jeudi 7 juin 2007

Réponse à la devinette (004)

Ceux qui ont lu les commentaires du billet qui proposait sous le portrait de Cangjie 倉頡, mythique inventeur de l'écriture chinoise, la quatrième de nos devinettes en connaissent déjà la solution et sont déjà au fait de la rapidité avec laquelle elle a été percée. Elle était, certes, facile à résoudre, mais Anonyme et Nicolas n'ont pourtant pas démérité. Il reste néanmoins à fournir des précisions sur l'origine précise du texte en question. Les voici.

Le passage retenu provient du Chapitre VI, « Des coches », du Livre III, des Essais de Michel de Montaigne (28 février 1533- 13 septembre 1592).

Une recherche sur Google à partir d'un segment du texte renvoyait à deux sites qui proposent le texte intégral des Essais : la page de Trismégiste sur Bribes.org et The Montaigne Porject qui fournit, en plus, des reproductions de l'édition annotée par Montaigne (Copie de Bordeaux : voir ici la couverture et notre illustration). Une interrogation du texte intégral avec le mot Chine ne donne que deux occurrences : celle de la devinette (voir ici & ) et celle d'un passage encore plus fameux du Livre III : Chapitre 13, « De l'expérience » (voir ici ou ) :
En la Chine, duquel royaume la police et les arts, sans commerce et cognoissance des nostres, surpassent nos exemples en plusieurs parties d'excellence, et duquel l'histoire m'apprend combien le monde est plus ample et plus divers que ny les anciens ny nous ne penetrons, les officiers deputez par le Prince pour visiter l'estat de ses provinces, comme ils punissent ceux qui malversent en leur charge, ils remunerent aussi de pure liberalité ceux qui s'y sont bien portez, outre la commune sorte et outre la necessité de leur devoir. On s'y presente, non pour se garantir seulement, mais pour y acquerir, ny simplement pour estre payé, mais pour y estre aussi estrené.
Ces passages remarquables renvoient à d'autres lectures, savoir aux ouvrages dans lesquels Montaigne a puisé ses informations sur la Chine, cet « autre bout du monde ». Dans la liste de ses informateurs, on peut sans doute inscrire Marco Polo (1254-1324), Gaspar da Cruz (mort en 1570), mais surtout Juan Gonzàlez de Mendoza (1545-1618), mais ceci est une autre histoire, et ces sources constituent autant de munitions pour de futurs devinettes côtées force 5/5. Dans l'immédiat, il faut profiter de la quinzaine de la Pléiade pour se faire offrir la nouvelle édition des Essais et, pourquoi pas, le bel album qui lui est consacré (P.K.)

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