vendredi 25 mai 2007

A.I.R. 2007


Grâce à Wei Wei, Ying Chen et Hwang Sok-Yong, l'Asie sera représentée aux Assises internationales du roman qui vont se tenir à Lyon du 30 mai au 3 juin 2007.

C'est ce que nous apprend le Monde des Livres co-organisateur avec la Villa Gillet de cet événement qui va réunir « une cinquantaine d'écrivains [et de critiques] en provenance de près de vingt-cinq pays » et qui donnera lieu à la publication d'un ouvrage chez Christian Bourgois, rassemblant l'ensemble des contributions.

Cet événement unique est, nous dit-on, symbolique d'une action envers la littérature :
Le caractère international des Assises témoigne de l'ouverture que nous avons toujours tenté, au Monde des livres, de faire prévaloir. Chaque roman dit quelque chose du monde qui l'entoure et qui l'a porté. A l'inverse, jamais nous n'avons fait nôtre l'interminable polémique sur la supposée médiocrité du roman français par rapport à la masse des romans traduits d'autres langues : d'où qu'elle vienne, la fiction peut être plus ou moins soucieuse de contraintes formelles, plus ou moins portée à l'introspection... elle parle forcément de son temps, d'une réalité donnée et des gens qui l'habitent ou la subissent.
Le programme de ces assises est très riche : il se décompose principalement en lectures et en tables rondes. Voici le détail de celles qui mettent en vedette les trois auteurs précédemment cités [Cette présentation est réalisée à partir des éléments mis en ligne sur le site des Assises. N.B. : ne manquez pas de télécharger les excellentes les "fiches auteurs" en pdf.] :

• Vendredi 1er juin à 21H - Douleurs de l’âme, douleurs du corps
Ying Chen (Chine / Canada) - Robert Dessaix - Benoîte Groult (France) - Robert McLiam Wilson (Irlande du Nord)
Maupassant, Artaud, Guibert... Les récits de la folie et des maladies de l’âme bouleversent nos perceptions du monde. Comment le langage littéraire s’adapte-t-il aux pathologies qui font vaciller la pensée et les corps, qui fragilisent la réalité et la stabilité de nos codes de représentation ?
Ying Chen est née en Chine. Elle écrit en français et vit au Canada. Pour tenter de mettre à distance les douleurs de l’exil, elle écrit son premier roman La mémoire de l’eau (Actes Sud, « Babel », 1996), troublante immersion dans la Chine contemporaine au travers des regards de femmes de plusieurs générations. Son style est à la fois d’une étonnante clarté et d’une profonde complexité, bouleversant temps et sensations. Avec Le Mangeur (Seuil, 2006), son dernier roman, c’est sur la figure du père qu’elle se penche après s’être intéressée à la mère dans L’Ingratitude (Actes Sud, 1996).

Les autres œuvres de Ying Chen en français sont : Quatre mille marches. Un rêve chinois. Seuil (2004) ; Querelle d’un squelette avec son double. Seuil (2003) ; Le champ de la mer. Seuil (2002) ; Immobile. Actes Sud (1998) ; Les Lettres chinoises. Leméac (1993) - Actes Sud « Babel » (1998)

• Samedi 2 juin à 18H30 - Littérature et trauma : entre violence passée et violence présente (première séance)
David Albahari (Canada / Serbie) - André Brink (Afrique du Sud) - Yasmina Khadra (Algérie) - Wei-Wei (Chine)
Comment raconter la violence du réel ? Comment rendre compte de l’indicible ? Les grands traumatismes de l’histoire obligent le roman à inventer des formes et des écritures. Entre témoignage et réalité, urgence et patience, le roman engage la responsabilité de la littérature.
Wei-Wei, née en 1957 dans la province du Guangxi, vit en Angleterre et est l’auteur de trois romans : La Couleur du bonheur (Denoël, 1996 - l'Aube, 2002-2006)), Fleurs de Chine (l’Aube, 2001) et Le Yangtsé sacrifié (Denoël, 2004), écrits en français. Sa vie comme ses romans sont une succession de péripéties et de dénouements inattendus, dans lesquels se croisent une multitude de personnages. Wei Wei nous invite à découvir la Chine, les tumultes, les bouleversements sociaux, politiques et culturels de son histoire, dans un regard plein de lucidité, de compassion et d’humour.

Son dernier ouvrage traduit est Une fille Zhuang, Éditions de l’Aube (2006)

• Dimanche 3 juin à 11H, La Matière Je :
Donald Antrim (USA) - Christine Angot (France) - Philippe Forest (France) - Hwang Sok-Yong (Corée)
La matière JE est une source inépuisable de figures et de formes littéraires. Écriture narcissique ? Parfois, peut-être, mais surtout écriture engagée avec courage dans le partage d’une intimité qui dévoile des fragilités. Mais pourquoi s’exposer ainsi ? Et quelle est la place du lecteur dans ces romans qui côtoient l’autobiographie ? Le Moi n’ouvre-t-il pas aux autres et à l’universel ?
Hwang Sok Yong est né en exil en 1943 en Mandchourie où sa famille s’était réfugiée pour fuir la colonisation japonaise. Pour avoir voulu montrer qu’un rapprochement était possible avec la Corée du Nord communiste, il fut condamné à 7 ans de prison. Très ancrée dans la réalité historique, son oeuvre est d’une vibrante actualité politique. Son dernier roman, à caractère fortement autobiographique, retrace le parcours d’une génération de Coréens portée par l’utopie des idéaux pour lesquels il s’est battu. Il a été adapté au cinéma par Im Fang-Soo.
- Le Vieux jardin. Eun-Jin Jeong et Jacques Batilliot (trad.), Zulma (2005)
- Les Terres étrangères. Arnaud Montigny et Jungsook Kim (trad.), Zulma (2004)
- L’invité. Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet (trad.), Zulma (2004)
- L’ombre des armes. Yeong-Hee LIM, Marc Tardieuet et Françoise Nagel (trad.), Zulma (2003)
- Monsieur Han. Jean-Noël Juttet et Mikyung Choi (trad.), Zulma (1997, 2002), 10/18 (2004)
- La route de Sampo. Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet (trad.), Zulma (1996), 10/18 (2004)
Compléments :

- 5 juin 2007 : On trouvera des échos des Asssises sur Rue89.com, grâce à Hubert Artus :

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«A Lyon, des Assises du roman denses et intenses » (ext) : ..."Démarche qui entre opportunément avec celle de la romancière chinoise –vivant à Vancouver- Ying Chen, sensée parler de douleurs de l’exil. Dès le début, refusant d’être une énième fois interrogée comme la Chinoise de Vancouver, elle se lançait, d’une voix faite d’émotion et de silence, dans une ode au langage, dans un touchant exposé de la force intrinsèquement créatrice d’énergie qu’ont les mots lorsqu’ils en viennent à parler de la mort et de la douleur, envisageant les mots comme une "masse du vivant". De sorte qu’elle ne "représente pas mes personnages, [je] les deviens". Et de conclure : "Le véritable contenu du texte n’est pas dans l’histoire, mais dans la mystérieuse combinaison des mots"....
- « Un bon livre doit changer votre vie... une semaine » (ext.) : ... "le samedi a vécu deux tables rondes intitulées « Littérature et trauma: entre violence passée et violence présente ». La première était probablement la séance la plus prisée et la plus attendue des Assises. Et proposait un plateau moderne, chargé en pathos et en poétique : l’Algérien Yasmina Khadra, le Sud-Africain André Brink, la mosaïque David Albahari (Serbe, juif et bosniaque) et la Chinoise Weï-Weï. Les interventions –des auteurs et du public- furent à la hauteur de l’attente poétique, et chaque auteur d’évoquer non seulement son propre sort (chacun ayant un passé chargé en terme de conflits, d’exil forcé, de clandestinité ou de ségrégation) mais aussi l’avenir de son pays.".../... Le Coréen Hwang Sok-Yong, lui, travaille sur une littérature au carrefour de l’autobiographie et du roman. Le premier roman qu’il ait écrit à la première personne est celui qu’il écrivit lorsqu’il sortit de prison (il prit sept ans pour avoir voulu montrer qu’un rapprochement avec la Corée du Nord communiste était possible)."...

- 7 juin 2007 : dans Le Monde des Livres, Alain Beuve-Méry ("Un lieu unique") rapporte des propos de Ying Chen : "Je me suis prise au jeu de cette réflexion sur l'écriture. Et comme je suis moi-même très sérieuse, ce festival m'a tout à fait convenu."

A suivre (P.K.)

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