Cinq mois après la sortie de notre traduction des Quarante et un coups de canons de Mo Yan, force est de constater que les articles à son sujet ne sont pas très nombreux par rapport aux innombrables recensions dont a fait l’objet Beaux seins belles fesses du même auteur paru en traduction française en février 2004. Etait-ce le titre plus accrocheur et la couverture un peu coquine de ce dernier qui a amené la plupart des quotidiens français et les hebdomadaires à encenser cet ouvrage. C’était aussi l’année où la Chine était l’invitée d’honneur du Salon du livre de Paris, salon au cours duquel Mo yan fut abondamment interviewé à la télévision et à la radio. Il est vrai que dans le cas de notre traduction des Quarante et un coups de canons, la couverture n’est pas très attirante. Cette immense carcasse de bœuf écorché, si elle peut rappeler les peintures de Soutine ou de Bacon, n’est peut-être pas des plus ragoûtantes et a peut-être gêné l’acheteur… Mo Yan, lui-même, nous a demandé par courrier électronique si cette couverture n’était pas un peu trop effrayante ! Ceci dit, les critiques littéraires ne s’arrêtent pas à la couverture des livres dont ils rendent compte. Bertrand Mialaret de Rue89, a immédiatement rendu compte de sa parution dans un article où il a indiqué : « La gloutonnerie fait suite à la faim qu’a connue Luo Xiaotong dans ses jeunes années. Le corps et l’ensemble de ses fonctions est omniprésent : torrent rabelaisien du verbe, une grande vitalité, une grossièreté joyeuse et parfois scatologique. »
Dans La Quinzaine littéraire du 16 au 28 février 2009, Maurice Mourier a écrit un long article à son sujet. Pour lui, le roman « reste de bout en bout vraiment mystérieux ». Il estime que le fait que l’enfant, Luo Xiaotong, avoue d’emblée qu’il est un enfant-canon, donc un menteur, permet au narrateur de dire de nombreuses vérités sur la société chinoise en se protégeant derrière un personnage de menteur invétéré. Il souligne aussi que : « Le tout, de plus, est souvent d’une drôlerie rabelaisienne qui, n’était le contexte franchement répugnant, ferait chaud au cœur. » Et il cite Baudelaire : « J’ai pris ta boue et j’en ai fait de l’or. » Ce long article souligne la valeur de ce « texte dont l’essence, consiste en un jeu littéraire étourdissant sur le thème de la satiété inaccessible et du plaisir de la parole.»
Enfin, dans la « Lettre d’Asie » qu’elle publie chaque semaine dans Le Monde, et sous le titre, jeu de mot bien trouvé : « En chair et en eau », Sylvie Kauffmann évoque ce roman en établissant un parallèle avec des pratiques de trafic de viande dans laquelle de l’eau a été injectée, dénoncées récemment lors de la dernière session de la Conférence politique du peuple chinois. Voir ici. Elle le dit justement : « La réalité dépasse la fiction » ! On peut lire l’article en entier ici.
Pendant ce temps Mo Yan continue à engranger les prix littéraires. Après le prix de la Hong Kong Baptist University, il a obtenu le premier prix Newman de littérature de l’Université de l’Oklahoma. On peut écouter son savoureux discours de réception ici ou sur YouTube.
Pendant ce temps Mo Yan continue à engranger les prix littéraires. Après le prix de la Hong Kong Baptist University, il a obtenu le premier prix Newman de littérature de l’Université de l’Oklahoma. On peut écouter son savoureux discours de réception ici ou sur YouTube.
Au fait, le roman pour lequel il a obtenu ces prix est intitulé en chinois 生死疲劳, traduit en anglais Life and Death are wearing me out. Je ne sais quel titre portera la traduction de Chantal Chen-Andro qui doit paraître au Seuil en septembre, mais il me semble que ce n’est pas un titre facile à traduire, même si Mo Yan écrit en exergue de son roman : 佛 说 :生死疲劳,从贪欲起。少欲无为, 身心自在。Une phrase célèbre tirée du Soutra de l’éveil parfait 圆觉经。(N.D).
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