins bonne idée des amateurs de littérature, mais en goûter les joies inquiétantes derrière des persiennes fermées ajouterait au plaisir. » J'ajoute qu'il en va de votre survie, alors n'hésitez plus : lisez ! (P.K.)
Parmi les lanternes décorées, la courtisane,
A l'égal d'un chevalier, guette l'élégant jeune homme ;
Il est dur de renoncer à ses sentiments,
Dans l'alcool, il noie son chagrin.
« Les œuvres publiées dans ce volume font souvent allusion à des faits de société qui appartiennent en propre à la civilisation du Japon et dont les manières de vivre ont été perdues depuis longtemps. Ces mots ou ces expressions - qui demandent d’être éclairés pour procurer au texte toute son intelligibilité - font l’objet d’une rubrique dans un Répertoire qui figure à la fin du volume. Ils sont signalés par un astérisque. »Mais abrégeons en prodiguant un conseil : quand vous aurez lu ce billet jusqu’au bout, allez vite ausculter le catalogue en ligne de la collection et laissez-vous surprendre [N.B. : il semblerait que, si certains titres ont été réimprimés en version de poche, d’autres ont bel et bien disparu dans les oubliettes de l’éditeur].
« We are grateful to Robert Irwin for acknowledging the high quality of the entries, the intelligent choice of thematic subjects and the overall seriousness of the scholarship in The Encyclopedia of Erotic Literature. However, we find some of his other observations at the very least surprising. Mr Irwin contends that we have taken the fun out of sex. Ironic, then, that he should react so earnestly to the little fellow who leaps out of candles for the pleasure of lonely Chinese women (Dengcao Heshang Zhuan’s The Candlewick Monk), and to the many other amusing novelties to be found in this literature. »Il est vrai que l’historien, spécialiste de littérature arabe ancienne, s’était justement laissé aller à confesser son engouement pour l’intrigue ce roman :
« The Chinese Dengcao Heshang Zhuan (“The Candlewick Monk”), a long novel about a little fellow who leaps out of candles and expands to fill the desires of the women he falls on, has one of the strangest plots I have ever come across. »Je n’ose imaginer l’effet qu’aurait produit sur lui la lecture du texte intégral. S’il avait eu connaissance de la version française, il en aurait sans doute apprécié la belle édition conduite par Jacques Cotin qui, aux rares illustrations anciennes, avait préféré un jeu de sceaux érotiques de source non identifiée que je lui avais signalé.
« C’est que, voyez-vous, nous quatre avons bien sûr chacune un mari, mais aucune d'entre nous n'accepte de subir sa domination. Du reste, pour parler franchement, quelle femme de nos jours ne rêve pas de se faire quelques beaux gars ? La seule chose qui les retienne, c'est la crainte d'être aperçues par ceux qui les entourent. Quand celles qui n'ont ni de quoi se vêtir ni de quoi faire ripaille n'ont que leurs yeux pour pleurer, incapables qu'elles sont de concrétiser l'envie qui les attise, les autres, les nanties, n'ont pas d'autre idée en tête : se faire mettre. »Mais au delà de son érotisme humoristique qui peut satisfaire et ravir un lecteur simplement curieux de l’eros chinois, le roman me semble, encore aujourd’hui, mériter toute l’attention du sinologue ; l’urgence de la publication m’avait fait, je m’en suis aperçu depuis, négliger quelques pistes que je me propose d’explorer un de ces jours prochains afin de compléter les éléments déjà signalés dans la notice : on reparlera donc, ici, ou ailleurs de ce très réjouissant Moine Mèche de Lampe. Encore une promesse !