C'est souvent, l'avez-vous remarqué, quand on est pressé par quelque obligation supérieure et/ou empêtré dans plusieurs besognes à rendre dans les meilleurs délais, que l'on tombe sur un livre que l'on croyait vidé de son intérêt par les années, daté, livre qu'on a négligé pendant qui sait combien de temps, 10, 20 ou 30 ans, et qui, dès qu'on le parcourt, accapare l'esprit au point de rendre tout le reste secondaire. On se délecte alors de sa réapparition soudaine et inattendue, ravi que cet opus sorti du champ de vision fasse surgir des sujets qu'on croyait n'avoir jamais été abordés aussi pertinemment, rendant les avis fraîchement énoncés par d'autres, tout à coup, bien fades et sans relief.
Pour vous faire partager mon émoi et, par la même occasion, vous faire perdre un peu de votre précieux temps, je vais, en guise de douzième devinette, vous soumettre un extrait tiré d'une de ces lectures délicieusement intempestives .... dont je ne vous révélerai l'identité que lorsque j'aurai rattrapé un peu de mon retard. Voici le passage qui, comme le numéro un d’Impressions d'Extrême-Orient, la revue en ligne à laquelle nous travaillons d’arrache-pied, parle de voyage. Il y est question des récits de voyage en Chine et des enseignements qu'on en peut tirer :
Il est rare (et normal) que les livres sur la Chine soient seulement des livres sur la Chine. Au temps de la « grande lueur de l'Est », les livres sur l'U.R.S.S. étaient rarement des livres simplement consacrés à l'U.R.S.S. On peut à la rigueur trouver un récit de voyage chez les Pygmées, en Suède ou dans les Cévennes, qui se limite à décrire comment c'est dans la Grande Forêt, à Upsala ou sur le causse Méjean. Mais tout le monde cherche aussi à Pékin comme ça devrait être à Flins, comment ce n'est pas à Moscou, ce que ça pourrait être à Détroit. Avec le risque de décrire, à la fin, ce qui serait souhaitable à Pékin en croyant avoir vu ce qui serait réel.De qui sont donc ces lignes ? (P.K.)
Les voyageurs en Chine ne se bornent pas, en général, à rendre compte de ce qu'ils ont vu là. Ils règlent aussi, indirectement, des comptes avec ce qu'ils ont espéré voir ailleurs, et ont été déçus ou enragés de ne pas voir, en U.R.S.S., à Cuba, dans le « socialisme arabe » imaginaire. [.../...] Neufs récits de voyages sur dix sont le reflet d'une présence objective, celle de l'immense Chine, et l'ombre portée d'une absence, d'un creux et d'un manque. Stendhal : « Je tremble toujours de n'avoir écrit qu'un soupir quand je crois avoir noté une vérité. » Il y a autant, et parfois plus, de soupirs que de vérités dans la littérature occidentale sur la Chine.
7 commentaires:
oh! une devinette. par quel bout commencer? je me lance . un écrivain né en 1922 et mort en 2007 serrait-il la réponse à la devinette? françoise.P
C’était bien tenté. Mais notre auteur n’est pas l’auteur de « The Sirens of Titan » (1959) et de « Mother Night » (1961), dans lequel on peut lire « We are what we pretend to be, so we must be careful about what we pretend to be », savoir Kurt Vonnegut, né le 11/11/22 et mort le 11 avril 2007.
Ce n’est pas plus Jean Chesneaux né la même année et qui nous a quitté le 23 juillet 2007 [voir l’article que lui a consacré P. Haski : http://www.rue89.com/chinatown/jean-chesneaux-1922-2007-sinologue-et-militant].
L’auteur qu’il faut identifier est, c’est un indice supplémentaire – j’en donnerai un à chaque tentative infructueuse -, né la même année qu’un secrétaire général du PCC qui succomba à un infarctus en 1989. Bonne chance.
Le lien complet pour accéder à l'article de P. Haski sur Jean Chesneaux est :
http://www.rue89.com/chinatown/
jean-chesneaux-1922-2007-
sinologue-et-militant
Le dernier volume paru de la revue «Etudes chinoises» [vol. XXVI, année 2007] s'ouvre sur un hommage d'Alain Roux intitulé «L'oeuvre de Jean Chesneaux : essai pour un bilan sincère»(pp. 11-17). Il est suivi d'une bibliographie (pp. 18-20).
Puisqu'on a la date de naissance, j'ouvre une nouvelle piste : un écrivain (et poète) mort la même année que Deng Xiaoping serait-il l'auteur de ces lignes ?
Liliane D
bon pour jean Chesneaux il ne me reste qu'à le lire. j'ai trouvé un certain c.R. né en 1915 ( même année que Hu Yaobang ) et un livre Tresor de la poésie. j'aurai droit à un autre indice ou!!!!!. françoise P
aurions nous trouvé ? je le crois laissons du temps pour d'autres curieux. que de livres!!! mais comment faire pour lire autant. avez vous une solution ? à bientôt. françoise P
Chère Françoise P., vous n'avez plus besoin d'indice, car vous avez trouvé ! Bravo !
Merci de conserver le secret quelques jours encore, il faut que je finisse le volume 14 du "Visage vert" que j'ai reçu ce matin, puis "L'oreiller magique" de Tang Xianzu traduit par André Lévy, reçu hier, et puis une revue - Théâtre/Public, n° 186/187 - qui propose pas moins de cinq pièces de Guan Hanqing ..... ah ! j'oubliai : il faut que j'achève "The Painted Veil" (1925, La Passe dangereuse) de Somerset Maugham... mais, au fait, où l'ai-je mis ?....
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