Dans notre série des « Miscellanées littéraires », voici en écho inversé du précédent item, un nouvel extrait retenu par Thomas Pogu de ses récentes lectures. Il provient d’un ouvrage qui a suscité d’abondants commentaires dont de fines analyses qu’on peut lire dans Le supplice oriental dans la littérature et les arts, édition préparée par Antonio Dominguez Leiva et Muriel Détrie (Paris : Les éditions du Murmure, 2005, 352 p.) savoir l’article de Florence Fix, « La ‘constellation Mirbeau’ : supplices chinois dans le roman populaire fin-de-siècle » et, plus en phase avec ce qui suit, celui de Sébastien Hubier, « Peines exquises. L'érotique du supplice dans Aphrodite de Louÿs et le Jardin des Supplices de Mirbeau ».
« Vois comme les Chinois, qu’on accuse d’être des barbares, sont au contraire plus civilisés que nous ; comme ils sont plus que nous dans la logique de la vie et dans l’harmonie de la nature !... Ils ne considèrent point l’acte d’amour comme une honte qu’on doive cacher… Ils le glorifient au contraire, en chantent tous les gestes et toutes les caresses… de même que les anciens, d’ailleurs, pour qui le sexe, loin d’être un objet d’infamie, une image d’impureté, était un Dieu !... Vois aussi comme tout l’art occidental y perd qu’on lui ait interdit les magnifiques expressions de l’amour. Chez nous, l’érotisme est pauvre, stupide est glaçant… il se présente toujours avec des allures tortueuses de péché, tandis qu’ici, il conserve toute l’ampleur vitale, toute la poésie hennissante, tout le grandiose frémissement de la nature… »Octave Mirbeau, Le Jardin des supplices (1899).Paris, Gallimard, « Folio classique », n° 1899, p. 162.
J’invite ceux qui seront séduits par cette belle envolée à profiter de l’été pour explorer deux sites dévoués à cet auteur. Dans le premier - http://mirbeau.asso.fr/ -, on apprendra, entre autre, qu’en chinois, Le Jardin des supplices a été rendu par Mimi huayuan 秘密花园 ; grâce à l’autre, le Dictionnaire Octave Mirbeau et ses 1500 entrées, on pourra poursuivre l’exploration de la vision de la Chine de Mirbeau.
Le prochain billet devrait nous ramener à des préoccupations moins dérangeantes et, on le verra bientôt, pas loin de notre point de départ. Merci encore à Thomas et aux commentateurs éventuels de ce billet illustré d’une gravure qui apparaît page 89 d’un roman de Pajol-Alard intitulé Les contrebandiers d'opium que publia la Librairie parisienne en 1884 et qu’on peut lire grâce à Gallica. Sa légende est : « Fanny prit vivement un revolver...»
Le prochain billet devrait nous ramener à des préoccupations moins dérangeantes et, on le verra bientôt, pas loin de notre point de départ. Merci encore à Thomas et aux commentateurs éventuels de ce billet illustré d’une gravure qui apparaît page 89 d’un roman de Pajol-Alard intitulé Les contrebandiers d'opium que publia la Librairie parisienne en 1884 et qu’on peut lire grâce à Gallica. Sa légende est : « Fanny prit vivement un revolver...»
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Un autre exemple de la cruauté et de la sophistication de leurs supplices qui étaient prêtées aux Chinois, et notamment leurs empereurs, se trouve dans Justine ou les malheurs de la vertu, de Sade, dans cette scène où Justine, qui se fait appeler Thérèse, est encore une fois livrée, en compagnie d'une autre malheureuse, aux tortures du libertin Roland :
- Oh! monsieur, dis-je, ayez pitié d'elle ; il est impossible que ses douleurs soient plus vives.
- Oh! que si! dit le scélérat. On pourrait... Ah! si j'avais ici ce fameux empereur Kié, l'un des plus grands scélérats que la Chine ait vus sur son trône*, nous ferions bien autre chose vraiment. Entre sa femme et lui, immolant chaque jour des victimes tous deux, dit-on, les faisant flotter de secours en tourments, ne les rappelaient cette minute-ci à la lumière que pour leur offrir la mort celle d'après... Moi je suis trop doux, Thérèse, je n'entends rien à tout cela, je ne suis qu'un écolier.
* L'empereur chinois Kié avait une femme aussi cruelle et aussi débauchée que lui ; le sang ne leur coûtait rien à répandre, et pour leur seul plaisir, ils en versaient des flots ; ils avaient, dans l'intérieur de leur palais, un cabinet secret où les victimes s'immolaient sous leurs yeux pendant qu'ils jouissaient. Théo, l'un des successeurs de ce prince, eut comme lui une femme très cruelle ; ils avaient inventé une colonne d'airain que l'on faisait rougir, et sur laquelle on attachait des infortunés sous leurs yeux : « La princesse, dit l'historien dont nous empruntons ces traits, s'amusait infiniment des contorsions et des cris que ces tristes victimes [sic] ; elle n'était pas contente si son mari ne lui donnait fréquemment ce spectacle. » (Histoire des Conj., tome VII, page 43.)
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