Il s'agissait, rappelez-vous, de trouver duquel des livres signalés dans un choix de lectures estivales provenait une intéressante citation concernant la lecture. L'illustration retenue pour le billet qui proposait cette innocente devinette estivale aurait pu vous mettre sur la piste car le célèbre tableau intitulé « La lectrice » peint par Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) en 1770-1772 avait plus de vingt ans quand ces lignes furent écrites par Ann Radcliffe (1764-1823) dans Les Mystères d'Udolphe, soit à peine plus que l'âge d'Emilie, l'héroïne de ce chef-d'œuvre du roman gothique : The Mysteries of Udolpho (1794).
Pour ceux qui n'auraient pas été séduits par la traduction de Victorine de Chastenay (1797) proposée dans le volume n° 3493 de la collection « Folio classique » (Gallimard, 2001. Edition de Maurice Lévy, 904 pages, p. 515) voici la version originale :
« Emily sought to lose the sense of her own cares, in the visionary scenes of the poet; but she had again to lament the irresistible force of circumstances over the taste and powers of the mind; and that it requires a spirit at ease to be sensible even to the abstract pleasures of pure intellect. The enthusiasm of genius, with all its pictured scenes, now appeared cold, and dim. As she mused upon the book before her, she involuntarily exclaimed, 'Are these, indeed, the passages, that have so often given me exquisite delight? Where did the charm exist?-- Was it in my mind, or in the imagination of the poet? It lived in each,' said she, pausing. 'But the fire of the poet is vain, if the mind of his reader is not tempered like his own, however it may be inferior to his in power.' »Le roman d'Ann Radcliffe qui plut aussi bien à Jane Austen (1775-1817) qu'à une pléiade d'écrivains dont Balzac, Hugo et Nodier (voir l'érudite préface de Maurice Lévy, pp. 7-44, notamment page 8), inspira sitôt publié au C. Alexandre D[uval] (1767-1842), un « Drame en cinq actes et en prose » intitulé Montoni ou Le château d'Udolphe publié en l'An VI (1795-1796). Les plus curieux peuvent aller le lire sur Gallica.
On peut aussi faire l'économie de cette lecture très datée pour se consacrer entièrement à l'œuvre initiale. En effet, il n'y a plus de temps à perdre à quelque cinq jours de la rentrée. La prochaine devinette qui portera le numéro 16 et les suivantes devraient être plus directement orientées vers la littérature chinoise ancienne et ceux qui ont contribué à mieux la faire connaître chez nous. (P.K.)
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