dimanche 7 juin 2009

Bahu gratuit

La volonté de représentants du peuple français de déposer un « amendement à la loi de modernisation économique visant à réduire à six mois - au lieu de deux ans - le délai à partir duquel peuvent être réalisés les soldes de livres » (LivresHebdo), nous vaut de voir circuler dans le réseau de l'association de libraires Initiales la traduction d'une nouvelle d'Anjana Appachana.

Celle-ci, proposée sous une belle couverture créée par David Pearson, le talentueux graphiste qui habille les publications des Editions Zulma, est gracieusement offerte par la maison Zulma et une bonne trentaine de libraires français.

La nouvelle dûment « traduite de l'anglais (Inde) » par Alain Porte occupe les pages 5 à 44 de ce petit volume qui deviendra sans doute une pièce de collection. Bahu signifie « belle-fille » mais sonne mieux que le mot français pour diffuser cette progressive prise de conscience de l'implacabilité des contraintes familiales indiennes qui s'imposent une fois mariée à une jeune femme émancipée et musicienne, et surtout à sa conclusion logique, attendue, et à la portée universelle. Elle est tirée d'un recueil paru sous le titre Incantations and Other Stories (1991) dont Zulma livrera bientôt une traduction intégrale.

Selon Meenakshi Mukherjee, le recueil « was marked by understatement and a laconic humour » alors que Listening Now (1998) également programmé chez le même éditeur serait le fruit d'une qualité diamétralement opposée : « excess ». Voici ce qu'Anjana Appachana qui s'est installée aux Etats-Unis disait à propos de cette œuvre : « However, in my novel, Listening Now, the political landscape lies in the fabric of daily life, which is as valid and vibrant as the other political landscape, and my story is determined largely by internal factors. Thus my novel gives voice to the ordinary by showing in the ordinary all the turbulence of passion and pain, happiness and sorry, guilt and anger, which is normally assumed to belong only to the extraordinary. The suffering and silence so implicit in gender politics, is often intimated and emphasized in the novel by comedy and humour. Themes of female bonding, female sexuality and mother-child relationships span three generations in a narrative that is not chronological, but elliptical. The novel is written in English, but the rhythms of the language and the metaphors, throughout, are wholly Indian. » [Lire le texte entier, ici : cette citation est l'occasion de vous recommander le site « Sawnet - The South Asian Women's NETwork » qui nous la fournit ; voir notamment sa très riche rubrique « South Asian Women Writers »]


Mais ne nous égarons pas et revenons à ce Bahu qui vous transportera dans le Delhi des années 1980. La vingtaine de pages qui l'accompagnent constituent un dossier militant présentant un « Appel du syndicat de la librairie française pour le maintien de la loi sur le prix unique du livre », ainsi que la présentation de cette loi et celle de l'association qu'on peut aussi découvrir grâce à un site. Y figure également la liste des librairies dans lesquelles vous pourrez trouver l'ouvrage [voir aussi ici], et je n'en doute pas bien d'autres raisons de vous réjouir de l'existence de ces bastions de résistance à la standardisation galopante. (P.K.)

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