Voir l'article de Chinanews.com attaché à ce cliché, ici.
Comme l'écrit si bien Michel Delon, « la Bibliothèque nationale s'exhibe », « se retrousse » entre le 4 décembre 2007 et le 2 mars 2008 ; elle expose son « Enfer » [Voir ici]. Cet événement culturel abondamment commenté dans les médias et accompagné d'un catalogue de 470 pages (Ed. de la BNF), a conduit le Magazine Littéraire à consacrer un dossier à cette part souvent occultée de la littérature française et mondiale : « Les enfers du sexe de Sade à Houellebecq » [n° 470, décembre 2007, pp. 28-64]. L'essentiel du dossier se penche sur le rapport que la France a entretenu avec ses débordements littéraires et artistiques avec une foule de références bibliographiques [voir le complément en ligne, ici] et d'illustrations dont des trésors d’édition rarement exposés. Pages 58 à 63 - « Le monde selon X » -, il est question de la manière dont le sexe s'écrit sous différentes longitudes des Etats-Unis à la Chine, en passant par l'Inde et le Japon, mais aussi les Caraïbes, l'Afrique, l'Espagne et les pays arabes.
Dans sa présentation de « L'érotisme sans tabou » du Japon, Claude Michel Cluny évoque Kawabata Yasunari 川端康成 (1899-1972), Tanizaki Jun'ichirô 谷崎潤一郎 (1886-1965), Nosaka Akiyuki 野坂昭如 (1930-), Mishima Yukio 三島由紀夫 (1925-1970), Shintaro Ishihara 石原慎太郎 (1932-), Abe Kôbô 安部公房 [ (1924-1993) et les nouvelles tendances de la création littéraires contemporaines qu'on peut découvrir grâce à différentes anthologies, mais signale aussi l'influence très grande prise ces dernières années par le manga et le cinéma. Pour poursuivre cette découverte et l'élargir, je vous conseille de vous rendre sur Shunkin.net, excellent site entièrement consacré à la littérature japonaise et à son actualité.
Directeur de la collection « Domaine indien » aux éditions du Cherche Midi, Jean-Claude Perrier traite, pour sa part, de cette nouvelle littérature indienne qui « a mis longtemps à s'affranchir de l'héritage castrateur de la prude Angleterre victorienne », « renouant ainsi avec la tradition hindoue, celles des amours tumultueuses et polymorphes de ses dieux » qu'on trouve notamment dans le Kama-sutra. Son billet – « Des écrivains décomplexés » - consacre quatre auteurs, savoir Tarun Tejpal, Upamanyu Chatterjee (1959-), Abha Dawesar (voir ici), tous trois présents au Salon du livre de Paris de cette année, et Raj Rao qui « a offert à l'Inde son premier roman homosexuel » (Boyfriend. Le Cherche Midi, 2005).
« Une obsession contemporaine » est le titre que Noël Dutrait a donné au volet chinois de ce survol oriental et dans lequel il rappelle le rôle pionnier joué par Jia Pingwa 賈平凹 (1952-) dans l'évocation, ou plutôt son scandaleux contournement, de la sexualité dans sa Capitale déchue (1997, trad. de Feidu 廢都, 1993). Avant lui, un seul nom : celui de Liu Xinwu 劉心武 (1942-) pour une nouvelle de 1982, « premier texte, osant évoquer l'amour légitime entre hommes et femmes » après la Révolution culturelle ; après Jia, rien ne va plus comme avant : des auteurs de qualité - Wang Xiaobo 王小波 (1952-1997), Mo Yan 莫言 (1956-), Yan Lianke 閻連科 (1958-), Gao Xingjian 高行健 - font une place importante au sexe, et des jeunes femmes délurées - Mian Mian 棉棉 (1970-), Wei Hui 衛慧 (1973-), Mu Zimei 木子美(1978-) - en font le seul argument de leurs autofictions.
Cette synthèse sur la situation chinoise peut être complétée par la lecture du Petit précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine que Noël Dutrait a révisé et augmentée l'année dernière [Philippe Picquier, (2002) 2006] et un coup d'oeil aux actes de notre colloque passé « Traduire l'amour, la passion, le sexe dans les littératures d'Asie » (Aix-en-Provence, 15-16/12/06) [ici] qui fournit des aperçus sur des espaces et des époques que le Magazine littéraire et ses collaborateurs ont dû laisser dans l'ombre faute d'espace ou de curiosité.
NB : Certaines des communications données en décembre dernier n'ont pas encore été mises en ligne ; le tableau n'est donc pas encore complet --- gloire en soit rendue aux adeptes de la procrastination au long cours ! M'inspirant de leur art du savoir surseoir, je remets à plus tard la publication de la suite naturelle de ce billet qui est une modeste présentation de ce qu’on peut lire en français de la littérature érotique de la Chine ancienne. A Diable sait quand, donc ! (P.K.)
NB : Certaines des communications données en décembre dernier n'ont pas encore été mises en ligne ; le tableau n'est donc pas encore complet --- gloire en soit rendue aux adeptes de la procrastination au long cours ! M'inspirant de leur art du savoir surseoir, je remets à plus tard la publication de la suite naturelle de ce billet qui est une modeste présentation de ce qu’on peut lire en français de la littérature érotique de la Chine ancienne. A Diable sait quand, donc ! (P.K.)