lundi 8 juin 2009

Mo Yan, l'Aixois

Dans un billet de ce blog du 25 mars 2009, Noël Dutrait se demandait quel titre français serait donné à Shēngsǐ píláo 生死疲劳, le quinzième roman de Mo Yan 莫言 bientôt disponible dans notre langue. La solution est maintenant connue. Sa traduction par Chantal Chen-Andro, annoncée au Seuil (collection « Cadre vert ») pour le 20 août 2009, devrait paraître sous le titre de La Dure Loi du Karma.

Gageons qu'il fera sensation à la rentrée. Certains comme, Enrica Sartorit (Le Magazine Littéraire.com), sont déjà très impatients de lire cette fresque romanesque qui jongle avec les réincarnations : « Un jeune propriétaire, dynamique et bon, est fusillé peu après le triomphe de Mao Zedong. Selon la loi du karma, il est condamné, pour ses fautes, à être réincarné en animal. Il sera âne, boeuf, cochon, chien, enfin singe, revenant sans cesse sur ses propres traces et auprès de ses descendants. L’auteur célèbre de Beaux seins, belles fesses, né en 1955, se met lui-même en scène dans ce récit qui traverse la « libération » maoïste à la Chine convertie à la société de marché. »

Il sera sans aucun doute question de cet ouvrage récemment primé comme des précédents lors de la rencontre qui se déroulera le jeudi 25 juin 2009 à 18h30 à l'amphithéâtre de la Verrière, Cité du Livre (Aix-en-Provence). En effet, Mo Yan sera une nouvelle fois Aixois et il dialoguera avec un de ses plus fidèles traducteurs, Noël Dutrait, qui, avec l'assistance de son épouse Liliane, a gagné à l'écrivain du Shandong un public fidèle et attentif. (P.K.)

dimanche 7 juin 2009

Gao video

L'ERD Gao Xingjian a, vous le savez, pour vocation de collecter tous les documents qui touchent à la personne et à l'œuvre du Prix Nobel de Littérature 2000, Gao Xingjian 高行健. Son fonds de ressources sonores et audiovisuelles ne cesse de s'enrichir grâce à une équipe dynamique et motivée. Ceux qui ont la possibilité de venir sur place peuvent les visionner dans les meilleures conditions techniques. Il se trouve qu'un certain nombre de matériaux est accessible plus directement sur internet et émane de sources diverses -- il en a été question plusieurs fois sur ce blog. Je voudrais ajouter à ce palmarès non exhaustif deux documents dont je viens de découvrir l'existence :
  • un extrait d'une conférence de presse donnée en octobre 2008 dans le cadre de la fête internationale du livre de Barcelone Kosmopolis (en français et en espagnol, 7:23) et disponible sur Blip.tv
  • La Nuit après la pluie qui est un court-métrage (19:46) de Julien de Casabianca, écrit par Gao Xingjian, avec Marion Amiaud et Vania Vaneau, mis en ligne par le Laboratoire de la création dont Gao Xingjian est le parrain. Ce film a été déposé sur Dailymotion par ce laboratoire qui se présente comme « une structure d'accompagnement et de professionnalisation de projets artistiques en développement » et qui va co-produire la prochaine mise en scène de Gao Xingjian, Ballade nocturne, qui sera montée à Paris en 2009.
En prime, une courte séquence d'Après le déluge montrant le travail d'étalonnage réalisé par Didier Feldmann. Voir ici. (P.K.)

Bahu gratuit

La volonté de représentants du peuple français de déposer un « amendement à la loi de modernisation économique visant à réduire à six mois - au lieu de deux ans - le délai à partir duquel peuvent être réalisés les soldes de livres » (LivresHebdo), nous vaut de voir circuler dans le réseau de l'association de libraires Initiales la traduction d'une nouvelle d'Anjana Appachana.

Celle-ci, proposée sous une belle couverture créée par David Pearson, le talentueux graphiste qui habille les publications des Editions Zulma, est gracieusement offerte par la maison Zulma et une bonne trentaine de libraires français.

La nouvelle dûment « traduite de l'anglais (Inde) » par Alain Porte occupe les pages 5 à 44 de ce petit volume qui deviendra sans doute une pièce de collection. Bahu signifie « belle-fille » mais sonne mieux que le mot français pour diffuser cette progressive prise de conscience de l'implacabilité des contraintes familiales indiennes qui s'imposent une fois mariée à une jeune femme émancipée et musicienne, et surtout à sa conclusion logique, attendue, et à la portée universelle. Elle est tirée d'un recueil paru sous le titre Incantations and Other Stories (1991) dont Zulma livrera bientôt une traduction intégrale.

Selon Meenakshi Mukherjee, le recueil « was marked by understatement and a laconic humour » alors que Listening Now (1998) également programmé chez le même éditeur serait le fruit d'une qualité diamétralement opposée : « excess ». Voici ce qu'Anjana Appachana qui s'est installée aux Etats-Unis disait à propos de cette œuvre : « However, in my novel, Listening Now, the political landscape lies in the fabric of daily life, which is as valid and vibrant as the other political landscape, and my story is determined largely by internal factors. Thus my novel gives voice to the ordinary by showing in the ordinary all the turbulence of passion and pain, happiness and sorry, guilt and anger, which is normally assumed to belong only to the extraordinary. The suffering and silence so implicit in gender politics, is often intimated and emphasized in the novel by comedy and humour. Themes of female bonding, female sexuality and mother-child relationships span three generations in a narrative that is not chronological, but elliptical. The novel is written in English, but the rhythms of the language and the metaphors, throughout, are wholly Indian. » [Lire le texte entier, ici : cette citation est l'occasion de vous recommander le site « Sawnet - The South Asian Women's NETwork » qui nous la fournit ; voir notamment sa très riche rubrique « South Asian Women Writers »]


Mais ne nous égarons pas et revenons à ce Bahu qui vous transportera dans le Delhi des années 1980. La vingtaine de pages qui l'accompagnent constituent un dossier militant présentant un « Appel du syndicat de la librairie française pour le maintien de la loi sur le prix unique du livre », ainsi que la présentation de cette loi et celle de l'association qu'on peut aussi découvrir grâce à un site. Y figure également la liste des librairies dans lesquelles vous pourrez trouver l'ouvrage [voir aussi ici], et je n'en doute pas bien d'autres raisons de vous réjouir de l'existence de ces bastions de résistance à la standardisation galopante. (P.K.)