dimanche 5 octobre 2008

Réponse à la devinette (016)

Han Yu 韓愈(768-824)

D'abord
cette devinette qui, grâce à l'érudition de Thomas Pogu, n'a pas tenu longtemps. Même sans Google-assistance, il n'était pas bien sorcier de reconnaître ce volume de l'Histoire de la littérature chinoise que Georges Margouliès (né en 1902) consacra à la prose classique - c'est aujourd'hui encore la seule monographie de cette taille (336 pages) sur le sujet -, et son propos liminaire qui amène à se poser la question : « Où en sommes-nous soixante ans plus tard ? »

Celui que son éditeur (Payot) présentait comme « Docteur ès-lettres, ancien chargé de mission en Chine » et dont on peut lire une notice biographique à la page 294 de Deux siècles d'histoire de l'Ecole des langues orientales (Pierre Labrousse (ed.), Paris, Hervas, 1995), celui qu'Etiemble brocardait dans son Hygiène des lettres (1952) et dont l'Anthologie raisonnée de la littérature chinoise (1948) permit à Borgès de découvrir Han Yu 韓愈(768-824) le grand prosateur des Tang (618-907), livrait page 309 de cet ouvrage complété en 1951 par un volet consacré à la poésie, une réflexion dont on fera grand cas dans notre appréciation des traductions de littérature chinoise ancienne :
« Cependant, à côté de ces événements politiques, les rapports officiels avec l'étranger occidental, la représentation de la Chine en Europe [...], les voyages de nombreux Chinois en occident, tout amena la Chine de la fin du XIXe s. à commencer à connaître les lettres européennes.
Il ne faut pas croire qu'il puisse s'agir aussitôt d'influences ; ce ne furent que quelques traductions d'information et, si elles rendaient le sujet de l'ouvrage, la forme stylistique et souvent même l'adaptation de l'idée demeuraient essentiellement chinoises et conformes aux échantillons classiques, un peu comme le sont encore à présent dans le sens inverse les nombreuses imitations ou transpositions d'œuvres chinoises qu'on publie en Europe. »
Que de progrès parcourus depuis !


Pour finir, laissez-moi vous prévenir qu’avant de vous livrer une autre occasion de manifester l'étendue de votre savoir sinologique ou votre agilité à manier les moteurs de recherche online, je vous parlerai bientôt (?) dans ce blog de plusieurs ouvrages que je viens de recevoir, et surtout du très recommandable Zhu Xi (朱熹), Mémoire sur la situation de l'empire (Wu-shen fengshi 戊申封事) 1188. Traduit du chinois, présenté et annoté par Roger Darrobers (Paris : Editions You Feng, 2008, 192 p.), puis du problématique Liu Dalin 刘达临, L'empire du désir. Une histoire de la sexualité chinoise (Traduction adaptée du chinois par Jean-Claude Pastor. Paris : Robert Laffont, 2008, 202 pages), et de bien d’autres choses encore : je n'ai pas oublié que je dois poursuivre mon survol des traductions de romans érotiques chinois, vous parler du sublime Oreiller magique de Tang Xianzu 湯顯祖 (1550-1635) (Handan ji 邯鄲記, traduit par André Lévy, MF, « Frictions », 2007), et tenir deux ou trois autres promesses laissées en suspens. Il sera aussi question de l'incursion prochaine de Yuan Mei 袁枚 (1716-1798) dans les colonnes du Visage Vert, dont le blog a fort gentillemment salué notre récente métamorphose. Mais comment faire pour tout faire, vite et, si possible, pas trop mal ? (P.K.)

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