lundi 10 septembre 2007

BIBF 2007

Dans un intéressant article intitulé « La littérature internationale tente de percer en Chine » et mis en ligne le 3 septembre sur le site Aujourd'hui la Chine, Frédérique Zingaro présente la Foire Internationale du livre [Beijing guoji tushu zhanlanhui 北京国际图书展览会, BIBF] qui s'est tenue à Pékin entre le 30 août et le 3 septembre 2007 et présente les attentes françaises suscitées par cette manifestation.

Ce salon du livre de Pékin qui avait placé l'Allemagne à l'honneur pour sa 14ème édition est, indique-t-elle : « Une rencontre très importante pour tous les éditeurs répartis sur 1189 stands dont 550 étrangers, à la recherche de nouvelles publications à traduire ou soucieux de diffuser leur littérature nationale. »

La France avait été, vous vous en souvenez sans doute, mise à l'honneur en 2005 ce que rappelle les pages consacrées à ce rendez-vous annuel sur les site du Bureau International de l'Edition Française (BIEF] : « L’édition 2005 a marqué un tournant pour la foire internationale du livre de Pékin. C’était la première fois que les organisateurs lançaient une invitation d’honneur faite à un pays étranger : la France fut choisie. Une délégation d’une centaine d’éditeurs français avait donc fait le déplacement. Fort de cet éclairage exceptionnel, le BIEF renouvelle cette année sa présence avec un stand de 150 m, situé à côté de celui de la Russie, pays choisi pour cette nouvelle édition de la BIBF. Afin de conforter les rencontres et le travail de promotion déjà effectués en 2005, il est nécessaire de proposer une sélection de titres actualisée et adaptée à ce marché prometteur. Plus la diversité de la production française sera exposée, plus la curiosité des professionnels chinois s’accentuera. Notons, en effet, l’émergence de plus en plus forte d’agents et la tendance manifeste à une meilleure organisation des maisons d’édition chinoises pour faciliter les échanges à l’international. »

On lira aussi avec attention l’entretien avec Pierre-Guillaume de Roux des Editions du Rocher qui dresse le bilan suivant :
« Le travail capital de pionnier d’Etiemble chez Gallimard avec la collection Connaissance de l’Orient a fait date dans l’histoire de l’édition des quarante dernières années. Grâce à lui, la littérature chinoise est entrée dans la Pléiade avec de grands classiques comme Au bord de l’eau de Luo Guan Zhong ou Le Rêve dans le pavillon rouge de Cao Xueqin. Les traductions de Pierre Ryckmans (alias Simon Leys) ont été tout aussi capitales. Il ne faut pas non plus oublier le rôle essentiel de passeurs et d’initiateurs à la littérature chinoise que sont des écrivains français comme Frédérick Tristan qui s’est tant inspiré de la littérature de l’Empire du Milieu avec Le Singe égal du Ciel, La Cendre et la foudre, La Chevauchée du Vent. Ou Jean Levi qui s’est lui aussi directement inspiré de cette littérature. Pensons au Grand empereur et ses automates, ou au Rêve de Confucius ou à son essai sur La Chine romanesque (fictions d’Orient et d’Occident). Enfin, l’élection de François Cheng à l’Académie française a ouvert très officiellement le dialogue sino-français en termes littéraires. Il n’empêche que la fiction chinoise n’est hélas ! pas encore au premier rang de nos centres d’intérêt ; les éditeurs français étant pour l’instant beaucoup plus tournés vers la littérature anglo-saxonne et latino-américaine. C’est le moment ou jamais d’être très attentifs à ce qui s’y passe. Les ponts sont jetés. Il ne faut pas regarder le fleuve passer. On est médiatiquement matraqué par la Chine en général et par son développement économique spectaculaire. On ne doit pas se désintéresser de l’imaginaire qui en vient. Le succès retentissant de La Montagne de l’âme et du prix Nobel pour son auteur, Gao Xingjian, a montré un intérêt certain plus qu’une simple curiosité. »
Interrogé sur les perspectives des éditions dont il est le directeur littéraire, il répond :
« Le Rocher avait déjà publié le premier roman de Shan Sâ, Porte de la Paix céleste, ainsi qu’une somme de Bernard Brizay sur Le Sac du Palais d’été qui a été traduite en chinois en 2005. L’Histoire de la Chine de Danielle Elisseeff, parue dans la collection d’essais et biographies Le Présent de l’Histoire, est une excellente initiation à ce pays. Le livre d’Albert Londres La Chine en folie va être réédité dans la collection Motifs. La volonté du Rocher aujourd’hui est d’ouvrir plus largement le département étranger à la littérature chinoise contemporaine. Ce qui signifie dans un premier temps des contacts locaux à tous les niveaux, des contacts forcément personnels fondés sur la confiance et la relation professionnelle. Quant aux grandes manœuvres de cessions ou d’export, elles s’amorcent dès maintenant. Même si cela prendra du temps. La Chine reste mystérieuse. » [Lire la suite]
On trouve encore une présentation du Premier Festival de l'image dessinée française à Pékin de 2005. Pascal Abry explique « Pourquoi aller en Chine ? » et donne des informations sur un domaine qu'il connaît bien puisqu'il est le directeur de Xiao Pan, maison d'éditions basée à Figeac (Lot, 46) - patrie de Jean-François Champollion (1790-1832) -, spécialiste de la bande dessinée chinoise dont le site internet permet de découvrir une quarantaine de titres dus à quelque 27 auteurs exclusivement chinois qui méritent sans doute le détour.

Pour tout savoir sur la dernière Beijing International Book Fair, il suffit de visiter le site de la manifestation : en chinois (ici) ou en anglais (ici). (P.K.)


Ajout du 13/09/07 : je me permets d'ajouter dans le corps de ce billet le commentaire que Noël Dutrait lui a apporté (P.K.) :

On reste confondu par l'ignorance totale de la situation de la traduction de la littérature chinoise vers le français de la part d'un professionnel comme M. De Roux des éditions du Rocher. Il mélange allègrement la littérature écrite par des écrivains chinois et celle des écrivains français inspirés par la Chine. De plus, selon lui, il n'y aurait quasiment rien entre le travail fourni par Etiemble et la publication de l'oeuvre de Gao Xingjian. Il semble ignorer le travail effectué par Philippe Picquier, Bleu de Chine, les éditions de l'Aube, Le Seuil, Actes Sud, Gallimard, Albin Michel, Stock et bien d'autres dans ce domaine. Si ce Monsieur veut lire les romans de Yu Hua, Mo Yan, Wang Anyi, Han Shaogong, A Cheng, Chi Li, Fang Fang, Jia Pingwa, Liu Xinwu et bien d'autres encore, il a vraiment du pain sur la planche, mais il faut qu'il sache, s'il représente la France à l'étranger, que des centaines de romans ont été publiés et ont souvent rencontré un succès considérable auprès du public francophone. Et je ne parle ici que de littérature contemporaine. D'autres oeuvres de littérature moderne et surtout de littérature classique ont vu le jour dans leur traduction française et ont obtenu un réel succès. Le plus curieux est qu'un important travail de recension de ces oeuvres a été effectué à l'occasion du Salon du Livre de Paris dont la Chine était l'invité d'honneur. Le résultat de ce travail a été présenté abondemment dans des revues comme Le magazine littéraire, Lire et bien d'autres...
Espérons que notre blog permettra d'éviter qu'à l'avenir des propos aussi loins de la vérité continuent à être publiés. (N.D.)