vendredi 19 janvier 2007

Gao Xingjian online


L'année n'avait que quatorze jours quand une vidéo montrant Gao Xingjian a été mise en ligne. Le même jour (14/01/07), on pouvait déjà la trouver sur Google Video. Son existence a été signalée par Pierre Haski sur son Blog dans un billet du 17/01/07 intitulé 'La Chine en campagne électorale 2'. Le lien qu'il fournit est celui du site d'origine de ce document que je vous laisse le loisir de découvrir.

Dans un autre billet intitulé 'Le choc des Nobel', le journaliste évoque la rencontre entre Gao et Kenzaburo Oe à la Cité du Livre d'Aix-en-Provence en octobre 2006.

Le 16/11/06, Pierre Haski évoquait la nomination de Tie Ning à la présidence de l'Association des écrivains chinois en écrivant :
Il ne faut pas attendre de cette association parfaitement contrôlée par le parti communiste qu'elle fasse preuve d'originalité. Par exemple qu'elle revienne sur le silence pesant qui accompagne, depuis six ans, l'attribution du prix Nobel de littérature à Gao Xingjian, premier auteur d'expression chinoise à recevoir cette distinction, ou qu'elle demande que les oeuvres de cet écrivain soient accessibles au public chinois. De nombreux jeunes écrivains chinois considèrent cette association comme parfaitement inutile et l'ont quittée ou se sont abstenus d'y adhérer. Il faut voir si Tie Ning sera capable de lui redonner une raison d'être.
Plus récemment (19/12/06), il soulevait une question qui ne peut que nous interpeler : "La littérature chinoise est-elle de la m... ?" Elle a déjà suscité 31 commentaires. Je reproduis ci-dessous le 26ème et la réponse de P. Haski :

Le mardi 26 décembre 2006 à 10:24, par bertrand.

Je suis frappé par l'ignorance phénoménale des lecteurs français concernant la littérature chinoise et par l'absence de couverture dans la presse or nous avons la chance d'avoir en français les traductions les plus nombreuses, infiniment plus nombreuse qu'en anglais malgré les efforts de Howard Goldblatt entre autres.
Les éditeurs Picquier et Bleu de Chine sans oublier Actes Sud, le Seuil et l'Aube (l'éditeur de Gao Xingjiang) ont fait un travail fabuleux. Pour ceux qui voudraient ne pas mourir incultes on peut conseiller l'excellent petit livre de Noël Dutrait, prof de litterature chinoise à Aix et traducteur avec sa femme Liliane de Gao Xingjiang, Mo Yan et d'autres..."Petit précis à l'usage de l'amateur de littérature chinoise contemporaine" publié chez Picquier.

REPONSE : je vous trouve sévère. Justement grâce à Picquier, Bleu de Chine et les Dutrait en particulier, nous avons la chance d'avoir en France une traduction abondante et ancienne de littérature chinoise qui n'a rien à envier à l'anglais, et bien plus importante que les autres langues européennes. Je me souviens d'être allé en Espagne pour la sortie de l'édition espagnole du Journal de Ma Yan, après le salon du livre de Paris de 2004 dont la Chine était l'invité d'honneur, et avoir constaté la surprise des éditeurs et journalistes espagnols devant l'abondance du choix de romans chinois disponibles en Français. Et de plus en plus les romans chinois sortent du "ghetto" des lecteurs spécialisés, comme Mo Yan, qui a trouvé un public plus large à mon sens. PH

L'interview du Pr. Wolfgang Kubin (Université de Bonn) par la Deutsche Welle qu'on peut lire en anglais ou en chinois, et dont voici la fin, aura eu le mérite de lancer un débat :

DW: From the 20th century to the 21st century, which Chinese writers would you consider to be great?

Kubin: This is premature to say. You have to wait at least 50 years later and then you look back to see which (if any) are great. Lu Xun is definitely great. There are others before 1949. There are definitely none from 1949 to now.

DW: Bei Dao and Gao Xingjian are not?

Kubin: Gao Xingjian? Don't joke about this. Bei Dao could be considered great, because he is courageous. But you should not forget that he is only 50 years old.
(ND/PK)

3 commentaires:

LEO2T a dit…

"C'est un peu dommage que M. Kubin balaie d'un revers de la main un prix Nobel de littérature. Ce qui serait intéressant, c'est qu'il nous explique pourquoi il n'aime
pas l'oeuvre de cet écrivain (c'est son droit !)
D'autre part, dire que l'ensemble de la littérature chinoise contemporaine n'est que "détritus" dénote une certaine
condescendance et même un mépris qui me semblent inacceptables, surtout de la part d'un "sinologue".
Enfin, on ignore souvent que même avant que Gao Xingjian obtienne le Prix Nobel, "La Montagne de l'âme" avait déjà remporté un grand succès en France
avec plus de 5000 exemplaires vendus. En tout état de cause, l'oeuvre de Gao Xingjian ne peut pas être balayée ainsi..."

Noël Dutrait

aline a dit…

Monsieur Dutrait,
a la lecture l'extrait d'interview, il m'est immédiatement venu a l'esprit que M.Kubin ne voulait pas, à l'instar des autorités littéraires chinoises auquelles il s'adresse, reconnaitre Gao Xingjian pour un auteur représentatif du panorama chinois.
A la lecture de votre interprétation il m'apparait que des éléments me manquent concernant les positions de M. Kuber, il aurait été interessant que vous nous en fassiez part.
Je voudrais en outre relever que la qualité d'une oeuvre littéraire n'a jusqu'à une époque récente jamais été mise en rapport avec son succès commercial, les grandes oeuvres classiques ayant souvent été, comme le souligne Roland Barthes, au contraire assez imperméables au commun des mortels...
Il s'avère que dans le cas de Gao Xingjian la correspondance est féconde, mais il est peut-être hatif de la dresser en un critère littéraire !

LEO2T a dit…

Réponse de Noël DUTRAIT à Aline :

Je suis d'accord avec vous au sujet des critères littéraires qui interviennent dans l'appréciation d'une oeuvre. D'ailleurs l'édition taiwanaise en chinois de La
Montagne de l'âme s'est vendue à très peu d'exemplaires avant le prix Nobel. Mais si vous lisez l'interview de M. Kubin (en cliquant sur le lien fourni dans le blog de notre équipe), vous verrez que celui-ci répond à la question de savoir qui parmi les auteurs contemporains chinois est à la hauteur d'un Lu Xun en se contentant de dire "vous plaisantez !" lorsque le nom de Gao Xingjian lui est proposé. Il me semble en fait que Gao Xingjian a osé, dans ses écrits, critiquer son propre
pays avec le même courage que Lu Xun.
Noël Dutrait.