Une grande exposition des peintures de Gao Xingjian se déroule en ce moment à l’iPreciation Gallery de Singapour. Ce fut l’occasion pour notre prix Nobel 2000, de s’entretenir publiquement en différents endroits de la citée-Etat.
Ce fut le Lycée français de Singapour qui a accueilli le premier jour Gao Xingjian et moi-même pour une rencontre avec les lycées français et leurs professeurs. Gao Xingjian a retracé son parcours d’écrivain, de traducteur, de peintre, d’auteur d’opéra, et même de film… J’ai moi-même raconté comment j’avais rencontré Gao Xingjian dès 1978, comment j’avais commencé à traduire ses œuvres, comment Liliane Dutrait et moi avions entretenu une longue relation avec Gao Xingjian tout au long de notre travail de traduction. Les lycéens et leurs professeurs ont été séduits par la gentillesse et la disponibilité de Gao Xingjian et ont posé de nombreuses questions auxquelles Gao Xingjian a répondu avec beaucoup d’enthousiasme.
Puis le Lycée français a organisé une rencontre avec les élèves de l’option théâtre qui avaient travaillé avec leur professeur sur la pièce de Gao Xingjian Quatre quatuors pour un week-end. Malheureusement, le Maître avait dû partir, happé par les nombreuses interviews sollicitées par les médias. Une rencontre avec les élèves de chinois et leurs professeurs m’a permis de leur transmettre quelques idées au sujet de la traduction du chinois et de les encourager à progresser dans l’étude de cette langue. Pour pouvoir un jour peut-être traduire un roman chinois, une occupation excellente selon Heine…
Cette visite de Gao Xingjian à Singapour a été aussi pour lui l’occasion de montrer son film La Silhouette sinon l’ombre (Silhouette/Shadow) réalisé avec Alain Melka et Jean-Louis Darmyn en 2006 (ce film avait été présenté en avant-première à Aix-en-Provence en juin 2006, en présence des réalisateurs). Un très beau livre de Fiona Sze-Lorrain aux éditions Contours [Silhouette/Shadow. The Cinematic Art of Gao Xingjian, Paris] a été présenté à cette occasion, dans lequel on trouve un texte de Gao Xingjian au sujet de sa conception esthétique du cinéma. Une fois de plus, Gao Xingian a créé une oeuvre totalement nouvelle, en dehors de la mode et des tendances actuelles.
Un autre moment fort de cette visite a été la cérémonie au cours de laquelle Gao Xingjian a fait don au Musée d’Art Moderne de Singapour (le SAM) d’un tableau géant intitulé Day and Night. Cette encre de Chine sur papier mesure 193 x 471 cm !
Source Art Knowledge News
Enfin, une conférence/dialogue de Gao Xingjian et moi-même a été organisée à la National University of Singapore par l’Ambassade de France et l’East Asian Institut de cette université. (Voir ici) Gao Xingjian a réaffirmé sa position d’artiste « mondial », qui n’attache pas d’importance particulière à sa nationalité. Il a réaffirmé aussi que la littérature et l’art ne servaient pas à « sauver le monde » et n’y parviendraient jamais.
Individu isolé et fragile, Gao Xingjian a passionné son nombreux public aussi bien lors de la rencontre au Musée d’art moderne de Singapour qu’à l’université. La notion de « nation chinoise » est très forte dans l’esprit des intellectuels de Singapour et nul doute que la tranquille assurance de Gao Xingjian qui montre son indépendance d’esprit par rapport à la grande Chine a interpellé les participants à ces rencontres.
Le succès de cette visite, amplement rapportée par les medias de Singapour et d’autres régions d’Asie, montre que la voix originale de Gao Xingjian reçoit un grand écho auprès du public partout dans le monde ... (Noël Dutrait)
Ajout du 10/12 : on peut voir une vidéo de la rencontre du 24/11, sur Youtube >> ici.
Ajout du 10/12 : on peut voir une vidéo de la rencontre du 24/11, sur Youtube >> ici.
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