dimanche 4 janvier 2009

Quelques notes en ce changement d’année…

Liu Xiaobo 刘晓波 en 2006.
Copies d'écran réalisées à partir d'un document audiovisuel

mis en ligne par le Pen American Center sur YouTube (31/12/08).

Ces derniers jours, on a pu lire dans les journaux la nouvelle de la publication en Chine de la « Charte 08 » signée par des milliers de citoyens chinois issus de milieux variés qui réclament une réforme politique de leur pays pour que celui-ci puisse faire face plus efficacement aux graves problèmes auxquels il est confronté. Cette Charte s’inspire de la Charte 77 de Tchécoslovaquie qui avait ouvert la voie à la fameuse « révolution de velours ». Nombreux sont les écrivains qui ont signé cette pétition et nombreux sont ceux qui, de ce fait, ont été inquiétés par la police.

C’est le cas de Liu Xiaobo 刘晓波, un intellectuel essayiste qui n’avait pas hésité à critiquer vers 1985 la nouvelle littérature chinoise dite « de retour aux racines » en raison de son orientation insuffisamment moderniste à son goût… Par la suite, il avait soutenu le mouvement de la place Tian’anmen en 1989 et avait écopé de quatre ans de prison… Des sinologues du monde entier ont envoyé une pétition au président Hu Jintao pour dénoncer les conditions dans lesquelles Liu Xiaobo a été arrêté, sans qu’aucun motif clair ne lui ait été notifié. Aux dernières nouvelles, la femme de Liu Xiaobo a pu le rencontrer et indiquer qu’il était en bonne santé, mais il reste en état d’arrestation…

Lorsque Gao Xingjian indique que la situation politique en Chine n’a pas changé (voir par exemple sa conférence prononcée à Barcelone récemment), il déclenche souvent des réactions dubitatives des Occidentaux, mais la réalité montre une nouvelle fois qu’il est loin d’avoir tort…

Cette courte pause d’hiver m’a permis aussi de découvrir une bande dessinée japonaise : Le Journal de mon père [Chichi no koyomi (父の暦), 1994] de Jirô Taniguchi [Taniguchi Jirô 谷口 ジロー (Casterman, 2007). J’ai trouvé cette œuvre excellente, tant elle arrive à nous montrer la psychologie de son héros dans ses relations avec son père et le reste de sa famille. La force de cette BD n’est pas moindre que celle d’un roman et permet de comprendre, loin des clichés occidentaux sur la civilisation japonaise, la nature des relations sociales dans ce Japon du début des années 1950.

Mais comme je ne suis pas un grand lecteur de BD en général et des BD japonaises en particulier, je ne fais peut-être là que découvrir des choses très banales aux yeux des amateurs qualifiés.



Lu aussi dans Libération du 31 décembre 08 et 1er janvier 09, une explication de Marie Darrieussecq au sujet de sa traduction récemment publiée chez P.O.L. des célèbres lettres d’Ovide Les Tristes et Les Pontiques, ici traduites Tristes Pontiques en hommage à Lévi-Strauss...

Les questions que notre équipe de recherche LEO2T se pose souvent au cours de ses journées d’études apparaissent nettement dans cet entretien. En effet, ces textes avaient déjà été retraduits récemment par Danièle Robert chez Actes Sud (2001, 700 pages), dans une « excellente édition bilingue, bien annotée » (Libération dixit). Marie Darrieusscq indique comment elle a procédé pour livrer cette nouvelle traduction « d’une beauté nue, proche d’un texte passé au décapage, sans ponctuation ni notes » (re dixit Libération). Marie Darrieusscq déclare : « J’ai voulu qu’un lecteur contemporain soit aussi peu arrêté par mon texte qu’un lecteur de l’époque par la langue d’Ovide. Parfois j’ai éliminé des passages trop redondants, parfois je n’ai pas osé ou su les réduire. (…) J’ai cherché à trouver le point d’équilibre entre la justesse du sens et le naturel de l’expression ».

On voit que les problèmes sont les mêmes, que l’on traduise du latin du début de l’ère chrétienne ou du chinois ancien ou contemporain…


Pour finir, notons que Gao Xingjian a fait parvenir à l’ERD Gao Xingjian la version définitive de son dernier film « Après le déluge », tourné en 2008 à l’occasion de l’exposition du même nom qu’il a présentée à Barcelone en novembre 2008 ainsi qu’une abondante documentation à ce sujet.

Un catalogue de son exposition vient d’être publié : Gao Xingjian, Después del diluvio, La Rioja, Museo Würth, 2008. On y trouve en quatre langues (espagnol, allemand, anglais et français) le texte « De l’esthétique de l’artiste » publié en chinois en 2008 dans le recueil Chuangzaolun. Un texte dans lequel Gao Xingjian prolonge sa réflexion sur l’art et l’artiste, commencée dans Pour une autre esthétique (Flammarion, 2001).

Noël Dutrait.

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