samedi 24 mars 2007

Miscellanées (002)

Le Monde - comme l'ensemble de la presse - saluait hier l'ouverture du Salon du Livre, et, qu'il en soit remercié, pense à ceux qui - comme moi - ne peuvent s'y rendre en leur offrant la "Littérature indienne sur la Toile" et (entre autres) un article salutaire de Christophe Jaffrelot intitulé "Diversité linguistique et vitalités littéraires". La version en ligne du Monde des Livres est à l'unisson et sous la plume de Raphaëlle Rérolle chante l'audace et la liberté d'Abha Dawesar :
Abha Dawesar porte sur le corps des femmes un regard extraordinairement libre, sans être impudique. Dans un pays où l'évocation du sexe en littérature n'est pas monnaie courante et où, affirme l'auteur, "l'amour entre les femmes est tabou", Babyji jette gaiement un pavé dans la mare. (Lire l'article ici).
En plus d'un papier de circonstance titrant "Les indiens à Paris" , le Figaro Littéraire (en ligne) dresse une liste de "Douze éditeurs aux quatre coins de France" parmi lesquels figurent les Editions Tristram (Auch), à qui l'on doit la si belle traduction de Guy Jouvet du Tristram Shandy de Laurence Sterne (La vie et les opinions de TS, gentilhomme, 2004, 937 p.), mais aussi les Editions de L'Aube avec ce commentaire dont on goûtera diversement la forme, et peut-être le fond :
"Il était une fois, un auteur chinois... qui connaissait l'écrivain Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature et traduit en français aux éditions de l'Aube, dans le Lubéron (Une canne à pêche pour mon grand-père ; La Montagne de l'âme...) Il envoya son manuscrit. L'écrivain chinois était content. Désormais, il savait deux noms de villes françaises : Paris et La Tour-d'Aigues. Aussi fut-il fort surpris quand Marion Hennebert, l'éditeur, lui appris que La Tour-d'Aigues n'était pas, loin s'en faut, la deuxième ville du pays... "
Pour finir ce billet décousu, voici le moyen de vivre le Salon du Livre par procuration. Il suffit d'aller visiter sa WebTv. (PK)

Nouveauté éditoriale (03/07)

L'événement est suffisamment rare, et réjouissant, pour être noté dès qu'il intervient sans même avoir pris le temps d'en évaluer l'impact réel. Cet événement est la publication, le 22 mars 2007, d'un nouveau volume de la 'Série chinoise' de la collection « Connaissance de l'Orient » aux Editions Gallimard, prestigieuse collection créée par Etiemble (1909-2002) et dirigée par Jacques Dars. [Je reviendrai prochainement (?) sur cette collection et sur ses autres séries qu'on peut, en attendant, découvrir sur le site de l'éditeur.]

Le précédent numéro de la série est le très remarquable volume consacré aux Elégies de Chu [Chu ci 楚辭], attribuées à Qu Yuan 屈原, Song Yu 宋玉 et autres poètes chinois de l'Antiquité, IVe siècle av. J.-C. - IIe siècle apr. J.-C., traduites, présentées et annotées par Rémi Mathieu (vol. 111, 2004, 306 pages).

Ce dernier numéro en date donne la vedette au poète des Tang, "poète maudit" ou "poète fantôme" comme on voudra, Li He 李賀 (791-817) :

Li He, Poèmes. Traduit du chinois par Marie-Thérèse Lambert. Préface et notes de Guy Degen. Paris : Gallimard, « Connaissance de l'Orient », n° 115, 'Série chinoise', 206 p. :
Qu'un poète au destin aussi tragique que celui de Li He (791-817) ait eu pour troisième nom Li Changji (« Infaillible Bon Augure »), voilà qui tient de la gageure. Pourtant les meilleurs auspices semblaient réunis : une bonne famille – le poète descend du clan impérial – et un vrai talent – le célèbre lettré Han Yu, qui deviendra ministre, lui accorde son appui après avoir admiré ses poèmes. Son destin s'éclaire-t-il alors ? Non, puisqu'on lui refuse jusqu'au droit de se présenter au concours de « lettré avancé » pour des raisons onomastiques. Il obtient à grand-peine un poste subalterne au Bureau des Rites, insuffisant pour les nourrir, lui, sa mère et son jeune frère. De Changgu, sa ville natale au Henan, à Chang'an, la capitale, il promène son tragique destin.
L'homme inquiète par sa silhouette squelettique, ses cheveux blancs, ses sourcils d'un seul tenant et ses ongles démesurés. Cultive-t-il son air de fantôme (les Chinois le nomment « poète fantôme » ou « fantôme parmi les poètes »), on ne sait, mais ce n'est pas étonnant que les anthologies l'aient boudé et que les lecteurs l'aient fui. Trop de malheur ! Il ne se nomme guère dans ses vers, mais tout parle de lui, tout est lui : ministre évincé, favorite oubliée, palais déserté... jusqu'à l'armoise qui l'envahit.
Peut-on encore ignorer quel génie fut Li He ? Donnons-lui auprès des Li Bo et Du Fu la place qu'il mérite.
[Présentation de l'éditeur]
L'ouvrage propose, me semble-t-il, l'œuvre complète, soit quelque 243 poèmes. C'est beaucoup plus - et sans doute encore mieux -, que les 58 déjà disponibles dans Li He, Les Visions et les jours. Choix de poèmes traduits du chinois et présentés par Marie-Thérèse Lambert et Guy Degen. Paris : Editions de la différence, coll. « Orphée », n° 191. 1994, 123 p. Certes, ce petit volume était une édition bilingue très utile, mais, il n'est plus guère trouvable en librairie. Sa confrontation avec ce jeune frère de 13 ans son cadet sera très instructive pour suivre l'évolution de la traduction par M.-T. Lambert et Guy Degen de ce poète aussi fascinant qu'attachant. On en reparlera donc ici, ou ailleurs, mais si vous avez un avis, n'hésitez pas à laisser un commentaire. (PK)

lundi 19 mars 2007

Devinette (001)


Qui peut dater le texte ci-dessous et en identifier l'auteur ?
Outre l'histoire et la poésie, les Chinois ont une multitude innombrable d'ouvrages d'éducation, de contes, de fables, de romans, de pièces de théâtre. Depuis une vingtaine d'années, les sinologues français ont traduit des comédies et des romans qui, mieux que tous autres documents, nous ont initié à la vie intime des Chinois, à leurs moeurs, à leurs usages, à leurs croyances. Ce qu'il y a de remarquable, c'est que toutes ces oeuvres d'une apparence futile, ont un but moral et instructif. Elles sont remplies de maximes de sagesse et de conseils excellents. Nulle part les livres ne sont aussi nombreux qu'en Chine. Deux circonstances y contribuent puissamment : c'est d'un côté leur bas prix, et de l'autre l'énorme quantité de gens qui lisent. On peut dire, sans hyperbole, que tous les Chinois, même des dernières classes, sont en état de s'exprimer au besoin par écrit, et que le goût de l'instruction y est universel. En considérant la vaste étendue de l'empire et son innombrable population, les exceptions à la règle générale que nous venons de poser sont tellement rares, qu'elles confirment notre proposition, tout étrange qu'elle puisse paraître.
Merci de tenter votre chance avec la première de nos devinettes en glissant vos réponses dans un commentaire. Les solutions seront fournies dans les semaines qui viennent.

Difficulté 3/5 pour la datation, 5/5 pour l'attribution. (ND/PK)

dimanche 18 mars 2007

Sur la traduction

Les Éditions du Cercle de la Librairie publient "tout ce qui intéresse les professionnels et les passionnés du livre : ouvrages de référence et de réflexion, manuels pratiques sur les techniques et les métiers du livre, beaux livres sur l'histoire de l'édition..." Parmi ces "livres qui parlent du livre", on trouve celui, tout récent, de Marie-Françoise Cachin.

Intitulé simplement La traduction (Electre - Ed. du Cercle de la Librairie, 2007, 144 p.), et publié en février dernier, il propose un "examen de la situation de la traduction littéraire dans les pratiques éditoriales aujourd’hui en France, un portrait du métier de traducteur, précise son statut et son environnement professionnel et aborde la place de la traduction chez les éditeurs, les relations traducteurs-éditeurs et la publication des traductions. Avec des adresses d’associations et d’organismes de formation."

Notre équipe ne manquera pas de s'en doter prochainement et d'en rendre compte dans ce blog. (PK)