mercredi 17 septembre 2008

A Cassis aussi !

Version chinoise du blason de Cassis.

Une partie des membres de notre équipe
Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction (LEO2T)
sera présente à la conférence internationale organisée par
la Maison Asie Pacifique
qui se tiendra à Cassis (13) du 2 au 4 octobre 2008.
Cette conférence réunira dans la salle Calendal
une quarantaine de chercheurs français,
de Hong Kong, de Grande Bretagne, des USA, de Thaïlande,
mais aussi de Taiwan.
On peut compter sur l’équipe organisatrice pour que ces journées se déroulent dans la meilleure ambiance qui soit et que les différents ateliers apportent des lumières sur le thème central de cette réunion qui est
L’Asie et le Pacifique entre mondialisation et globalisation.
Résistances, métissages et stratégies d’adaptation.


L’atelier auquel prendront part cinq d’entre a pour intitulé
Métissages culturels : arts et littératures

Voici le programme des communications qui se tiendront le 2 octobre :
Président de séance : Philippe Che
10h00 : Elizabeth Naudou (UP, LEO2T) : « At the End of India-Europe Dialogue – Nirmal Verma’s monologues »
10h30 : Louise Pichard Bertaux (MAP/CNRS/LEO2T) : « City and contemporary literature in Thailand : a similar evolution »
11h00 : Questions, pause
11h30 : Alain Guillemin (LAMES/CNRS/IRSEA) : « The Translation into French of Kim Van Kieu, Masterpiece and Mirror of Vietnamese Literature »
12h00 : Gilbert Fong (Dpt of Translation, University of Hongkong): « Suspended Identities : Behind the Looking Glass of Translated Theatre in HongKong. »
12h30 : Questions, pause déjeuner

Président de séance : Gilbert Fong
14h30 : Noël Dutrait (UP, LEO2T) : « Influences and Resistances in Chinese Literature (End of XXth - Beginning of XXIst c.) »
15h00 : Pierre Kaser (UP, LEO2T) : « Confucius à Broadway : The Wisdom of Confucius de Lin Yutang »
15h30 : Questions
16h00 : Philippe Che (UP, LEO2T) : « Ge Hong (285-345) and Roger Bacon (1214-1294): A Comparative Study »
16h30 : Questions
17h00 : Clôture de l’atelier
La langue du colloque est l’anglais, mais je me suis laissé dire que certains feront de la résistance. Notons que Jade Nguyen P. Ngoc (LEO2T) traitera d’un sujet non-littéraire avec une communication intitulée « Vietnam Between China and South East Asia as seen by Orientalist: Redefinition and reconstruction of the Vietnamese identity during the French colonial period (first part of the 20th century) » comme du reste Michel Dolinski (UP/IRSEA-LEO2T, France) intervenant sur l’« Integration of the Vietnamese-Chinese in the diasporic networks of South-East Asia ». Gageons que chacun, intervenant ou simple spectateur, repartira chez lui en se disant que « Qui a vu Paris, et non Cassis, n'a rien vu ! ».

lundi 15 septembre 2008

Concours de littérature coréenne (2008)

L'équipe de Recherche
« Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction »
est heureuse de s'associer
à l’Institut pour la
Traduction de la Littérature Coréenne
(Séoul)
et au Département d’Etudes Asiatiques
de l'Université de Provence

pour l'édition 2008 de son concours
« A la découverte des grandes œuvres de la littérature coréenne »

L'œuvre retenue pour
cette deuxième édition du concours de compte-rendu de lecture
qui se déroulera du 16 septembre 2008 au 28 novembre 2008
est


Nokcheon

suivi de Un éclat dans le ciel
《녹천에는 똥이 많다》
Traduit par KIM Kyunghee, LEE In-Sook, Stéphane COULON
(Paris : Le Seuil, collection « Nouvelles », 2005, 223 pages)
de
LEE Chang-Dong
이창동 [ 李滄東 ]

Né en 1954 à Daegu, LEE Chang Dong mène une double carrière de cinéaste et d’écrivain. Il obtient son diplôme de Langue et Littérature coréennes en 1980. Son œuvre littéraire et cinématographique est couronnée par plusieurs prix internationaux.

Œuvre littéraire :
1983, The Booty ; 1987, Burning Papers
1992, Nokcheon suivi de Un éclat dans le ciel

Oeuvre cinématographique :
En 1993, il débute dans le cinéma avec Park Kwan-Su (un des fondateurs de la nouvelle vague coréenne) qui lui propose d’écrire le scénario de To the story island. Puis, il réalise en
1996, Green Fish ; 2000, Pepermint Candy ; 2002, Oasis ;
2008, Secret Sunshine (Milyang)

En février 2003, il est nommé Ministre de la Culture en Corée du Sud et démissionnera 1 an plus tard, en désaccord sur la question des quotas de production cinématographique, en Corée du sud.



Les candidats devront rédiger un texte personnel :
compte-rendu, note de lecture, commentaire, critique.

Pour pouvoir participer, il faut :
• s'inscrire avant le 18 octobre avec vos coordonnées par e-mail à jcdc@up.univ-mrs.fr
(Le livre Nokcheon sera offert aux 60 premiers candidats inscrits).
• rédiger un texte de 4 pages maximum (1500 signes par page).
• adresser ce texte par e-mail à jcdc@up.univ-mrs.fr
avant le 29 novembre 2008

Les textes seront examinés par les membres du Jury de l’Equipe de Recherche « Littérature d’Extrême-Orient, textes et traduction » de l’Université de Provence.
Résultats du concours par e-mail le 13/12/2008.
Remise des prix le mercredi 17/XII/2008 (18 h.)
à l’Université de Provence (Salle du Conseil, 2e étage) :

6 candidats seront sélectionnés et gagneront :
1er prix : Un ordinateur portable Samsung (ou valeur)-
2e prix : (Deux gagnants) Un iPod Apple (ou valeur) -
3e prix : (trois gagnants)
Un appareil photo numérique Samsung (ou valeur).

Le 1er prix participera à une sélection mondiale. En cas de victoire à cette sélection, un voyage en Corée lui sera offert à cette occasion.

Responsable du concours :
Hye-Gyeong KIM, enseignante de coréen à l’Université de Provence.
UFR ERLAOS, Université de Provence
29 av. R. Schuman – 13621 Aix-en-Provence cedex 1
Informations en rapport au concours sur le site et
le blog de l’Equipe de Recherche : http://jelct.blogspot.com

Finir une traduction…

Nombre d’entre vous ont dû m’entendre parler du roman de Mo Yan 莫言, Sishiyi pao 四十一炮, Quarante et un coups de canon, depuis avril 2004, date à laquelle, Liliane Dutrait et moi avons signé un contrat de traduction avec les éditions de Seuil. À l’époque, on s’en souvient peut-être, Mo Yan avait participé au Salon du livre de Paris où son roman Beaux seins belles fesses 丰乳肥臀 (traduit aussi par nous-mêmes) avait remporté un franc succès. Le Seuil avait alors confié à Chantal Chen-Andro la traduction du terrible Supplice du santal 檀香刑 qui est paru en 2006 et nous avait demandé de traduire ces Quarante et un coups de canon. Le temps a passé, Chantal Chen-Andro a même avancé la traduction du dernier roman de Mo Yan, Shengsi pilao 生死疲劳 (à paraître en 2009), tandis que nous plongions dans le très foisonnant Quarante et un coups de canon avec délices. Malheureusement, cette traduction a avancé moins vite que prévu… Quelques responsabilités qui m’ont été confiées à l’université de Provence ont retardé cette traduction, ainsi que des événements d’ordre plus personnel, et ce roman a dû attendre jusqu’à maintenant pour pouvoir enfin paraître en français (en octobre prochain). Il faut souligner la patience des éditions du Seuil et saluer la belle persévérance de cette maison qui « suit » Mo Yan en publiant quasi systématiquement ses « gros romans ». C’est un fait assez rare dans le domaine de la littérature chinoise contemporaine, où l’on voit souvent des écrivains éparpillés chez plusieurs éditeurs, et leur œuvre traduite de façon fragmentaire, voir incohérente… Il ne me semble pas que d’autres auteurs chinois contemporains aient déjà une quinzaine de titres publiés en traduction française…

Réglons d’abord la question du titre. Après une longue période de réflexion, après Les Quarante et Un Canons – titre que nous avons utilisé tout au long des discussions sur ce travail –, nous avons définitivement opté pour Quarante et un coups de canon. C’est que dans ce roman, on verra qu’il y a à la fois un « enfant-canon », 炮孩子 – un enfant qui aime raconter des histoires, le plus souvent totalement imaginaires –, quarante et un chapitres – qui sont autant de coups de canon pao 炮 –, et… quarante et un véritables (?) coups de canon, sishiyi pao 四十一炮… Deux récits s’entremêlent : le monologue intarissable sur des faits réels ou imaginés que débite le narrateur à un vieux moine impassible, narrateur qui désire devenir moine lui-même, et le récit de faits de sa jeunesse, racontés dix ans après à travers ses yeux d’enfant. Tout cela se déroule pendant les dix dernières années du XXe siècle, dans le grand tourbillon que connaît la société chinoise depuis cette époque. Au centre du roman, la viande de boucherie, objet de convoitise, objet de passion et objet hautement lucratif ! Une fois de plus, Mo Yan fait raconter par un enfant, comme dans Le Clan du Sorgho et dans de nombreuses nouvelles que l’on peut lire en français dans une traduction de Chantal Chen-Andro, réunies sous le titre Enfant de fer (éditions du Seuil).

On sort de la lecture de ces Quarante et un coups de canon sonné, abasourdi, émerveillé, dégoûté, voire révulsé, mais on a le net sentiment d’avoir parcouru un incroyable voyage dans un monde de plus en plus déréglé. Quand on le traduit, c’est encore plus fort puisque nous avons passé des mois en compagnie de ce Liu Xiaotong, de son père et de sa mère, de sa sœur, la gentille Jiaojiao, de la tante Mule Sauvage, du grand moine et de Lao Lan, le chef du village, de Lan l’Ancien et de bien d’autres encore... En 442 pages en chinois (780 feuillets en traduction française), Mo Yan déverse son torrent de langage et prouve bien, comme il le dit dans sa postface que pour lui « 诉说就是一切 », « la narration, c’est tout » !

Pour ce qui est de notre méthode de travail « à quatre mains », comme toujours, j’ai fait le passage du chinois au français en restant très près du texte (j’ai d’ailleurs expérimenté cette fois le logiciel Wenlin qui est très utile pour élaborer un premier jet), puis Liliane a fait des corrections et des propositions sur cette version brute, nous avons ensuite travaillé ensemble pour établir une version plus achevée, revérifié tout ce qui posait problème en envoyant à Mo Yan beaucoup plus que quarante et un e-mail sur des mots ou expressions qui demeuraient obscurs… Mo Yan a répondu avec la plus grande gentillesse (et rapidité) à toutes nos questions, nous expliquant aussi bien l’expression 炒鱿鱼, « se faire mettre à la porte » , que 梦梦梦, 反反正 (il arrive souvent le contraire de ce qu’on voit en rêve), et bien d’autres… A ce stade, la traduction a mûri, nous sommes devenus au fil des pages familiers des personnages et des lieux, et il arrive souvent que l’on revienne sur des choix qui avaient été faits au début. Enfin, comme toujours lorsque nous traduisons un roman, nous avons relu (chacun) à haute voix la version finale pour tenter d’aplanir les dernières aspérités. Et à présent que nous relisons les épreuves, nous avons encore envie de retoucher çà et là…

Dans un portrait de Brice Matthieussent, célèbre traducteur de John Fante ou Jim Harrison, paru dans La Provence du 8 septembre 2008 juste au moment où nous finissions notre traduction, il déclare : « Je n’ai pas vraiment de théorie sur la traduction, c’est au cas par cas, mais j’estime que 80 % du roman disparaît. » Bigre ! Cela nous a fait froid dans le dos…. Si 80 % d’un roman traduit de l’américain disparaît à la traduction, on peut supposer que 99,99 % d’un roman traduit du chinois risque de disparaître ! Est-ce le cas ? Nous n’en avons pas l’impression, mais ce sera aux lecteurs sinisants de le dire. Quant à la théorie sur la traduction, nous n’avons pas vraiment non plus de principes stricts, les questions ou problèmes sont envisagés au fur et à mesure qu’ils se posent, sans parti pris, en ayant toujours le souci de respecter le texte chinois, mais de rester compréhensible, accessible, et d’éviter de tomber dans le contresens de l’exotisme ou du mystérieux que les particularités de la langue et de la culture chinoises pourraient involontairement faire naître chez le lecteur.

Certains d’entre vous se souviennent des journées sur la traduction que nous avions organisées en février 2006, au cours desquelles nous avions étudié dans notre atelier le début du chapitre deux (Deuxième coup de canon) de ce roman. D’autres se souviennent aussi de la phrase interminable que j’avais proposée comme exemple de difficulté de traduction sur ce blog… Maintenant, nous avons tranché, nous avons fait des choix, pour affiner la traduction, au plus près du texte original, en espérant avoir restitué l’esprit et le style de ce roman, tout au moins « presque la même chose » comme dirait Umberto Ecco.

Noël et Liliane Dutrait

dimanche 14 septembre 2008

Billet de rentrée

Une bonne nouvelle pour commencer : votre blog a survécu aux vacances, aux J.O. et même aux deux premières semaines de ce mois de rentrée particulièrement chargé : ce billet même s'il n'a pas de véritable contenu devrait suffire à en confirmer la survie. Le voilà donc - après quelques problèmes d'ordre technique - de nouveau actif avec une foule de billets en attente - le temps de les rédiger et la patience pour les mettre en ligne me font pour l’heure cruellement défaut, mais les choses devraient s'arranger dans les semaines qui viennent -, et, presque hélas !, un nouveau moteur de surveillance.

En effet, Sitemeter a fait peau neuve ; s’il fournit encore plus généreusement que par le passé ses indiscrétions, il le fait dorénavant sous forme de graphiques tordus, de listes à peine lisibles, et de figures colorées comme celle ci-dessus qui indique que sur les 100 visites prises en compte, vous étiez 80 % d'Européens à nous visiter ; le reste se divisait comme suit : 8 % étaient localisés en Asie, 5 en Amérique du Nord, 2 en Amérique latine et en Afrique et 1 en Australie. La belle affaire ! Je regretterai longtemps l'ancienne présentation qui me permettait de mieux apprécier votre fidélité et la circulation qui s'était établie entre différents points de la toile, notamment avec les sites et blogs qui nous ont fait l'amitié d'inscrire notre adresse dans la liste de leurs liens privilégiés. Je pense notamment au blog du Visage Vert qui signalait tout récemment que nous partagions quelques curieux surfeurs et, sans aucun doute, la même curiosité et fringale pour la bonne littérature.

Avant de disparaître - momentanément ? - de la colonne de gauche de cette page, le compteur venait, sachez-le, de dépasser les 27000 visites. Ce n'est pas si mal, même si leur rythme quotidien s’était sérieusement détérioré au fil de cet été et que vous êtes nombreux à nous rencontrer au hasard de recherches souvent peu avouables ! Quoi qu'il en soit n'hésitez pas à faire grimper ce chiffre en revenant lire comment va s'organiser l'année qui débute pour notre équipe, en découvrant prochainement ses projets pour 2009, le changement de son identité institutionnelle, la concrétisation de ses projets en suspens, son implication dans différents colloques, voire, sait-on jamais, de nouvelles signatures, etc.

Pour ma part, je m'en tiendrai à la ligne de conduite arrêtée le 30 juin dernier et poursuivrai à une cadence que je souhaite plus soutenue mon survol des traductions françaises de littérature chinois ancienne, avec d'abord la suite de ma série sur les traductions de romans érotiques, mais aussi de bien d’autres choses encore (Tang Xianzu, notamment, ressuscité par André Lévy, et de quelques ouvrages qui sont déjà sortis ou vont prochainement paraître comme celui de Liu Dalin). A bientôt donc. (P.K.)