dimanche 29 juin 2008

Derniers paragraphes (005)



• La Croix
a consacré le jeudi 29 mai 2008 ( « Livres & idées », pp. 14-15), sous la plume de Geneviève Welcomme, deux pages à la « Mystérieuse littérature venue de Chine ». Il y est principalement question du Totem du loup de Jiang Rong 姜戎, envisagé comme « Un brûlot anti-confucéen », et de Brothers, « Vision de la Chine en écorché » de Yu Hua 余华, qui, à une des quatre questions qui lui sont posées, répond : « Tout ce que j'écris repose sur la vérité. J'ai depuis reçu des témoignages de gens qui ont connu bien pire que ce que mon roman raconte ».

Dans son article, Geneviève Welcomme rappelle que « la formidable créativité littéraire - 220 000 titres par an - qui accompagne la transformation de la Chine reste confrontée à l'archaïsme de la censure », et donne la parole à Noël Dutrait qui revient sur l'originalité de la production chinoise :
« Les romans chinois les plus appréciés des Français, je pense à ceux de François Cheng ou de Dai Sijie (Balzac et la petite tailleuse chinoise) sont faits pour les Occidentaux. En mettant l'accent sur la Chine traditionnelle et ses valeurs, ces auteurs ne déroutent pas le lecteur cultivé qui a une idée toute tracée de la Chine et de l'Asie. En revanche, les auteurs chinois « de l'intérieur » sembleront plus déstabilisants car la matière de leurs récits est faite des chamboulements vécus par la société depuis la mort de Mao. Le nouveau pouvoir disait que tout est possible, donc tout eu lieu. C'est de cela que parlent les grands romanciers chinois d'aujourd'hui. D'où la brutalité, la crudité de certains récits. Mais la littérature n'a-t-elle pas aussi pour fonction de s'emparer des grands sujets qui ont traumatisé une société ? Et il se trouve que parmi les grands écrivains d'aujourd'hui, certains ont beaucoup vu ... »

• Si vous ne les avez pas lu, précipitez-vous sur les articles que Bertrand Mialaret a récemment consacré sur Rue89.com aux auteurs chinois de romans policiers (voir ici), comme He Jiahong 何家弘 (« He Jiahong, l'état de droit en Chine passe par le roman policier », 30/05/08) et Qiu Xiaolong 裘小龍. « Quand l'inspecteur Chen enquête sur la vie privée du président Mao » (07/06/08) est un utile complément à « Qiu Xiaolong, flic et poète à Shanghaï » publié le 02/10/07. Ces trois intéressantes contributions qui donnent la parole à ces auteurs qu'on prendra plaisir à découvrir et à distinguer, pourraient bien vous donner envie de laisser de côté les Hercule Poirot de saison pour une nourriture plus riche en sauce soja.


• Ne manquez pas non plus, sur The New Yorker, la longue recension de Pankaj Mishra sur le Beijing Coma de Ma Jian 马建. Intitulé Tiananmen’s Wake. A novel of hope and cynicism ». Elle s'achève ainsi : « Like many a work produced in exile, Beijing Coma upholds spiritual self-sufficiency against the sentimental illusions of mass politics. It also suggests that by turning away from China’s complex struggles Ma Jian will deny himself the moral passion that is the truest wellspring of his art. »

Cet ouvrage a été retenu avec 99 autres par The Sunday Times guide to summer reading dans la liste des « 100 best holiday reads ». On peut toujours lire, sur le Times Online, la critique de Tom Deveson de ce roman dont la version française sortira à la toute fin du mois d'août aux Editions Flammarion. Vous ne le lirez donc pas sur la plage, à moins que ....


• Et pourquoi ne pas profiter des vacances et des installations Wifi de plus en plus nombreuses, notamment à Pékin qui s'équipe et montre la voie à suivre (voir « Free wireless Internet in downtown Beijing ») pour explorer les billets de la rubrique « Books » du site Danwei.org ? Le dernier en date (13/06/08) donne une courte critique des 20 Fragments of a Ravenous Youth de Guo Xiaolu par Ian Wallace, mais ne manquez surtout pas l'intéressante et originale contribution sur Zhang Ziping 张资平 (1893-1959), « Willow Fluff and trashy romance novels », que Joel Martisen conclut ainsi :
« Of course, the parallels with authors today aren't exactly one-to-one: after the founding of the People's Republic, Zhang worked as translator for the Commercial Press until 1955, when he was arrested as a counter-revolutionary. He was sent to a labor farm in 1958 and died there the following year. Still, when the publishing industry is murmuring about setting up a rating system for books to protect children from literature's slide into the gutter, or when people wring their hands over recalcitrant plagiarists like Guo Jingming, Zhang's novels of the 1920s and 30s remind us that mainstream culture was nothing sacred even in the legendary days of the May 4 movement. »
On retrouve encore Qiu Xiaolong, mais par la vidéo cette fois ; l'auteur de polars intervient en effet dans la piquante série de reportages Sexy Beijing 性感北京 : « Dreaming of Inspector Chen » qu'on peut aussi visionner sur Youtube, sur Tudou ou sur le site Sexy Beijing Tv à partir duquel on découvrira un blog pas moins surprenant et une liste de liens pleine de surprises -- ne pas manquer les six de la rubrique « Video Sharing ». La Chine n'a jamais été aussi proche ! (P.K.)

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