samedi 12 novembre 2011

François Cheng à la croisée de la Chine et de l’Occident


« Sur terre, seule l'écriture permet de tendre vers le tout de son vivant. » (Extrait d'une interview dans Cyberpresse - 15 Mars 2002).
Six essais sur la pensée et l’esthétique chinoises, neuf livres d’art, deux romans, douze recueils de poésie écrits en français, l’écrivain et académicien depuis 2002, François Cheng, incarne la rencontre entre deux langues et deux cultures, chinoise et française.
Un colloque franco-chinois, organisé par la BNF, en partenariat avec l’Association pour la diffusion de la recherche littéraire et l’Université de Fu Dan à Shanghai s’est tenu récemment à Paris sur le site François Mitterrand en hommage à François Cheng, cet écrivain français venu de « l’Orient de tout». C’était la première fois que des spécialistes français et chinois se réunissaient pour présenter au public leur lecture croisée de l’œuvre de François Cheng.
Trois thèmes majeurs du corpus : le poète, le romancier et le critique d’art, avaient été choisis pour étudier la création de François Cheng dans la première partie du colloque. Convaincu qu’il faut « habiter poétiquement la terre », François Cheng se positionne parmi ceux qu’on pourrait appeler les « poètes de l’être ». La poésie de Cheng fait l’objet de quatre contributions. Pierre Brunel, a d’abord invité  les auditeurs à découvrir une constellation de 24 poèmes de François Cheng Vraie lumière née de vraie nuit paru en 2009, dans toute sa splendeur et sa simplicité. Selon Pierre Brunel, c’est un livre de vérité en retournant au meilleur de soi. Cheng Pei, ensuite, a proposé une lecture « circulaire » sur la poésie de François Cheng en insistant sur son lyrisme et son métalangage original. D’après Cheng Pei, depuis les années 1970, François Cheng a choisi le français comme langue de création,  il a toujours renouvelé une symbiose unique entre le chinois et le français. Sa poésie embrasse ainsi l’héritage d’une double tradition, la langue littéraire et artistique de son « terreau natif »  n’a cessé de l’inspirer, tandis que la France l’enrichissait de sa « meilleure part ». En comparant François Cheng avec Paul Claudel, Dominique Millet-Gérard, a prolongé cette caractéristique biculturelle avec d’autres airs artistiques comme la peinture pour pénétrer le secret de la création personnelle de François Cheng, l’unification du sens et de la beauté. Retour à la source chinoise, Li Yuan, a montré la  beauté éthique dans la traduction poétique de François Cheng.
A propos des romans de François Cheng, trois exposés matinaux nous ont fait comprendre que Le Dit de Tianyi et L'éternité n'est pas de trop, ont uni à la fiction la vision poétique et spirituelle que Cheng a longuement mûrie, ouvrant sur le mystère de l’univers. A travers les personnages féminins, Madeleine Bertaud a souligné que l’œuvre de François Cheng  s’interroge avec passion sur le mystère du destin. Pour le langage romanesque dans Le Dit de Tianyi, Chu Xiaoquan a mis l’accent sur une vision philosophique chez François Cheng sur l’art et sur la vie. Et Luc Fraisse a employé le terme « hors roman » pour définir le caractère singulier du roman poétique L'éternité n'est pas de trop. En fin de matinée du colloque, l’organisateur a annoncé une nouvelle concernant le troisième roman de François Cheng qui est en cours de préparation.
Pour ce qui est du critique d’art, deux communications ont dessiné son nouvel espace de relations harmonieuses entre Orient et Occident, une nouvelle rencontre entre sa voix poétique et la voie picturale. A travers les écrits de François Cheng sur la peinture chinoise, Eric Lefebvre a relevé la modernité de François Cheng. Lise Sabourin, de son coté, a dégagé les rapports très étroits entre poésie et peinture dans l’œuvre de François Cheng, elle a qualifié son art d’écrire d’une pensée en action.
Cette journée d’étude française s’est terminée par  la venue discrète de François Cheng, qui est salué par les applaudissements des centaines d’auditeurs au petit auditorium, il a remercié le public et tous les intervenants en répondant modestement aux questions du public sur sa création littéraire. Il a affirmé qu’il est entré dans la langue française, non pas pour dire la Chine en français, mais pour devenir un créateur, cette transfiguration lui a permis de scruter le propre mystère de l’être et de l’existence dans le langage, c’était le destin d’un homme d’une double culture.
La deuxième partie de la rencontre aura lieu le mardi 22 novembre à l’université Fudan à Shanghai. Les actes du colloque final seront également publiés en France et en Chine.
Guo Yingzhou

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