L'absence de billet sur le Japon et sa littérature dans les colonnes de ce blog ne signifie pas que notre équipe se désintéresse de ce continent littéraire si riche. Loin de là ! Cette présente incursion en terre nippone en fournira une modeste preuve. Néanmoins, elle n'ambitionne pas d'éponger à elle seule le retard accumulé comme le ferait un castella 카스텔라 asséché par deux années d'attente --- cette métaphore osée parlera à tous ceux qui ont assisté à la communication de Hye-Gyeong Julie Kim-De Crescenzo, intitulée « Traduire la nuance dans le texte littéraire coréen » et donnée lors de notre dernier colloque, succulente communication pendant laquelle il fut notamment question d'un certain gâteau mousseline japonais d'origine portugaise, le kasutera カステラ, appelé en anglais « Japanese sponge cake ».
Ce billet hasardeux au titre codé se contentera donc de fournir sans trop les commenter des liens vers des sites utiles croisés récemment et qui sont en relation avec le projet d'inventaire des traductions françaises des littératures d'Asie dont j'ai eu l'honneur de parler à l'occasion du même colloque et que j'avais évoqué ici même voici presque un an :
- Shunkin.net : ce site, régulièrement mis à jour, est consacré aux traductions françaises de littérature japonaise. Il traitre de la production de quelque trois cents auteurs et recense plus de mille titres avec, à chaque fois, la présentation des éditeurs et des liens internet utiles. Il a aussi ouvert deux dépendances : une consacrée à Tanizaki Jun'ichirō 谷崎潤一郎 (1886-1965), l'autre à Yumeno Kyûsaku 夢野久作 (1889-1936) et surtout à Dogra-Magra ドグラ・マグラ (1935), « son chef-d’œuvre, un roman inclassable de sept cent pages, qu’il mit plus de dix ans à écrire » et que Patrick Honnoré, webmaster de Shunkin.net, a traduit, en 2003, pour les Editions Philippe Picquier ainsi que six autres textes : « Œuvre stupéfiante, inclassable, Dogra Magra est à la fois une performance d'écriture inégalée et un extraordinaire roman policier au programme paradoxal : un roman où l'assassin est la victime… Ce roman place l'auteur sur un pied d'égalité avec Kafka et Poe. »
- Japanese Literature Publishing Project (JLPP) : Où l'on retrouve Dogra Magra et grâce à Simon Brossard, on apprend justement que ce « Roman fantastico-policier hors-norme d'un auteur atypique des premières années de l'ère Showa, encore inconnu en France, [...] méritait bien d'inaugurer le programme du JLPP ». Si le site francophone de ce Programme d'aide à la traduction et la Publication de la Littérature Japonaise propose depuis peu un nouvelle interface graphique (28/09/2008), la mission du JLPP reste la même depuis sa création en 2002 par l’Agence Japonaise des Affaires Culturelles (Bunkachō). « Il s'agit de conduire un vaste projet de promotion de la littérature japonaise en soutenant financièrement la traduction et la publication d’œuvres majeures de la littérature japonaise moderne et contemporaine (globalement post-Meiji), en anglais, français, allemand et russe, et encore inédites dans chacun de ces domaines linguistiques. » Une base des traductions françaises est consultable sur le versant français, comme les traductions anglaises sur le site anglais, idem pour le russe et l'allemand. Un passage par le site japonais s'impose pour ceux qui, naturellement, peuvent lire cette langue. Notons au passage que le programme JLPP 2008 d’aide à la traduction a retenu pour partie des ouvrages et des auteurs sélectionnés sur le thème du voyage --- comme le premier numéro de notre revue en ligne, Impressions d'Extrême-Orient (IDEO), dont la mise en ligne est imminente.
La page de liens du JLPP permet d'accéder au site des Editions Philippe Picquier et à Shunkin.net, comme à un certain nombre de sites dont les deux suivants :
- Plathey.net qui est un « site personnel bien documenté et régulièrement mis à jour : critiques de livres, bibliographies et biographies d’une trentaine d’écrivains contemporains »
- La Société Française des Études Japonaises dont la page « actualités » lindique qu'en même temps que nous à Aix-en-Provence, s'est tenu à la Cité Internationale universitaire de Paris, Maison du Japon un Colloque international organisé par l'Inalco et ICU (Tôkyô), sur « La parodie dans la culture japonaise ». Elle annonce également la prochaine tenue du Quatrième Colloque d'Etudes Japonaises de l'Université de Strasbourg, sur le thème « Censure, autocensure et tabous », du 19 au 22 mars 2009, Université de Strasbourg, Colmar, CEEJA
Pour finir ce survol trop rapide, je me pencherai sur une des dépendances de la Japan Foundation qui est « the first organization that specializes in international cultural exchange in Japan ». Cette base de données qui a pour nom The Japanese Literature in Translation Search, « covers Japanese literary works translated into other languages, mostly after World War II. Searches can be made either in Japanese character or Roman letters. » Elle est régulièrement mise à jour comme en atteste la présence d'une fiche pour une traduction française toute récente, savoir Errances dans la nuit (暗夜行路, 1921) de Shiga Naoya 志賀直哉 (1883-1971) dont Shunkin.net parle ainsi : « Dès sa sortie de l'école des Nobles en 1906, Shiga Naoya suivit des cours de littérature anglaise à l'université de Tôkyô mais interrompit bientôt ses études pour se consacrer à l'écriture. Il compte parmi les pionniers qui forgèrent le japonais moderne à partir du langage parlé. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains du Japon contemporain. » Voici la fiche :
Titre : Errances dans la nuit
Author (Japanese) 志賀直哉
Author (Japanese Kana) シガナオヤ
Author SHIGA Naoya
Date of Birth 1883
Date of Death 1971
Original Title (Japanese) 暗夜行路
Original Title (Japanese Kana) アンヤコウロ
Original Title An'ya koro
Title Errances dans la nuit
Translator Marc Mecreant
Language FRE
Collection Title
ISSN / ISBN 9782070772773
Company and Place of Publication Editions Gallimard, Paris
Country of Publication FRANCE
Page 503
Date of Publication 2008
JBN
Pour être complète, il y manque, pour le moins la mention, de la collection « Connaissance de l'Orient », ainsi qu'un avis sur la qualité du travail réalisé par le traducteur, la présence ou non d'un appareil critique, la nature de ce paratexte ….
Dans Errances dans la nuit, nous dit l'éditeur, « Le narrateur doit faire face à deux crises morales successives. La première est liée à ses tentatives d'épouser une personne proche de sa famille. Son frère lui révèle alors qu'il est un enfant du péché, fils de sa mère et de son grand-père, le beau-père de sa mère. La seconde a lieu, lorsque, après un mariage réussi, son enfant meurt ». Cette œuvre, déjà traduite en anglais et en bulgare, et son auteur font l'objet de l'attention de plusieurs sites que seul le japonisant sera en mesure de goûter [voir ici et là]. Gageons que les autres se contenteront de la traduction en dégustant des castellas. (P.K.)
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