samedi 31 mars 2007

Web littéraire (001)

Ceux qui prédisaient que l'internet allait tuer le livre et la littérature devraient revoir leurs prévisions alarmistes à la baisse car l'édition traditionnelle n'est pas encore morte avec pas moins de 57 728 titres parus en France en 2006 !, et la littérature occupe de plus en plus d'espace sur la toile : le nombre d'ouvrages accessibles depuis n'importe où et n'importe quand est impressionnant et ceci quelle que soit la langue. C'est notamment le cas pour le web chinois, nous y reviendrons un jour prochain.

Mais restons-en, pour l'heure, à un espace, certes plus réduit, mais qui échappe déjà à toutes les tentatives d'approche exhaustive.

Si l'on veut mener "une réflexion approfondie sur la pérennité du livre et de la lecture dans notre société", on peut justement profiter des avantages de l'internet pour visionner les six heures de vidéo que représente l'ensemble des interventions du colloque intitulé « L’avenir du livre » qui s'est tenu à Paris le 22 février 2007, sur le site du Centre National du Livre. Ne manquez pas les interventions de Marc Fumaroli, de l’Académie française, historien, essayiste et surtout d'Alain Mabanckou, écrivain, essayiste autour du thème "Pourquoi développer le goût de la lecture ?"

le premier contact entre la littérature et l'internet date de 1971, année de la création du Projet Gutenberg par Michael Hart. Il est assez réconfortant de constater que le premier site proposant du "contenu" sur le réseau est un site de littérature, et que l'objectif de ce site est de mettre à la disposition de tous le plus grand nombre possible d'œuvres littéraires du domaine public. Un objectif poursuivi par des générations de bibliothécaires, et qui devient enfin possible, grâce à la numérisation des livres en mode texte dans un format simple qui puisse être lu par tous les systèmes et sur toutes les machines. Au milieu des années 1990, lorsque l'utilisation du web se généralise, le projet trouve un second souffle et un rayonnement international. [Lire la suite ici, voir aussi ici].
Notons que sur les 20 000 titres dorénavant disponibles qui se répartissent en quelque 50 langues différentes, on ne trouve qu'une cinquantaine de titres chinois, tous classiques. Beaucoup reste donc à faire. Au Top 100 des 2 millions de téléchargements mensuels, c'est le Sunzi 孫子 qui l'emporte grâce à la version anglaise qu'en donna le fils d'Herbert Giles (1845-1935), Lionel Giles (1875-1958) en 1910 (The Art of War).

Une fois signalé le Project Gutenberg, il subsiste un immense territoire à baliser afin d'en faire émerger le meilleur - ce sera une des missions que tentera de remplir ce blog au fil des semaines à venir. En guise de mise en bouche, je ne pouvait manquer de relever que dans ses derniers "Rebuts de presse" (22 mars 2007), Didier Jacob (Le Nouvel Observateur en ligne) a livré un relevé utile qu'il présente ainsi :
Nous publions cette semaine dans l'Obs un dossier spécial consacré aux 50 meilleurs sites littéraires. En voici la liste augmentée, que nous vous engageons à compléter et à enrichir, en laissant en commentaires les adresses de vos sites préférés. Nous ajouterons les meilleurs, au fur et à mesure, à la liste qui suit.
Passée la déception de constater que prudemment il ne vise pas à l'exhaustivité, et donc de n'y pas trouver votre blog préféré - celui de notre équipe s'entend -, on peut, surtout s'y l'on est néophyte en la matière, se livrer avec enthousiasme à son auscultation systématique. On peut aussi picorer en testant les adresses inconnues, ou pas visitées depuis longtemps. C'est simple, il n'y a plus qu'à jouer de la souris.

Certes, il est, au bout du compte, rarement question dans ces sites des littératures du bout du monde qui nous passionnent, mais ce parcours mérite d'être entrepris. A chacun d'établir son palmarès et d'accrocher selon ses goûts des adresses dans la liste de ses signets. Outre quelques magazines littéraires déjà évoqués dans ce blog comme celui du Magazine de la littérature étrangère Transfuge, le Magazine littéraire, Lire, il renvoie aux revues américaines littéraires qui traitent à l'occasion des littératures asiatiques et indiennes.

Voici à titre d'exemple mes sites préférés : l'incontournable site de la BNF, Gallica, bien sûr, mais aussi Littératures et compagnies - annuaire des sites consacrés aux auteurs classiques et contemporains -, Fabula (déjà évoqué ici), Athena, La République des livres - le blog de Pierre Assouline -, et aussi le Zazieweb - capharnaüm communautaire des adeptes de l'e-lecture.

Last but not least, le surprenant site de l'éditeur Zulma dont on peut consulter les catalogues chinois, et surtout coréen ... N'est-ce pas déjà suffisant pour illuminer un week-end pluvieux. (PK)

vendredi 30 mars 2007

Bye-bye India

Comme le signale Alain Beuve-Méry [dans Le Monde en ligne du 28/03/07], le Salon du Livre 2007 a fermé ses portes mardi 27 mars à 22 heures, après avoir accueilli 186 000 personnes, soit 6 % de plus par rapport à 2006, alors que le Salon "ne compte plus que cinq jours (contre six les autres années)". "Les éditeurs, ajoute-t-il, ont réalisé, dans l'ensemble, un bon chiffre de ventes", avant de conclure par ce paragraphe :
Autre phénomène : l'Inde. Près de 15 000 exemplaires ont été vendus par la "Librairie indienne" du Salon (...), notamment Baby Ji, d'Abha Dawesar (éd. Héloïse d'Ormesson) et Loin de Chandigarh, de Tarun Tejpal (Buchet-Chastel), les deux livres les plus demandés en grand format ; mais on note aussi une grande vogue pour les livres en format de poche (dont deux à 2 €) et pour les essais. Seules la Russie et l'Italie ont enregistré un plus grand succès en termes de ventes. En 2008, la littérature israélienne succédera à celle de l'Inde."
En guise d'ultime écho à cette édition du Salon, j'ai retenu ce billet daté du 28/03, qu'Abha Dawesar a posté sur son blog français, billet intitulé "Par delà le péché et le plaisir" dont je ne cite ici que les dernières lignes :
Il fait beau et il n’y a pas de vent. Je transpire. La sensation du soleil sur la peau reste un plaisir aussi grand que le goût d’eau fraîche bu quand on a soif. Le matin j’avais noté les péchés capitaux sur une feuille parce que je ne viens pas d’une culture judéo-chrétienne. J’ai du mal à se souvenir de tous les péchés en cherchant le péché qui correspond avec le plaisir du soleil. Cet instant je suis tout près de peuples anciens qui ont cru que le soleil est un dieu. (Lire le texte entier, ici )
En illustration, j'ai choisi un fragment de la page web de l'espace de cette artiste touche-à-tout [voir son site], sur MySpaceVideo, où l'on peut voir 1 mn 19 s d'un film qu'elle a réalisé. (PK)