Il a été récemment plusieurs fois question de littérature vietnamienne sur ce blog et il en sera à nouveau question bientôt avec un compte-rendu de la visite de Duong Thu Huong à Aix-en-Provence. C'est la réception d'une invitation qui me donne aujourd'hui une nouvelle fois l'occasion de la mettre à l'honneur. La voici :
vous convient à une conférence-débat
« Exil et amour »
autour du roman
Chinatown de Thuân
avec la participation de l'auteur,
Hélène Fieschi (agrégée de lettres),
Nguyên Ngoc Giao (rédacteur en chef de la revue Dien Dan Forum)
Doan Cam Thi (traductrice et maître de conférences à l’Inalco).
Le samedi 4 avril à 17 h
« Exil et amour »
autour du roman
Chinatown de Thuân
avec la participation de l'auteur,
Hélène Fieschi (agrégée de lettres),
Nguyên Ngoc Giao (rédacteur en chef de la revue Dien Dan Forum)
Doan Cam Thi (traductrice et maître de conférences à l’Inalco).
Le samedi 4 avril à 17 h
Librairie le Phénix, 72 boulevard de Sébastopol, Paris 3e
Merci de confirmer votre présence au 01 42 72 70 31 - contact@librairielephenix.fr
Merci de confirmer votre présence au 01 42 72 70 31 - contact@librairielephenix.fr
Le message d'invitation portait également une présentation du roman – j'en fais l'économie et vous renvoie à l'excellent billet que nous a offert dernièrement Doan Cam Thi, traductrice de Chinatown -, et un lien vers un article de Jean-Claude Pomonti, « Les écrivains vietnamiens s'attaquent aux tabous », paru dans Le Monde Diplomatique (Décembre 2007, p. 27). Du même auteur, on peut lire « Deux écrivaines, deux regards vietnamiens contemporains » paru en janvier dernier dans Cambodge Soir Hebdo (n° 67, 22-28/1/2009), article dont la première partie est consacrée à Duong Thu Huong pour Au Zénith, la deuxième à Chinatown de Thuân. En voici, grâce à Doan Cam Thi que je remercie, un extrait :
Thuân, que je n’ai jamais rencontrée, plonge le lecteur dans l’universel. Chinatown trouve son inspiration dans un épisode obscur de l’histoire contemporaine du Vietnam : le drame que les Chinois de ce pays ont vécu au tournant des années Soixante-dix et Quatre-vingts, au faîte du divorce – marqué par une guerre frontalière sanglante – entre Pékin et Hanoï. Les Hoa – ainsi appelle-t-on les Chinois du Vietnam – sont au ban de la société. La narratrice raconte son amour, éternel, pour Thuy. Il est Chinois, donc paria. Au lycée, dans ces années terribles, il est tenu à l’écart, comme tous les Chinois qui ne sont pas partis. Tout le monde assure cette quarantaine, les élèves, les enseignants, la Jeunesse communiste… Les deux amoureux en souffrent. Les parents de la narratrice désapprouvent cette liaison, ils ont tout investi dans leur fille, ils ne comprennent pas, ils détestent les Chinois. Elle devra se rendre en Russie y suivre des études supérieures. Mais ces longues années de séparations ne changent rien. Ils se marient au bout du compte. Un garçon naît de leur union, Vinh. Le début de la fin se noue peu après cette naissance. Thuy finit par fuir Hanoï après tant d’humiliation. Thuy s’ennuie, pour des raisons obscures. Leur univers se désintègre. La narratrice en prend acte. Elle le voit s’éloigner sans pouvoir le retenir, lui parler, le retrouver. Elle s’en va donc, accompagnée de son témoin, Vinh, qui grandira à Belleville. Elle n’a pas envie d’oublier Thuy, pas un seul instant, à en perdre l’envie de le voir, de lui écrire, de lui parler. Sans paragraphes, sans chapitres, le récit est d’une étonnante limpidité, encouragée par des reprises de phrases fortes et les deux extraits, qui le jalonnent, d’un autre roman, I’m yellow. En racontant cette errance avec une grande fraîcheur, l’auteur promène son regard sur la France, la Russie, Hanoï, les Chinatown, – de Belleville au XIII° arrondissement, en passant par Cholon. Elle décrit l’évolution de ces mondes à l’heure de la fin de la Guerre froide, jusqu’aux années 2000. Ce qui les lie, ce qui les sépare. De la vie au jour le jour à Hanoï la socialiste à l’ex-Union soviétique au temps de Gorbatchev ou à ses trois heures de trajet quotidien pour rejoindre le collège de la banlieue parisienne où elle enseigne. Regard de Vietnamienne, regard d’étudiante, regard d’immigrée. Dans le métro, Vinh, douze ans, rêve du « pays le plus étendu du monde » – une « Chine sans frontière, tous les Chinatown confondus ». Il s’endort la tête contre l’épaule de sa mère, la narratrice, laquelle se demande ce que fait Thuy à Cholon au même moment. Et s’il l’aime encore.On peut télécharger l'article complet en format pdf à partir d'une page du Dien Dan Forum et également le lire en vietnamien en cliquant ici. Vous n'avez que l'embarras du choix. (P.K.)
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