C’est à nouveau à Thomas Pogu qu’on doit le choix de cette livraison de « Miscellanées littéraires », la dixième d'une série initiée fin avril 2011. C’est lors de recherches autour de Claude Le Petit (1638-1662) — dont il prépare la réédition d’œuvres qui n’ont pas été lues depuis bien longtemps — , qu’il a croisé Les vers dorés de Pythagore, expliqués et traduits pour la première fois en vers eumolpiques français, précédés d'un Discours sur l'essence et la forme de la poésie, chez les principaux peuples de la terre... d’Antoine Fabre d’Olivet, né le 8 décembre 1767 à Ganges, et mort le 27 mars 1825 à Paris.
Les passages retenus par lui montrent la méconnaissance qu’on avait à l’époque de leur rédaction de la poésie chinoise que les missionnaires jésuites, encore quasiment seule source disponible sur ce sujet, avaient quelque peu négligée. Ils montrent aussi qu’on est, en ce début de XIXe siècle, fort curieux de la Chine.
Antoine Fabre d’Olivet, publie ce Discours à Paris chez Treuttel et Würtz, en 1813, soit deux ans après l’Essai sur la langue et la littérature chinoise de Jean-Pierre Abel-Rémusat (1788-1832), sorti chez le même éditeur. Dans sa « Préface », Abel-Rémusat, écrit : « Un ouvrage sur la langue chinoise, dont le seul but est d’en inspirer le goût et d’en faciliter l’étude, ne saurait paraître dans un moment plus favorable que celui où le compte rendu au nom des savants français par la première Académie de l’Empire vient de rappeler l’attention du public sur plusieurs parties de la littérature qui avaient été trop négligées ; j’ai cru devoir saisir cet instant pour la publication d’un premier essai sur la langue chinoise. »
Le grand-père de la sinologie française fait allusion au Rapport historique sur les progrès de l’histoire et de la littérature anciennes depuis 1789, et sur leur état actuel (Paris, Imprimerie impériale, 1810), rédigé par M. Bon-Joseph Dacier (1742-1833), dont la partie sur les langues et les littératures orientales (pp. 119-124) avait été confiée au grand orientaliste Silvestre de Sacy (1758-1838). On est vraiment au début d’une nouvelle ère dans la découverte de la Chine et de découvertes qui rendront rapidement caduques toutes les propositions qu’on va lire dans l’orthographe et la présentation d’origine :
Les passages retenus par lui montrent la méconnaissance qu’on avait à l’époque de leur rédaction de la poésie chinoise que les missionnaires jésuites, encore quasiment seule source disponible sur ce sujet, avaient quelque peu négligée. Ils montrent aussi qu’on est, en ce début de XIXe siècle, fort curieux de la Chine.
Antoine Fabre d’Olivet, publie ce Discours à Paris chez Treuttel et Würtz, en 1813, soit deux ans après l’Essai sur la langue et la littérature chinoise de Jean-Pierre Abel-Rémusat (1788-1832), sorti chez le même éditeur. Dans sa « Préface », Abel-Rémusat, écrit : « Un ouvrage sur la langue chinoise, dont le seul but est d’en inspirer le goût et d’en faciliter l’étude, ne saurait paraître dans un moment plus favorable que celui où le compte rendu au nom des savants français par la première Académie de l’Empire vient de rappeler l’attention du public sur plusieurs parties de la littérature qui avaient été trop négligées ; j’ai cru devoir saisir cet instant pour la publication d’un premier essai sur la langue chinoise. »
Le grand-père de la sinologie française fait allusion au Rapport historique sur les progrès de l’histoire et de la littérature anciennes depuis 1789, et sur leur état actuel (Paris, Imprimerie impériale, 1810), rédigé par M. Bon-Joseph Dacier (1742-1833), dont la partie sur les langues et les littératures orientales (pp. 119-124) avait été confiée au grand orientaliste Silvestre de Sacy (1758-1838). On est vraiment au début d’une nouvelle ère dans la découverte de la Chine et de découvertes qui rendront rapidement caduques toutes les propositions qu’on va lire dans l’orthographe et la présentation d’origine :
« Il n’est pas vrai, comme on l’a dit et répété sans examen, que la Poésie prenne naissance dans les bois, dans les régions âpres et sauvages, ni surtout qu’elle soit l’apanage de l’enfance des nations et les premiers bégaiements de l’esprit humain. La Poésie, au contraire, parvenue à sa perfection, indique toujours une longue existence dans les peuples, une civilisation très avancée, et tout l’éclat de l’âge viril. Le sanctuaire des temples est son véritable berceau. Parcourez le monde sauvage ; voyez si les Iroquois, les Samoïèdes, ont une Poésie. Les peuples trouvés dans leur enfance, au sein de la mer Pacifique, vous ont-ils montré des hymnes comme ceux d’Orphée, des monuments épiques comme les poèmes d’Homère ? Ne sait-on pas que les Tâtars qui ont subjugué l’Asie, ces superbes Mantcheoux qui règnent aujourd’hui sur la Chine, n’ont jamais pu tirer de leur langue, rebelle à toute espèce de mélodie et de rythme, un seul vers (1), quoique depuis leurs conquêtes ils aient senti et apprécié les douceurs de cet art (2) ? » [pp. 30-31]
(1) Duhalde, in-fol t. IV, p. 65. Ces Tâtars n’avaient aucune idée de Poésie avant leur conquête de la Chine ; aussi s’imaginaient-ils que ce n’était qu’en Chine où l’on avait forgé les règles de cette science, et que le reste du monde leur ressemblait.
(2) L’un des descendans de Kang-hi a fait de bons vers en chinois. C’est Kien-long. Ce prince a composé un poème historique sur la conquête du peuple Eleuth, ou Oloth, qui, après avoir été longtemps tributaire de la Chine, s’était révolté. (Mém. concernant les Chin. t. I, p. 329)« Il doit me suffire de dire, pour remplir l’objet qui m’occupe, que les Chinois ayant commencé par avoir des vers rimés, et conservant, par caractère et par religion, avec un respect inviolable, les usages antiques, n’ont jamais eu qu’une poésie médiocre, absolument étrangère à l’Épopée (3). Leurs principaux livres sacrés, nommés Kings, sont composés de caractères symboliques ou hiéroglyphiques, formant par groupe des espèces de tableaux, d’une conception profonde et souvent sublime, mais dénués de ce que nous appelons éloquence du langage. Ce sont des images muettes, incommunicables au moyen de la voix, et que le lecteur doit considérer des yeux et méditer longtemps pour les comprendre. [...] Les Tâtars qui règnent aujourd’hui en Chine, et qu’on distingue des autres par l’épithète de Mantcheoux, quoique possesseurs d’une langue formée, dont quelques auteurs vantent la richesse (4), n’avaient aucune espèce de poésie, comme je l’ai déjà fait remarquer. Les autres Tâtars n’étaient guère plus avancés avant d’être mis, par leurs conquêtes, à portée de profiter des lumières des peuples vaincus. [pp. 125-127].
(3) Le Ché-King, qui contient la plus ancienne poésie des Chinois, n’est qu’un recueil d’odes et de chansons, de sylves, sur différents sujets historiques et moraux. (Mém. concernant les Chin. t. I, p. 51, et t. II, p. 80)
(4) Le P. Parennin dit que la langue des Mantcheoux a une énorme quantité de mots qui servent à exprimer, de la manière la plus concise et la plus pittoresque, ce que les langues ordinaires ne peuvent faire qu’à l’aide d’épithètes multipliées ou de périphrases. (Duhalde, in-fol t. IV, p. 65)