Ce n'est que dans plus d'un mois, soit le 10 novembre 2007, que sera finalement dévoilé le nom du lauréat du premier Man Asian Literary Prize 曼氏亞洲文學獎. Ce prix couronnera le meilleur « Asian novel unpublished in English ». Soutenu par un groupe privé et organisé conjointement par le Hong Kong International Literary Festival, l'Université of Hong Kong et la Chinese University of Hong Kong, ce prix vise à faire connaître au delà de leur ère culturelle d'origine de nouveaux auteurs asiatiques et à faciliter la publication et accessoirement la traduction en anglais de leurs œuvres, tout en mettant l'accent sur l'extraordinaire développement de la création littéraire en Asie. La sélection du lauréat qui se verra remettre 10 000 $ quand son traducteur n'en recevra que 3000, se fait en plusieurs étapes : la dernière qui se déroulera pendant la troisième semaine du mois d'octobre amènera un jury à retenir un des vingt titres présélectionnés en juillet. Cette « long list » a été rendue public le 20 juillet dernier. La voici :
- Tulsi Badrinath, The Living God (Inde)
- Sanjay Bahadur, The Sound Of Water (Inde)
- Kankana Basu, Cappuccino Dusk (Inde)
- Sanjiv Bhatla, InJustice (Inde)
- Shahbano Bilgrami, Without Dreams (Pakistan)
- Saikat Chakraborty, The Amnesiac (Inde)
- Jose Dalisay Jr., Soledad’s Sister (Philippines)
- Reeti Gadekar, Families at Home (Inde)
- Guo Xiaolu, 20 Fragments of a Ravenous Youth (Chine)
- Ameena Hussein, The Moon in the Water (Sri Lanka)
- Nu Nu Yi Inwa, Smile As They Bow (Birmanie)
- Jiang Rong, Wolf Totem (Chine)
- Hitomi Kanehara, Autofiction (Japon)
- N S Madhavan, Litanies of Dutch Battery (Malaisie)
- Laxmi Narayan Mishra, The Little God (Inde)
- Mo Yan, Life and Death Are Wearing Me Out (Chine)
- Nalini Rajan, The Pangolin’s Tale (Inde)
- Chiew-Siah Tei, Little Hut of Leaping Fishes (Malaisie)
- Shreekumar Varma, Maria’s Room (Inde)
- Anuradha Vijayakrishnan, Seeing The Girl (Inde)
- Sujatha Vijayaraghavan, Pichaikuppan (Inde)
- Xu Xi, Habit of a Foreign Sky (Hong Kong)
- Egoyan Zheng, Fleeting Light (Taiwan)
Chacun appréciera selon ses goûts et ses compétences cette première sélection réalisée à partir d'un éventail très large de quelque 240 ouvrages écrits directement en anglais (!) ou traduits d'une demi-douzaine de langues asiatiques.
Restent donc en lice 12 auteurs indiens, une Pakistanaise, un Philippin, une Srilankaise, une Birmane, deux auteurs malais, une Hongkongaise, un Taiwanais, une seule Japonaise et trois auteurs chinois. Un document au format pdf permet de faire connaissance avec ces auteurs à la notoriété plus ou moins grande, je vous y renvoie >> ici.
Plusieurs générations d’auteurs de notoriété très diverses sont représentées : la cadette de cette sélection est la surprenante japonaise Kanehara Hitomi 金原ひとみ (1983), de 37 ans la cadette de celui qui semble être le doyen de cette sélection, le Chinois Jiang Rong, né en 1946.
Pour nous en tenir au domaine chinois, il est représenté par cinq personnalités très différentes les unes des autres, non seulement par le parcours, mais aussi la nature de leurs écrits :
- Egoyan Zheng (Yigeyan 伊格言) de son vrai nom Zheng Qianci 鄭千慈, est né en 1977 à Tainan. Il est diplômé de l'Université Tamkang en littérature chinoise après avoir fait des études médecine et de psychologie. Il a publié son premier roman à l'âge de 26 ans. Pour le découvrir, il faut se rendre sur son blog >> ici. L’ouvrage pour lequel il a été retenu, Fleeting Light (Liuguang 流光) est encore inédit.
- De même, on apprend tout sur la sino-indonésienne Xu Xi native de Hong Kong où elle a déjà publié six ouvrages (des essais et des romans) ainsi que des anthologies de littérature hongkongaise en anglais, en visitant son site (ici), excepté son âge et les caractères de son nom : les articles en chinois qui parlent du Prix, ne se donnent même pas la peine de la mentionner !
- J'avais déjà eu l'occasion d'évoquer (ici) Guo Xiaolu 郭小櫓 qui concourt avec 20 Fragments of a Ravenous Youth (貪婪青春的20個片段) ; un petit détour sur son site permettra à ses admirateurs potentiels de faire la mise à jour nécessaire et de lire un court extrait de ce nouvel opus.
- Quant à Mo Yan 莫言, est-il encore nécessaire de le présenter ? On peut penser que sa notoriété aurait dû l'écarter d'un tel concours : mais, après tout, son œuvre est peut-être moins bien connue dans le monde anglo-saxon que dans l'espace francophone où elle a été si bien servie et défendue : les habitués de ce blog savent pourquoi, les autres n'ont qu'à jeter un coup d'oeil sur les billets qui en parlent. La sortie de Life and Death Are Wearing Me Out, traduction anglaise de Shengsi pilao 生死疲勞, est du reste déjà programmée pour le début de l'année 2008 chez Arcade Publishing, maison qui a déjà publié quatre traductions de cet auteur. Sur cette œuvre qui tranche avec ses romans précédents, on peut aller voir ce que Mo Yan en disait en mars 2006 sur Sina (en chinois : ici)
- Le cas Jiang Rong 姜戎 est un peu différent et mériterait de plus amples développements -– pris par l’urgence de vous faire au plus tôt prendre part au suspens de la désignation du Man Asian Literary Prize, je les renvoie à plus tard. Originaire, selon les sources du Jiangsu ou de Pékin (!), Jiang Rong est l'auteur d'un livre phénomène qui, depuis sa première édition en 2004, a déjà fait coulé beaucoup d'encre : Lang tuteng 狼圖騰. Ce pavet qu'il a mis plus de 35 ans à boucler a déjà été traduit en coréen ; il est attendu début 2008 dans pas moins de 15 langues européennes (voir ici) dont le français (Eurane) et bien entendu l'anglais (H. Hamilton). Tout récemment LivresHebdo en ligne révélait que le roman constituait un argument de poids dans la politique éditoriale du groupe d'édition Penguin en Chine. Différentes sources ont également insisté sur le montant record du contrat d'édition signé à cette occasion, avançant le chiffre de 100 000 $. Mais la manne ne devrait pas se tarir de sitôt, car une adaptation cinématographique serait déjà sur les rails (voir ici et ici). En attendant le film, les enfants peuvent déjà frissonner en lisant leur version réduite (小狼小狼) de cette histoire de loups (Wuchang, Changjiang wenyi, 2005).
Plus que 38 jours à attendre pour connaître la difficile décision du jury ; je m'engage à vous la communiquer au plus vite : quel suspens ! (P.K.)
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