dimanche 24 avril 2011

Miscellanées littéraires (001)

Pour dynamiser un blog qui attend toujours un nouveau souffle pour prendre son envol sur une plateforme plus adaptée à ses ambitions, je vous propose une nouvelle rubrique que chacun pourra alimenter au gré de ses lectures sans autre justification que de faire œuvre utile en signalant un passage d’une œuvre littéraire qui parle sous un jour inattendu et stimulant de l’espace culturel et géographique extrême-oriental de son choix. Je dois l’idée de cette initiative à Thomas Pogu, fidèle lecteur de ce blog auquel il contribua, qui m’a signalé plusieurs extraits de ses récentes lectures parlant de la Chine.

En effet, l’auteur du présent passage est trop connu pour que je réactive la rubrique « Devinette » qui n’est pourtant pas morte avec la 22ème, laquelle, en date du 1er avril 2010, n’a toujours pas été résolue ----- voici donc sans autre enjeu que le plaisir de la surprise et l’opportunité d'avoir un aperçu sur le regard que portait Honoré de Balzac (1799-1850) sur la Chine, un passage des Illusions perdues (Gallimard, coll. « Folio-Classique », n° 62, pp. 129-131) où le jeune David Séchard, fils d'imprimeur, parle de son projet de révolutionner l'industrie du papier en s'inspirant des techniques chinoises :
« Il y eut donc un jour dans mon cabinet une vive discussion sur les ingrédients dont on se sert en Chine pour fabriquer le papier. Là, grâce aux matières premières, la papeterie a, dès son origine, atteint une perfection qui manque à la nôtre. On s'occupait alors beaucoup du papier de Chine, que sa légèreté, sa finesse rendent bien supérieur au nôtre, car ses précieuses qualités ne l'empêchent pas d'être consistant ; et, quelque mince qu'il soit, il n'offre aucune transparence. (...) Le papier de Chine ne se fabrique ni avec de la soie ni avec le broussonatia ; sa pâte provient des fibres du bambou triturées. L'abbé Grozier possédait un livre chinois, ouvrage à la fois iconographique et technologique, où se trouvaient de nombreuses figures représentant la fabrication du papier dans toutes ses phases, et il nous montra les tiges de bambou peintes en tas dans le coin d'un atelier à papier supérieurement dessiné. (...) La main-d'œuvre n'est rien en Chine ; une journée y vaut trois sous : aussi les Chinois peuvent-ils, au sortir de la forme, appliquer leur papier feuille à feuille entre des tables de porcelaine blanche chauffées, au moyen desquelles ils le pressent et lui donnent ce lustre, cette consistance, cette légèreté, cette douceur de satin, qui en font le premier papier du monde. Eh bien ! il faut remplacer les procédés du Chinois au moyen de quelque machine. On arrive par des machines à résoudre le problème du bon marché que procure à la Chine le bas prix de sa main-d'œuvre. Si nous parvenions à fabriquer à bas prix du papier d'une qualité semblable à celui de la Chine, nous diminuerions de plus de moitié le poids et l'épaisseur des livres. Un Voltaire relié, qui, sur nos papiers vélins, pèse deux cent cinquante livres, n'en pèserait pas cinquante sur papier de Chine. Et voilà, certes, une conquête. »


En complément à ces considérations économiques qui « font toujours écho à nos oreilles du XXIe siècle » et qu'on aura intérêt à relire dans leur intégralité, rappelons que M. l’Abbé Jean-Baptiste Gabriel Alexandre Grosier (1743-1823), qui fut chanoine de St-Louis du Louvre est aussi l’auteur d’une Description générale de la Chine ou Tableau de l’état actuel de cet empire ... datant de 1785, que l’on peut lire en ligne grâce à Pierre Palpant sur son indispensable site « Chine ancienne », et dont le chapitre V est intitulé « Papier, encre, imprimerie, &c. » (pp. 610-616).

On pourra poursuivre la recherche en identifiant le bel ouvrage dont il est fait mention au début du roman qui a été traduit en chinois à plusieurs reprises, ce qu’indique avec précision la base de données des « Livres français traduits en chinois - Fu Lei » du nom d’un des traducteurs de l’œuvre, Fu Lei 傅雷 (1908-1966) ; les deux autres furent Gao Mingkai 高名凯 (1911-1965) et Mu Mutian 穆木天 (1900-1971). On sait que Balzac fut abondamment lu en Chine et cette œuvre, connue sous le titre Huan mie 幻灭, fréquemment éditée depuis 1944, pas moins que les autres. Elle y a reçu des adaptations illustrées qui font dorénavant le bonheur des bouquinistes en ligne. Celle qui fournit les illustrations de ce billet date du début des années 1980.

samedi 23 avril 2011

Deux écrivains coréens en Provence


Après Avignon, le 4, et avant Arles le 6, Jo Kyung-Ran et Yi In-Seong seront à l'Amphithéâtre de la Verrière de la Cité du Livre d'Aix-en-Provence, le jeudi 5 mai 2011 à partir de 18h30.

On trouvera tous les détails de ces trois rencontres organisées par Jean-Claude de Crescenzo et Hye-Gyeong Kim à l'initiative du Korea Literature Translation Institute, de l'Université de Provence, de la revue Keulmadang, des Ecritures croisées, du Collège International des Traducteurs et de la Médiathèque Ceccano, et les informations sur tous les intervenants sur le site de la revue de littérature coréenne Keul-Madang.

mercredi 20 avril 2011

Urbain, trop urbain : l’appel pour Shanghai


Ce billet qui ravira tous les amoureux de Shanghai ne devrait néanmoins laisser personne indifférent puisqu’il va permettre à chacun de découvrir, si ce n’est déjà fait, un site dynamique et un « objet numérique » baptisé Urbain, trop urbain — La revue de ville qui est « une création éditoriale entièrement numérique « accessible sur liseuse, tablette numérique type iPad ou en streaming (...) qui vise, dans chacune de ses livraisons, à créer un univers de rencontre avec une ville donnée, univers porté par toute forme d’écriture numérique (textes, vidéos, photos…) à portée scientifique, littéraire ou artistique, et qui ne recoupe aucun guide touristique connu, sans prétendre d’ailleurs se substituer à ce genre ni à la littérature existante. [Son] parti pris est de donner à voir, à sentir et à comprendre au flâneur urbain d’aujourd’hui une ville, par des approches fragmentaires (dialogues, parcours, grilles de lecture, cartes, critiques architecturales, instants croqués en images ou poèmes…) qui soient autant d’invitations à se tracer des perspectives individuelles, à l’écart de la norme du voyage qui est celle du « guide » traditionnel. »

Cette revue dirigée par Matthieu Duperrex et Claire Dutrait, membres fondateurs de l’association «Urbain, trop urbain» et éditeurs du site www.urbain-trop-urbain.fr va consacrer son premier numéro à Shanghai et lance un appel à contribution dans ce sens :
Mégalopole de vitesse et de changement permanent, Shanghai met à l’épreuve la forme de la ville que l’Occident a façonnée, en contredisant sa fixité et son idéal. L’exposition universelle de 2010 a voulu la montrer comme une figure de proue de l’âge global, alors que les modes de vie de certaines zones de la ville sont éminemment locaux. Ville chinoise ou horizon de la ville contemporaine ? Shanghai est prise dans un écheveau complexe, dont les lignes de forces, politiques, territoriales et historiques ne semblent pas devoir se réduire les unes aux autres. La trame de la ville échappe au récit omniscient et invite à développer des approches parcellaires et éclatées…
Nature des contributions attendues

Le parti pris étant d’offrir des approches multiples de Shanghai, les contributeurs viennent d’horizons différents : histoire, littérature, architecture, ingénierie, géographie, art, économie, etc., et les contributions prennent des formes variées— chaque discours n’étant pas réductible à son abstract, mais étant redevable aussi de la manière dont il est porté.

Chaque proposition entrera dans l’une des quatre catégories prévues :
  • Signal urbain - Il s’agit dans cette catégorie de contributions de se demander ce qui «fait signe» dans l’espace urbain de Shanghai, notamment en tant qu’événement architectural ou point de repère spécifique. >Fiche d’architecture, photographie commentée, parcours autour d’un édifice ou entre des monuments, vidéo, portfolio, dessin…
  • Lecture urbaine - Il s’agit ici d’entrer dans l’espace de Shanghai, et d’y tracer des lignes signifiantes, de donner une grille de lecture, quel que soit l’angle adopté. > Promenade, analyse, enquête, reportage, interview d’expert… Format cartographique, étude essentiellement rédactionnelle, cahier, inventaire graphique, pratique artistique, relevé audio, séquence vidéo…
  • Écriture urbaine - Il s’agit cette fois de montrer l’emprise de la ville sur l’expression, de donner à percevoir des fragments de la réalité shanghaienne pris dans le prisme d’une subjectivité assumée par une écriture littéraire, poétique, ou artistique. > Portrait, poème, fiction, chronique, récit, Petit Objet Multimédia, intervention artistique…
  • Post-it urbain - Il s’agit de nourrir le «magazine culturel» de la revue et d’offrir sur Shanghai un certain nombre de repères ou adresses au flâneur urbain. > Fiche de lecture (un livre, un film), critique, tribune, webographie, brève, bonnes feuilles…
Pour les Modalités de participation, je vous invite à consulter la page : http://www.urbain-trop-urbain.fr/ecrire/shanghai/

samedi 9 avril 2011

10 fois 10 000

100 000, c’est le nombre de visites reçues par ce blog depuis sa création le 18 novembre 2006 à 2 h. 18.

100 000 visites, soit un peu plus d’une soixantaine de visites quotidiennes pendant un peu plus de 1600 jours jusqu’à ce 9 avril 2011, vers 9 h. 08. C’est ce qu’a indiqué le compteur fixé depuis maintenant plus de quatre ans en bas de la colonne de gauche de cette page.

Je ne suis pas en mesure de dire qui fut le 100 000ème visiteur, mais, peut-être, n’est-il pas Français -- pourtant l’écrasante majorité des visites se fait depuis la France, loin devant les Etats-Unis, la Belgique et le Canada ; le Japon n’arrive qu’en 7ème position derrière l’Allemagne, puis la Suisse, mais juste devant la Chine ! : serait-ce un citoyen britannique, ou du Maroc ? Ce pourrait aussi bien être un habitant de Hong-Kong, ou de Taiwan, où nous sommes également lus.

Dans tous les cas, merci à toutes et à tous pour votre curiosité et votre intérêt pour les littératures d’Extrême-Orient, et, ..... pour un plus petit nombre d’entre vous, merci pour votre fidélité et votre amicale attention, et .... pour un nombre encore plus restreint, vos chaleureux encouragements à continuer à tenir la barre de ce frêle esquif.

Merci encore à ceux qui, membres de l’équipe, professeurs et étudiants, m’ont aidé à publier les 425 billets qui ont précédé celui-ci, et à ceux qui ont osé les commenter.

Un amical bonjour, enfin, à vous tous lecteurs, contradicteurs, curieux et passionnés.... que l’illustration de ce billet soit une invitation à la rêverie et à revenir bientôt lire de plus consistants développements sur les littératures d’Extrême-Orient et ceux, auteurs et traducteurs, éditeurs et lecteurs, qui les font vivre.

vendredi 8 avril 2011

Chin'E & Twitt

Le printemps amène toujours d’agréables surprises, même si elles se cachent parfois sous de sombres apparences.

Un exemple nous en est donné, ce jour, par la disparition du blog tant aimé des « Actualités scientifiques sur la Chine », qui, fort heureusement, renaît aussitôt sous les nouveaux atours d’un blog flambant neuf conservant les qualités de l’ancien, Chin’electrodoc.

Tenu de belle façon par Jacqueline Nivard, Ingénieur d'études EHESS, épaulée par Wang Ju 王菊, Documentaliste/chercheur, ingénieur d'études EHESS, ce « nouveau blog continuera à publier des annonces sur les événements scientifiques concernant le monde chinois. ... il proposera aussi des billets sur les nouvelles publications sur support papier ou électronique. Le blog change de plateforme d’hébergement. Il quitte WordPress, pour rejoindre la plateforme des Carnets de recherches en Sciences humaines et sociales d’ Hypothèses. Les billets publiés en 2011 ont été transférés sur Hypothèses. »

Encouragé par ce bel exemple auquel nous souhaitons bon vent, et le précédent des « Carnets du Centre Chine », également tenus par Jacqueline Nivard, notre blog pourrait bien lui aussi, finalement, migrer vers cette belle et accueillante maison gérée par le Centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo).


En attendant, je vous signale que notre suivi des actualités des littératures d’Extrême-Orient se fait aussi sur notre compte Twitter, Leo2Twitt - http://twitter.com/#!/JELEO2T - dont la nouvelle présentation offre un confort de consultation supérieure à l’ancienne avec, entre autres nouveautés, le visionnage des vidéos sur la même page que les tweets (voir l'illustration ci-dessus).

Je vous invite à tester cela avec les interventions du Dr. David Der-wei Wang (Harvard University) sur la littérature chinoise contemporaine. Les cinq tweets en question ont été postés le 6 avril (il suffit pour cela de cliquer sur le corps du « tweet » et non sur le lien qui conduit à la plateforme Youtube).

Pour suivre les nombreuses correspondances sur l’arrestation de l’artiste chinois Ai Weiwei 艾未未 et le sort injuste que lui réservent les autorités chinoises, il suffit d’actionner le lien suivant http://twitter.com/#!/search?q=%23aiww. Pour ceux qui ne connaîtraient pas cet artiste aussi attachant qu'intrépide, je conseille la vidéo «Who’s Afraid of Ai Weiwei?»

Mais, si vous voulez vraiment profiter de ce réseau aussi efficace que rapide pour diffuser des informations sélectionnées, il vous faudra créer votre propre compte. Pour vous y inciter, je vous invite à visiter en priorité ces trois micro-blogs en rapport avec la Chine d'hier et d'aujourd'hui :
Vive le printemps !

lundi 4 avril 2011

Keul Madang, le n° 10 est en ligne

Le numéro 10 de KEULMADANG, revue de Littérature Coréenne vient de paraître.

AU SOMMAIRE

Le dossier sur le grand auteur Hwang Sok-yong, avec une interview de l’auteur, un article de Jean-Noël Juttet qui retrace son œuvre, la chronique de son dernier livre paru en français, un article de Jean-Claude de Crescenzo sur la générosité dans l’œuvre de l’auteur.

La présentation des auteurs présents à Aix, Arles et Avignon en Mai 2011, Yi In-seong et Jo Kyung-ran, les chronique de leurs livres, un essai de Philippe Thiébault sur Le sentiment dans la poésie extrême-orientale, des lectures de romans Amsterdam de Yun-sun Limet par Morgane Loupandine, Ah les choses sans bouche, poésie de Lee seung-bok, par Lucie Angheben, Le puits de mon àme de Choi In-seok, par Dyenaba Silla, La route de Sampo de Hwang Sok-yong par Floriane Lea, Poésie et paysage de yves Millet, et de nombreux dossiers réalisés par les étudiants en Etudes Coréennes de l’Université de Provence.

Keulmadang est à lire sur : www.keulmadang.com

jeudi 24 mars 2011

La Montagne de l'Ame au Vieux-Port

Après avoir visionné, comme vous y invitait un précédent billet, la rencontre qui s’est la tenue à la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou (Paris) le 17 janvier 2011 entre Gao Xingjian et son traducteur, vous serez sans aucun doute heureux de venir écouter Noël Dutrait parler de l’œuvre majeure du Prix Nobel de Littérature 2000.

Cela se déroulera au café littéraire de la Brasserie Massilia sis au 33 rue Reine Elisabeth dans le 1er arrondissement de la capitale phocéenne, ce dimanche 27 mars. A partir de 10 h du matin, il y sera essentiellement question de La Montagne de l’Ame. L’entrée est libre.

Le site de référence de cette manifestation est http://www.direlire.com où l’on peut tout apprendre sur Direlire, café philo né en 1998 dans un bistrot sur le Vieux-Port.

jeudi 17 mars 2011

Trois sœurs et son auteur à l'honneur

Au terme d'une longue et large sélection, qui avait abouti à l'établissement d'une liste de cinq noms, savoir Bi Feiyu pour Three Sisters, Manu Joseph pour Serious Men, Tabish Khair pour The Thing About Thugs, Kenzaburo Oe pour The Changeling et Yoko Ogawa pour Hotel Iris. Ticket includes drinks, c’est à Bi Feiyu 畢飛宇 qu’est revenu le 2010 Man Asian Literary Prize.

Ce prix qui salue à la fois un auteur et une de ses œuvres disponibles en anglais et, le cas échéant, son traducteur vient d'être décerné à Hong Kong à l'occasion du Literary Festival qui s'achève demain.

Three Sisters est la traduction par Howard Goldblatt et Sylvia Li-chun Lin d'un roman disponible depuis 2005 en français aux Editions Philippe Picquier dans une traduction de Claude Payen sous le titre Trois sœurs. Ce roman constitue également le n° 294 de la collection de poche de l'éditeur qui propose trois autres titres de cet auteur né en 1964 au Jiangsu dont il a été question plusieurs fois sur ce blog.

Notons pour finir ce billet d'information sans prétention critique, que deux éditions précédentes de ce prix ont été remportées par des écrivains chinois : l'édition 2007, par Jiang Rong 姜戎 ; l'édition 2009, par Su Tong 苏童.
Ajout du 19/03/11 : Comme Bruce Humes [Ethnic ChinaLit], le fait justement remarquer dans un commentaire attaché à ce billet : « Il vaut bien signaler que Wolf Totem (Jiang Rong), The Boat to Redemption (Su Tong) et Three Sisters ont tous été traduits par Howard Goldblatt et Sylvia Li-chun Lin. »
Comme les amateurs de littérature chinoise contemporaine ont sans aucun doute lu depuis longtemps le roman qui vient d’être honoré, je les invite à découvrir Tabish Khair grâce aux dynamiques Editions du Sonneur qui ont récemment publié Apaiser la poussière (traduit de l'anglais (Inde) par Blandine Longre).

dimanche 6 février 2011

Un chemin vers soi-même

Un précédent billet vous avait averti de la tenue à la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou (Paris) d'une rencontre entre Gao Xingjian et son traducteur, Noël Dutrait ; celui-ci n'a pour but que de vous avertir que cet entretien d'1 h. 40 minutes est dorénavant consultable à partir du site de l'institution qui avait invité le Prix Nobel de Littérature 2000 dans le cadre d'un cycle intitulé « La création à l'œuvre ».

Je vous invite donc à suivre en ligne ou à télécharger ce document [à partir d'ici] dans lequel Gao Xingjian évoque tous les aspects d'une création qui « est pour lui un chemin vers soi-même, une façon de prendre conscience de sa propre existence dans le monde. »

mercredi 2 février 2011

Du tigre au lapin

Bas relief du Baiyun guan 白雲觀, Temple taoïste du Nuage Blanc (Beijing)

Ça y est ! nous venons de quitter l'année gengyin 庚寅 ! Nous y étions entrés le 14 février 2010 Nous la quittons pour une année xinmao 辛卯 laquelle débute donc en ce 3 février 2011 et durera jusqu'au 23 janvier 2012. Ainsi va le bal des années selon le cycle sexagésimal qui nous situe au début de la 28e année du 79e cycle de soixante ans depuis l'année 2697 av. J.-C., lequel cycle a commencé en 1984 pour s'achèver en 2043.

A cette année qui commence est associé un des douze animaux de l'astrologie chinoise. C'est le lièvre ou le lapin, tu 兔, qui prend la place du tigre, hu 虎 et qui tiendra la vedette jusqu'à l'arrivée du dragon, long 龍. Patience et surtout bonne fête à tous.

Que cette nouvelle année, riche en promesses, vous apporte réussite et satisfaction dans vos tous projets et beaucoup de lectures stimulantes.

dimanche 23 janvier 2011

Au sujet de « Quand l’écriture se dérobe » (Le Monde, 21/01/2011)

Gao Xingjian/Noël Dutrait. BPI de Beaubourg, 17/01/11.

Nous avons signalé sur notre compte Twitter, l’article que Alain Beuve-Méry et Florence Noiville ont publié dans Le Monde du 21 janvier 2011, intitulé « Quand l’écriture se dérobe » et sous-titré : « Le fameux vertige de la page blanche n’épargne pas les écrivains confirmés. Tous élaborent des stratagèmes pour l’affronter ».

En introduction, les auteurs parlent de la page blanche comme si c’était « une maladie honteuse de l’écrivain : la panne, le blocage, le spectre hideux… ». Puis ils prennent le cas de Gao Xingjian, prix Nobel de littérature 2000, comme exemple d’un grand écrivain victime de cette « maladie ». Tout en reconnaissant que ses encres de Chine présentées à la Galerie Claude Bernard sont « magnifiques », ils affirment que Gao Xingjian n’est plus dans l’actualité pour ses écrits. « Comme si, écrivent-ils, après la magistrale Montagne de l’Ame (écrit en 1990, et paru à l’Aube en 2002 (sic), le prix Nobel qui lui a été décerné juste après le Livre d’un homme seul (L’Aube 2000), avait asséché sa créativité littéraire ».

Outre le fait que La Montagne de l’Ame n’est pas sortie en France en 2002, mais en 1995, il est inexact d’affirmer que Gao Xingjian se trouve devant une sorte de syndrome de la page blanche. En réalité, Gao Xingjian, comme il l’a dit lors de la discussion que j’ai animée à la BPI de Beaubourg le 17 janvier, a commencé à peindre très tôt et la peinture est pour lui une forme d’expression aussi importante que l’écriture littéraire, le cinéma ou l’écriture théâtrale. C’est bien mal connaître Gao Xingjian que de penser qu’il puisse « être en panne ». Hormis une courte période qui a suivi l’obtention du prix Nobel au cours de laquelle il est tombé gravement malade, il n’a jamais cessé de créer ou d’écrire, par exemple des textes théoriques au sujet de la création et du théâtre (deux volumes parus à Hong Kong et Taiwan, en cours de traduction aux éditions du Seuil). Que l’on pense au bel objet d’art qu’il a publié aux éditions du Seuil en 2002 intitulé L’Errance de l’oiseau ou au livret pour un spectacle de danse intitulé Ballade Nocturne (Paris, Sylph Editions, traduit en anglais par Claire Conceison), la pièce de théâtre Le Quêteur de la mort (Le Seuil, 2004), Gao Xingjian est loin d’être silencieux.

Loin des modes et des chapelles, il crée comme bon lui semble ; si la forme romanesque ne correspond pas à ce qu’il veut exprimer, il se consacre entièrement à la peinture, puis, lorsqu’il a achevé ses tableaux pour une exposition à Singapour, Hong Kong ou Paris, il écrit des poèmes ou des textes dans lesquels il élabore une théorie très personnelle sur l’art du comédien ou sur le rôle de la littérature. Après avoir écrit et mis en scène un magnifique opéra la Neige en août en 2003 et 2005 à Taiwan puis à Marseille, sur une musique de Xu Shuya (la musique est sans doute le seul art qu’il ne pratique pas), il se lance dans la réalisation de films totalement atypiques.

Enfin, l’article de Alain Beuve-Méry et Florence Noiville laisse entendre que Gao Xingjian souffrirait d’une situation de blocage. Je ne pense pas que le nombreux public qui est venu l’écouter à la BPI de Beaubourg ait eu cette impression. Bien au contraire, il m’a paru totalement épanoui, presque serein, lorsqu’il a expliqué comment la pratique des différentes formes artistiques lui permettait de mieux s’exprimer. Il s’agit pour lui seulement d’une question de période dans sa vie créatrice. Actuellement, c’est la période de création cinématographique, peut-être bientôt de création poétique… Gao Xingjian est à la fois écrivain, peintre, théoricien, cinéaste, metteur en scène, théoricien de la création littéraire, artistique et théâtrale… Le phénomène est sans doute trop rare pour que les critiques parviennent à l’appréhender dans sa totalité.

Noël Dutrait (23 janvier 2011)

samedi 22 janvier 2011

Keul Madang, le n° 9 est en ligne

Le N° 9 de la revue de littérature coréenne Keulmadang vient de paraître. Le dossier fait suite au numéro précédent, consacré à la pensée coréenne.

Le numéro 9 présente quatre penseurs majeurs, qui chacun à leur tour ont su donner une spécificité à la philosophie coréenne, longtemps restée sous influence de la pensée chinoise. Quatre portraits-textes de ces penseurs, par Philippe Thiébault, chercheur universitaire en Corée. Deux autres textes Yi Hwang, Etude de la sagesse et Adresse au Roi par Tcho Hye-young, traductrice de textes philosophiques et bouddhiques

Dans ce numéro également, une nouvelle « Lézard » de Kim-Young-ha, traduite par Choe Ae-young et Jean Bellemin-Noël, et sa lecture analytique par Jean Bellemin-Noël. Les dernières parutions d’ouvrages La Corée dans ses fables, de Patrick Maurus, Solitude absolue, poèmes de Kim Yeongseung, par Julien Paollucci, une lecture de Fleur noire, de Kim Young-ha par Isabelle Roussel-Gillet, Les larmes bleues de Juliette Morilot, par Dyenaba Silla, des critiques de livres plus anciens et un compte-rendu de la manifestation cinématographie à Busan, par Jérôme Plazy.

Keulmadang peut se lire à l’adresse suivante : www.keulmadang.com

vendredi 21 janvier 2011

Le livre qui n’est pas encore

Pei-king, 28 février 1911. ― Je ne saurai donc rien de plus. Je n’insiste pas ; je me retire ... respectueusement d’ailleurs et à reculons, puisque le Protocole le veut ainsi, et qu’il s’agit du Palais Impérial, d’une audience qui ne fut pas donnée, et ne sera jamais accordée ...
C’est par cet aveu, ― ridicule ou diplomatique, selon l’accent qu’on lui prête, ― que je dois clore, avant de l’avoir mené bien loin, ce cahier dont j’espérais faire un livre. Le livre ne sera pas non plus. (Beau titre posthume à défaut d’un livre : « Le livre qui ne fut pas » !)

J’avais cru le tenir d’avance, plus « fini », plus vendable que n’importe quel roman patenté, plus compact que tout autre aggloméré de documents dits humains. Mieux qu’un récit imaginaire, il aurait eu, à chacun de ses bonds dans le réel, l’emprise de toute la magie enclose de ces murs..., où je n’entrerai pas.
On ne peut disconvenir que Pei-king ne soit un chef-d’œuvre de réalisation mystérieuse.
Tel est le début de René Leys, le roman improbable de Victor Segalen (1878-1919), roman posthume publié pour la première fois en 1922, soit trois ans après la mort de son auteur. « Un miraculeux accident », selon Pierre Ryckmans alias Simon Leys qui ajoute : « Livre de l’échec et de la dérision, il est aussi le plus fidèle reflet de l’expérience du poète, qui, cherchant à pénétrer dans une impénétrable « Cité interdite », ne réussit finalement qu’à se faire mener en bateau par un séduisant et pathétique fumiste. » ; livre depuis souvent réédité (notamment dans un beau coffret chez Chatelain-Julien, 1999) et traduit ; livre que François Mitterrand avait lu et aimé (voir l'extrait de l'émission Italiques du 13/01/1972, source INA, 3min57s. ), et qu'on peut feuilleter en ligne grâce à Gallica dans une édition datant de 1950 (Plon), livre, enfin, qu’on devrait retrouver un jour prochain dans les Œuvres complètes de Victor Segalen en 18 volumes annoncées aux Editions Honoré Champion. Le premier volume de ce monument à venir sera disponible en mars prochain ; il présentera (pour 75 €) La Grande Statuaire et les Premiers écrits sur l'art.


Cette promesse m’est connue par l’intermédiaire d’un tout nouveau blog que je tiens à vous signaler et que je vous invite à visiter sans tarder. Il est tenu par Philippe Postel, Maître de conférences à l’Université de Nantes, et qui, vous vous en souvenez sans doute, nous a fait l'amitié de venir à Aix-en-Provence parler à deux reprises des vieilles traductions françaises de romans chinois anciens (d'abord en mars, puis en octobre 2009). Ce blog, auquel je souhaite bon vent, est celui de l'Association Victor Segalen ; il a pour vocation de « présenter les événements récents concernant l'œuvre de Victor Segalen », son adresse est :
http://associationvictorsegalen6.blogspot.com/ ― n’oubliez pas de l’installer dans la liste de vos signets préférés. (P.K.)

jeudi 20 janvier 2011

Un vol poétique à la BNF

J’ai le plaisir de vous annoncer que le «Rendez-vous du samedi» qui se tiendra le 29 janvier 2011 de 17 h. à 18 h. à la Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris, Hall Ouest, Espace pédagogique) permettra à ceux qui pourront s’y rendre de rencontrer Li Jinjia et Claude Mouchard autour du poème Un Vol de Yu Jian dont la traduction par Li Jinjia et Sébastian Veg vient d’être publiée aux Editions Gallimard, dans la collection « Bleu de Chine» (2010, 72 p.)

« Né en 1954 à Kunming dans la province du Yunnan, Yu Jian 于坚 est l'un des poètes les plus influents de la Chine actuelle. Outre le français, ses œuvres ont été traduites en plusieurs langues : anglais, allemand, néerlandais, japonais. Li Jinjia, maître de conférences à l'Inalco et traducteur du poète, évoquera l'œuvre de Yu Jian, son approche esthétique, ses recherches en matière de rénovation linguistique, ainsi que la problématique de la traduction poétique. Un enregistrement sonore permettra d'entendre le poète lire un extrait de son poème, en chinois. Puis Claude Mouchard, professeur émérite à l'université Paris 8 et directeur de la revue Poésie en proposera une lecture, en traduction française. La rencontre sera animée par Jie Formoso, chargée de collections en langue et littérature chinoises, département Littérature et art. »

Je profite de cette invitation à la poésie pour vous signaler la parution de la cinquième livraison de Cerise Press, la belle revue en ligne consacrée à la poésie, la création littéraire et à la traduction, et réitérer ma promesse d’une recension de l’ouvrage que Li Jinjia a consacré aux traductions françaises de Pu Songling (Le Liaozhai zhiyi en français (1880-2004). Etude historique et critique des traductions. Paris : You Feng, 2009, 398 p.), travail qui viendra en son temps soutenir les efforts de l’équipe pour établir l’inventaire critique des traductions françaises des littératures d’Extrême-Orient, colossale projet qui fera l’objet d'un prochain billet. (P.K.)

vendredi 7 janvier 2011

Le roman chinois en deuil

Cliché tiré du 179 ème numéro d'Apostrophes,
« Le roman historique français et chinois » (09/03/1979). Source INA


C'est avec une immense tristesse que j'ai appris la disparition le 28 décembre 2010 de Jacques Dars qui fut non seulement le grand traducteur du Shuihuzhuan 水滸傳 [Au bord de l'eau, « Bibliothèque de la Pléiade », (1978)] et de tant d'autres œuvres littéraires chinoises marquantes, un sinologue discret et bienveillant, mais un être exceptionnel autant par sa vaste érudition, que par sa modestie, sa qualité d'écoute et la justesse de ses avis.

J'adresse, en mon nom et en celui des membres de notre équipe, nos sincères condoléances à ses proches, à ses amis et à l'ensemble de ses lecteurs ; avec son départ, le roman chinois, la traduction littéraire sont, à nouveau, en deuil.

Ajout du 3/06/11 : Un hommage plus développé vient d'être mis en ligne sur le site de l'Association française d'études chinoises avant d'être publié dans le prochain volume de la revue Etudes chinoises ; on peut le lire en chargeant un document pdf à partir de l'adresse suivante : http://www.afec-etudeschinoises.com/Hommage-a-Jacques-Dars

jeudi 6 janvier 2011

Les montagnes de l’Ame de M. Gao


A quelques jours d'une rencontre parisienne annoncée avant les vacances (16/12/10), je répercute l'invitation de l'équipe de Télé Campus Provence (TCP) à découvrir le film mis en ligne sur la chaîne 1, « Vie de l'université », sur le site de l'Université de Provence. Réalisé par Chrystophe Pasquet, il a pour titre

A VOUS DE LIRE !
Pérégrination autour du roman, La montagne de l'âme,
de Gao Xingjian, prix Nobel de littérature 2000.

En présence de Gao Xingjian, lecture d'un passage de La Montagne de l'Âme, en français, chinois, allemand, arabe, anglais, italien, coréen, japonais, turc... Un comédien sourd propose la version en langue des signes en collaboration avec l'association Arts-Terres.
En contrepoint de la lecture, deux danseurs du groupe Bernard Menaut ...

Vous aviez déjà eu un bref aperçu de cette manifestation qui s'était tenue le jeudi 27 mai, à la Bibliothèques des lettres et sciences humaines de l’Université de Provence. Ce document qui dure 11 minutes est de loin supérieur à celui qui est toujours consultable sur la page Dailymotion de notre équipe. Le mélange des langues y rend mieux justice à la polyphonie romanesque de l'original. (P.K.)

samedi 1 janvier 2011

Bonne année 2011

Au nom de l'équipe Leo2t, je vous souhaite une année 2011 finement brodée et aussi radieuse que possible.

Pour relancer l’activité de ce modeste organe de communication au tout début d’une année qui sera riche en travaux et en défis pour notre équipe, je vous livre, tel que reçu le 27 décembre à 11h17, ce mail inquisiteur toujours en attente de réponse :
« bonjour,
c'est avec stupeur que je découvre votre blog.
le terme "extrême orient" est très connoté, et je m'étonne qu'il soit encore utilisé malgré sa dimension ethnocentriste.
Il a été remplacé par "asie orientale". Alors pourquoi ce choix ?
Merci de m'éclairer
cordialement
T.D. »
Je glisserai la mienne en commentaire dès que possible. N’hésitez pas à prendre part au débat et à tenter d’éclairer Tom Dupont. (P.K.)

jeudi 16 décembre 2010

Rencontre parisienne avec Gao Xingjian


Dans un mois exactement, soit le lundi 17 janvier 2011, à 19 h, Gao Xingjian sera l'hôte de la Bibliothèque du Centre Pompidou (Paris) pour un entretien avec Noël Dutrait qui sera suivi de la projection du film de Gao Xingjian, Après le déluge (2008).

Ne manquez pas de consulter la page de cette manifestation (ici) car elle porte deux liens intéressants : le premier conduit vers l'Espace de recherche et documentation Gao Xingjian qu'abrite notre université ; l'autre, vers la Galerie Claude Bernard (7-9, rue des Beaux Arts, Paris 6e arr.) qui consacre une page à l'artiste qu'elle va à nouveau exposer très prochainement (13 janvier-17 février 2011).

samedi 20 novembre 2010

Traduire lʼhumour des langues et des littératures asiatiques

La Jeune équipe « Littératures d’Extrême-Orient, textes et traduction »
vous convie à l'Université de Provence,
29, avenue Robert Schuman, 13621 Aix-en-Provence - Salle des Professeurs


les 26 et 27 novembre 2010,
à partir de 9 h, pour son colloque

Traduire lʼhumour
des langues et des littératures asiatiques



Vendredi 26 novembre 2010

Session « Littérature chinoise »
  • 9:30 - Stéphane FEUILLAS (Université Paris-Diderot, Paris 7), « Usages, perception et traduction de lʼhumour de SU Dongpo, l'humour dans un usage particulier : la culture de soi »
  • 10:00 - HUANG Chunli (Doctorante, Université de Provence, LEO2T), « L’humour lettré : traduire les jeux de caractères de Ji Yun (1724-1805) »
  • 10:30 - Solange CRUVEILLE (Université Paul-Valéry, Montpellier, LEO2T), « Traits d'humour et jeux de graphie dans la Chine ancienne »
  • 11:00 - Patrick DOAN (Université Paul-Valéry, Montpellier, LEO2T), « Traduire lʼhumour chinois : lʼart typiquement chinois du xiangsheng peut-il faire rire un Occidental ? »
  • 11:30 - Marie LAUREILLARD (Université Lumière - Lyon 2, IETT), « De Lao She à Wang Zhenhe »
  • 12:00 - Muriel FINETIN (Doctorante, Université de Provence, LEO2T), « Des évocations singulières dans les essais de Shu Hanbing (1972- ) »
12:30 - Pause déjeuner
  • 14:00 - Nicoletta PESARO (Université Ca’Foscari de Venise), « Humour amer : quelques exemples dʼironie tragique dans des romans du XXe siècle »
  • 14:30 - Paolo MAGAGNIN (Université Ca' Foscari de Venise / Alma Mater, Université de Bologne), « Stratégies de lʼhumour et stratégies de traduction dans Shenme shi laji, shenme shi ai de Zhu Wen »
Session « Littérature japonaise »
  • 15:00 - Caterina MAZZA (Université Caʼ Foscari, Venise - INALCO, Paris), « A Paradise Lost in Translation? Traduction de la parodie et traduction parodique dans la littérature japonaise contemporaine »
  • 15:30 - Renée GARDE, « Ambiguïté sexuelle et ambiguïté textuelle dans le Torikaebaya monogatari »
  • 16:00 - MURAISHI Asako (Centre de ressources de langues de SPIRAL, Université de Strasbourg), « Yasutaka Tsutsui, le meilleur traducteur de lʼhumour japonais »
  • 16:30 - Jean-Jacques TSCHUDIN (Université Paris-Diderot), « L'humour dans la littérature japonaise - sa place et les problèmes de traduction qu'il pose »
Détour thaï
  • 17:00 - Louise PICHARD-BERTAUX (IRSEA/LEO2T Université de Provence/ CNRS), « Le bachibouzouk siamois : petite balade avec Tintin en Thaïlande »
Discussion générale

Samedi 27 novembre

Session « Littérature coréenne »
  • 9:00 - JEONG Eun-Jin (INALCO, Paris), « Lʼhumour est-il présent dans la littérature coréenne ? Le retour de la satire sociale à travers l'exemple de Pak Min'gyu »
  • 9:30 - Jean-Claude DE CRESCENZO et KIM-DE CRESCENZO Hye-Gyeong (LEO2T, Université de Provence), « La dérision dans la jeune littérature coréenne »
Session « Littérature vietnamienne »
  • 10:00 - BUI Thi Thu Thuy (Doctorante, Université Lumière, Lyon 2), « Lʼhumour au dépens des devins dans le ca dao vietnamien »
  • 10:30 - AUBERT- NGUYEN Hoai Huong (CHCSC, Université de Versailles), « Traduire l'humour dans les contes, comptines et berceuses vietnamiens »
  • 11:00 - NGUYEN P. Ngoc (Université de Provence, LEO2T), « Quelques pièces de théâtre humoristiques chez le romancier Khai Hung dans les années 1930 »
Art contemporain chinois
  • 11:30 - Anny LAZARUS (Doctorante, Université de Provence, LEO2T), « Les artistes chinois ont de plus en plus d'humour »
Fin du colloque

vendredi 19 novembre 2010

Manuel d'excellence

Mural Painting, Liao Dynasty (between 1093 -1117), Xuanhua, Hebei Province, China,
Han Shixun's tomb, Preparing Sutra (detail)

Ceux qui me connaissent ont déjà noté mon attachement pour les livres de Danielle Elisseeff que je ne manque jamais de recommander et d'inclure dans mes bibliographies. Ce blog a aussi trahi mon goût pour ses écrits sur Huang Jialüe 黃嘉略 ou Arcade Huang et ce Moi, arcade, interprète chinois du roi-soleil. (Arthaud, 191 p.) que je cite souvent comme un exemple de vulgarisation sinologique de qualité ---- label qu'on serait bien en peine d'accorder souvent ; l’Histoire de la Chine. Les racines du présent (Rocher, 1997), tout comme, entre autres, Les Femmes au temps des empereurs de Chine (Stock/Pernoud, 1988) le méritent également sans conteste et ont, d’ailleurs, été dûment primés en leur temps.

Publié en 2008, Archéologie et arts. La Chine du Néotlithique à la fin des Cinq Dynasties (960 de notre ère) (Paris : Ecole du Louvre / Réunion des Musées Nationaux, Collection « Manuels de l’Ecole du Louvre », 2008, xxx p.), m’avait tout autant séduit. C’est donc avec enthousiasme que j’ai découvert, voici de longues semaines déjà, la suite de ce travail remarquable : Histoire de l'art : la Chine, des Song (960) à la fin de l'Empire (1912) (Paris, Édition Ecole du Louvre-Réunion des Musées Nationaux, Collection « Manuels de l’Ecole du Louvre », 2010, 382 p.)

On y retrouve avec toujours le même plaisir le sens de la formule et l’écriture précise et synthétique que la spécialiste de l'art chinois met si généreusement au service de la présentation d’une période de l’histoire passionnante. Comme le signale de site de la maison d’édition, ces manuels, « prolongement de l'enseignement, [...] se veulent des ouvrages de référence, mais aussi d'initiation pour tout lecteur désireux de comprendre ou d'approfondir une civilisation et ses témoignages artistiques. » Il faut reconnaître que l’attention conjointe de l’auteur et de l’équipe qui l’a assistée n’a rien laissé de côté, et que les quatre parties de taille et de factures différentes, concourent à faire de cette deuxième livraison un repère incontournable sur la période. Rien n’y manque : les caractères chinois y sont dûment convoqués qui plus est en double graphies (simplifiées et traditionnelles), ils suivent une transcription pinyin des termes et des noms chinois qu’un index reprend avec une grande précision.

Mural Painting, Liao Dynasty (between 1093 -1117), Xuanhua, Hebei Province, China,
Zhang Wenzao's tomb, Playing Music (détail)

Une stimulante narration de l’histoire de la période occupent 95 pages dotées de cartes, de chronologies, de reproductions noir et blanc, et savamment bardées de renvois bibliographiques et à des sites internet dûment choisis et référencés ; elle fournit les bases nécessaires pour aborder la suite, savoir l’« Analyse d’œuvres et de sites » en 100 notices qui donnent autant de place à des reproductions en couleurs d’œuvres choisies avec doigté, qu’au texte, toujours accompagné de renvois permettant la poursuite de l’exploration ----- j’en veux pour preuve les illustrations de ce billet, fruits de la consultation de la base de données « Liao Mural Painting » accessible à partir de l’Art History & Archeology Database de la Columbia University signalée dans la notice n° 11 consacrée à l’art des Liao 遼 (voir pp. 124-125. « Musiciens », Datong 大同 (Shanxi). Peinture murale). La troisième partie, « Entre réinvention et refondation : la peinture chinoise n’est pas morte avec l’Empire » (pp. 313-331), fait espérer un troisième volume qui traiterait de la période moderne, et pourquoi pas contemporaine ! Enfin une quatrième partie (pp. 333-365) clôt ce superbe manuel avec de bien utiles documents, cartes et croquis, ainsi qu’une très précieuse rubrique d’ « Orientation bibliographique », allongée d'une liste de sites Internet qui signale même le blog de notre équipe !

Voilà ! Grâce à Danielle Elisseeff, vous disposez maintenant d’une clef pour partir à la découverte, ou la redécouverte, de l’art chinois à travers ses plus brillantes manifestations. Ce manuel et le précédent constituent autant une somme de références érudites, qu’une inépuisable source de rêveries. Ne vous en privez pas comme de consulter un autre ouvrage que cette infatigable intermédiaire entre l'Orient lointain et notre culture vient de publier. Il y est question cette fois des Jardins japonais (Paris, Nouvelles éditions SCALA, 2010, 127 p.) ; voir sur ce livre, le tout récent billet-interview mis en ligne par Jacqueline Nivard sur ses Carnets du centre Chine. (P.K.)