La deuxième devinette dont je vais dévoiler la réponse était annoncée avec un niveau de difficulté relativement bas (3/5) car il n'était pas nécessaire de posséder une érudition sans borne pour la résoudre. Une bonne maîtrise des moteurs de recherche permettait de retrouver facilement la source de cette citation. En effet, l'ouvrage dont on pouvait lire un court extrait a été mis en ligne par Pierre Palpant dans la collection qu'il alimente régulièrement sur le site "Les Classiques des sciences sociales" de UQAC (Université du Québec à Chicoutimi). On ne saurait trop le remercier d'accomplir ce travail utile qui rend hommage à des auteurs que le sinologue amateur tout comme l'expert des affaires chinoises se doivent de connaître et de fréquenter assidûment.
Cette collection intitulée "Chine ancienne" donne accès en différents formats (Word, RTF, PDF) à plus d'une centaine d’ouvrages, soit plusieurs dizaines de milliers de pages. Dans la liste des titres et des auteurs accessibles, on trouve naturellement les classiques traduits par Séraphin Couvreur (1835-1919), le Yiking de Paul-Louis-Félix Philastre (1837-1902), la plupart des ouvrages de Marcel Granet (1884-1940) ceux d'Edouard Chavannes (1865-1918), dont les Mémoires historiques de Se-ma Ts’ien, les écrits d'Henri Maspero (1883-1945), le Tao tö king, Le livre de la voie et de la vertu de J.J.L. Duyvendak (1889-1954) et bien d'autres textes et traductions incontournables livrés depuis le milieu du XVIIIème siècle par les sinologes français et occidentaux.
C'est ainsi que dans les rayonnages de cette bibliothèque virtuelle facilement consultable et exploitable, on trouve dorénavant La Cité chinoise de G.-Eugène Simon (1829-1896). L'ouvrage date de 1885. Mais laissons Pierre Palpant présenter son édition électronique qui, je cite, est "réalisée à partir du texte de G.-Eugène Simon (1829-1896), La Cité chinoise. Première édition : Nouvelle Revue, Paris, 1885, 390 pages, reprise en fac-similé par les Éditions Kimé, Paris, 1992, collection ‘Manuscrits retrouvés’.
P. Palpant fournit également la présentation de l'auteur suivante qu'il tire de deux sources [1. les pages 17 à 20 d'un document pdf intitulé Histoire de la Chine moderne (2002) diffusé par le Collège de France dont l'auteur est Pierre-Étienne Will ; 2. l'article "China in Western Thought and Culture" du Dictionary of the History of Ideas (New York : Charles Scribner's Sons, 1973-74, p. 371) signé Donald F. Lach] :
"Ingénieur agronome, il fait en Chine, au début des années 1860, une mission d’études de quatre ans, qui le conduit à sillonner le pays. Il est consul de France dans la deuxième moitié des mêmes années 1860. Rentré en France, il fait paraître à la Nouvelle revue, septembre-octobre 1885, un texte sur La Famille Ouang-Ming-Tse, qu’il intégrera dans son livre La Cité chinoise de la fin de la même année. Son livre, par son style, son enthousiasme, son aspect ‘expérience vécue’, et arrivant peu après la guerre du Tonkin, connaîtra un franc succès et des rééditions en France, aussi bien que diverses traductions." "Le succès du livre a été hors de proportion avec son importance intrinsèque."
Quoi qu'il en soit, les propos de G[eorges ?]-Eugène Simon sur l'art de la traduction, et cette conviction qu'il faut à ceux qui s'y consacrent "un goût particulier, une absence complète de prétentions et une certaine simplicité de coeur et d’esprit", peuvent encore nous interpeller. Plus loin dans le texte (p. 176), Simon revient sur le sujet :
"[I]l est vrai qu’en certaines matières il ne suffit pas de savoir une langue pour la bien interpréter, mais qu’il est indispensable d’y joindre une grande indépendance d’esprit et de caractère et certaines connaissances préalables. Or, si ces qualités réunies ne se rencontrent pas toujours chez les laïcs, combien doit-il être plus rare encore de les trouver chez les religieux ! Cependant, tout odieuses que soient ces infidélités de traducteur et ces violences faites aux livres consacrés de la Chine, elles n’ont, au moins directement, fait verser le sang de personne."
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