Journée des doctorants de
et de l’équipe Littératures d’Extrême-Orient, Textes et Traduction (Leo2t)
Vendredi 9 Décembre 2011
Campus Saint-Charles (Marseille), Bâtiment LSH
Salle 501 (matin) et 504 (après-midi)
Vendredi 9 Décembre 2011
Campus Saint-Charles (Marseille), Bâtiment LSH
Salle 501 (matin) et 504 (après-midi)
A Riung, dans la partie nord-ouest de l’île de Florès, se dressent des pierres venant se distinguer du reste du paysage montagneux et forestier. Les différents rôles qu’elles endossent sur les plans symbolique, rituel, identitaire, foncier et social en font des objets à caractère éminemment anthropologique. Marqueurs topologiques dans un contexte de mobilité clanique, supports de mémoire et de narration, reliquats des temps mythiques, ces monuments révèlent la relation spécifique des Riung au paysage qui les entoure. La fixité et l’immutabilité accordée à ces pierres servent de support à une expérience spatiale et temporelle de retour aux fondements.
11h15-12h00 : La notion de frontière chez les Thaïs, Thanida BOONWANNOPersonnage central de l’art contemporain en Chine, Gao Minglu a publié de nombreux livres retraçant le développement de l’art contemporain chinois depuis 1979. Dans le cadre de cette intervention, je présenterai son ouvrage intitulé l’École du Yi, une théorie subversive contre la représentation, édité en juin 2009. Comme le titre le laisse entrevoir, l’ambition de l’auteur est de démontrer que les modèles théoriques occidentaux ne sont pas appropriés pour analyser l’art chinois (classique et contemporain). Après avoir revisité les concepts de l’esthétique classique (Li, Shi, Xing), il propose un rapprochement avec les écrits post-structuralistes et développe un modèle théorique « totalisant » qu’il souhaite appliquer à un grand nombre d’œuvres, en dépassant les frontières de la Chine. Ce livre soulève plusieurs questions, celles bien sûr de la pertinence et l’efficacité de la démonstration, ainsi que l’influence chez l’auteur de la French Touch, mais aussi celles qui concernent l’allégeance au pouvoir en place et l’indépendance intellectuelle face à la tentation nationaliste. J’évoquerai également la réception de l’ouvrage en Chine et en Occident.
13h30-14h15 : Autorité traditionnelle et pouvoir politique. La campagne électorale de la gouverneure de Banten (Indonésie), Gabriel FACALAu cours du XIXe siècle, les Thaïs du Siam durent adopter la notion de frontière que les colonisateurs européens avaient depuis assez peu de temps accepté chez eux. Mais cela ne signifie pas qu’auparavant les Thaïs ou les Siamois n’avaient eu des frontières reconnues. Certes, leur établissement était de moins en moins rigoureux à mesure que l’on s’éloignait de la capitale, laquelle donnait son nom à l’État. Ce fut par exemple le cas dans les royaumes d’Ayutthaya (1350-1767) ou de Thonburi (1767-1782). Les limites matérielles des frontières étaient d’ordre extrêmement divers puisqu’il pouvait s’agir d’arbres voire d’arbustes, mais également de reliquaires élevés par les hommes (chedi). Mais les frontières pouvaient tout aussi bien être des groupes humains, et c’est dans ce dernier cas que nous sommes en mesure d’employer l’expression d’« ethnie-frontière » que nous développerons à propos de minorité thaïe dans la province cambodgienne de ko Kong que l’on appelle « Thaïs-ko-Kong ».
14h15-15h00 : La notion de bien public « à la japonaise » dans l'entreprise taïwanaise CHIMEI 奇美, Yamada YULe processus de décentralisation initié depuis 1998 en Indonésie s’est accompagné par contrecoup d’un mouvement d’hyper centralisation au niveau régional dans nombre des provinces nouvellement créées. J’étudierai ce phénomène à travers la description de la campagne de la gouverneure sortante pour les élections provinciales de 2011. La gouverneure est la fille aînée d’un dirigeant de la pègre locale qui a coordonné les projets gouvernementaux du Général Suharto pendant près de quarante ans. Sa famille a
mis à profit la chute du régime et l’autonomie provinciale pour défaire les institutions régionales de leur dépendance vis-à-vis du gouvernement central. Ce réseau familial exerce ainsi sa domination dans les sphères politique, économique et religieuse à travers des groupes de lobbying issus des domaines de l’éducation et de l’information, de la santé et de l’humanitaire.
Lors de cette intervention, je définirai tout d'abord le concept japonais de bien public (kōnoseishin 公の精神), tel qu’il fut appliqué au Japon et à Taïwan avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans un deuxième temps, j'analyserai dans quelle mesure Hsü Wen-lung 許文龍, le fondateur de l'entreprise taïwanaise CHIMEI, a intégré ce principe et en a fait une valeur phare des activités de mécénat de la firme.
Au tournant des années 1980, l’émergence d’une conscience nationale taiwanaise s’est notamment traduite par un mouvement de reconsidération des cultures premières de l’île. Bien avant A-Mei, vedette puyuma de la scène pop, les documentaristes Mayaw Biho (peuple amis) ou Si-Manrei (peuple tao), les créations littéraires écrites aborigènes ont ouvert le pas à une représentation de ces groupes ethniques sur des supports modernes, jusqu’alors exogènes à leur culture originelle. La valeur artistique de ces œuvres est liée à une dynamique inhérente à ces populations désireuses de se réapproprier leurs droits civiques les plus élémentaires, mais aussi une subjectivité refoulée par près de quatre siècles de présences étrangères successives. L’exposé s’efforcera de retracer les grandes lignes de cette émanation moderne d’un processus de réécriture culturelle en cours, ses tendances, ses principaux acteurs, les thématiques qu’ils affectionnent, mais aussi les débats définitionnel, linguistique et identitaire qui l’animent afin de fournir une première base de réflexion.