lundi 27 février 2012

Musée portatif



Si vous avez prévu d'aller au Salon du livre de Paris, il vous en coûtera 9,50 € par jour pour ‘rencontrer’  les « 20 auteurs japonais invités [dont le Prix Nobel de littérature 1994, ÔE Kenzaburô 大江 健三郎], [lesquels] couvrent une large gamme de genres littéraires, allant du plus traditionnel au plus contemporain », soit pour ne rien manquer, entre le 16 et le 19 mars, un peu moins de 40 € non compris les tickets de métro, de bus ou de RER si vous habitez à proximité, de train ou d'avion si vous gravitez loin de Paname. [Voir le billet du 22/02/12 de Pierre Assouline qui se demande s’il est normal de faire payer l’entrée d’une librairie] Tout bien calculé, mieux vaut vous offrir un beau livre à déguster à vos moments perdus. 

Pour rester dans l’esprit de ce qui devrait être la fête de la littérature japonaise, ce beau livre pourrait bien être le très bel Autoportrait de l'art japonais si élégamment édité par Philippe Decouvette pour sa maison d'édition basée à Strasbourg, Fleurs de Parole.

Jetez-vous vite sur la page Facebook créée en mars dernier pour y feuilleter les nombreux aperçus de l'ouvrage sorti dans un format attirant [20x29 cm] voici presque un an. Mais pour mieux prendre la mesure du texte qui justifie cette publication, lisez aussi la revue de lecture qu'Alexandre Goy a publiée le 27 octobre 2011 dans le carnet de recherche Kaleidoscope du Japon sur Hypothese.org.

Après une rapide présentation de Tsûji  Nobuo 辻惟雄  (Directeur du Miho Museum (Kyoto)  et professeur à l’université d’art de Tama 多摩美術大学), auteur de quelque 200 ouvrages, sont analysés les deux points autour desquels se développe cette fine présentation de l'art japonais : « Le plaisir de l'ornemental » et « L'esprit ludique ». Ce sont les titres des chapitres 3 et 5 du Nihon bijutsu no mikata 日本美術の見方 publié à Tōkyō (Iwanami Shoten 岩波書店) en 1992 qui ont été ici superbement traduits par Claire-Akiko Brisset et Lionel Seelenbinder-Mérand.

On ne saurait trop conseiller la lecture de cette véritable réussite éditoriale à tous ceux qui s’intéressent à l’art en général, mais aussi à ceux qui sont curieux de la manière dont se sont développés les échanges entre les différentes cultures du monde asiatique... et de préférer la paisible déambulation dans ce musée portatif, à l'agitation des allées surchauffées et nauséabondes de la foire parisienne. (P.K.)

jeudi 23 février 2012

Les études sur Gao Xingjian à Aix - Séminaire Leo2t 2012 (2/2)


Lundi 20 février s'est tenu la première séance du séminaire organisé par Leo2t autour de ses axes de recherche propres [Voir le C.R. sur notre espace netvibes]. 
La seconde séance se déroulera, toujours à Aix-en-Provence, mais cette fois dans les murs de la Bibliothèque universitaire du Centre des Lettres [salle de formation, rez-de-chaussée]. Elle aura lieu le 12 mars de 14 h. à 16 h. 30, et permettra à ceux qui ne le connaissent pas encore de découvrir l'Espace de Recherche et de Documentation Gao Xingjian (ERD Gao) qui sera présenté par Jean-Luc Bidaux son responsable.

Cette visite sera suivie de deux exposés :
  • Guo Yingzhou (doctorante) : « Etat des lieux des études sur Gao Xingjian et son œuvre »
  • Noël Dutrait : « Gao Xingjian, un penseur libre »
Nous vous attendons nombreux. Voir l'affiche >> ici


mercredi 22 février 2012

Conférence sur Zhou Zuoren à Paris


 


Dans le cadre des Conférences du Centre d’études Chinoises-Équipe ASIEs de l’INALCO,
Georges Bê-Duc (CEC-Equipes ASIEs) 
interviendra le Vendredi 9 mars 2012 (15-17 heures) sur
«  Les Origines de la Nouvelle littérature chinoise《中国新文学的源流》 
(Zhou Zuoren 周作人), une poétique des années trente »

Zhou Zuoren a donné en 1932 des conférences à l'université Furen de Pékin. Celles-ci, publiées quelques mois plus tard sous le titre Zhonggguo xin wenxue yuanliu中国新文学的源流 constituent le seul ouvrage où Zhou Zuoren développe de façon continue et synthétique ses idées sur la littérature. La tenue des conférences puis la publication de l'ouvrage ont concentré l'attention du monde intellectuel du début des années trente, et les réactions furent nombreuses et variées (Qian Zhongshu, Zhu Ziqing, Zhu Guangqian entre autres). Au moment même où Zhou Zuoren prononce ses conférences à Pékin, Lin Yutang lance la première revue consacrée au xiaopinwen, Lunyu论语. Ces deux événements bien synchronisés -- et d'autres encore, comme une réédition de xiaopinwen Ming -- inclinent à penser à une véritable campagne de promotion du xiaopinwen. On devine donc l'importance, dans l'histoire littéraire, des Origines
Salle 5.10-INALCO-Pôle langues et civilisations, 65 rue des Grands-Moulins, 75013,
(Métro « Bibliothèque-François Mittterand).

samedi 18 février 2012

Le nouveau numéro de Keulmadang est paru !



La deuxième partie du dossier consacré à l’œuvre-fleuve de JO Jeong-nae
Au sommaire du N° 14 de février 2012-02-18
·      Le dossier : JO Jeong-nae deuxième partie
JO Jeong-nae et son œuvre, par Georges Zygelmeyer
Interview de JO Jeong-nae, par Kim Hye-gyeong et Jean-Claude de Crescenzo
Bibliographie de JO Jeong-nae, rencontré  à Séoul.
·      A l’intérieur de l’or, du jade et du coton pourri, par Quentin Gagne, sur un texte de pansori-théâtre.
·      Regard sur une dictature voilée, par Dieynaba Sylla, une critique de Trois jours en automne de Pak Wan-seo.
·      Le lent effacement des couleurs, par Jean-Claude de Crescenzo, sur un livre de Laure Mi-hyun Croset.
·      Faut-il vraiment vivre ainsi, une critique de Lucie Angheben sur le recueil de poésie de Shin Kyeonnim.
·      Le 17 décembre coréen, par Julien Paolucci, à propos de la mort de Kim Jeong-il en Corée du Nord.
·      Des contes qui n’en sont pas, par Véronique Cavallasca, sur la production jeunesse de ce moi-ci , en attendant le prochain numéro consacré à la littérature de jeunesse en Corée.
·      Huit regards de femme sur la Corée, par Lucie Angheben, un recueil de nouvelles écrites par 8 femmes, traduction Choi Mi-kyung et Jean-Noël Juttet
·      Séoul, ville-monde, par Jean-Claude de Crescenzo, à propos de l’Atlas paru chez Autrement sous la signature de Valérie Gélezeau.
·      Rencontre avec Eun Hee-kyung, à Aix-en-Provence, par Lucie Angheben
Nous avons appris avec une profonde tristesse le décès brutal de Philippe Thiébault, coréanologue et chercheur en philosophie, que nous avons reçu à Aix-en-Provence, voici deux ans et qui avait coordonné deux numéros de notre revue. A sa femme et à ses filles, nous leur présentons nos sincères condoléances.
Keulmadang est à lire sur www.keulmadang.com

mardi 7 février 2012

L'écriture comme moyen de changer sa propre vie




Rencontre-lecture avec EUN HEE-KYUNG
AIX-EN-PROVENCE
31-01-2012

En ce dernier jour de janvier, la neige s’est enfin décidée à tomber sur Aix-en-Provence. Quatre-vingt personnes  bien emmitouflées vont peu à peu  faire leur entrée dans la salle des professeurs de l’université de Provence. Il est temps de s’installer avant que n’arrive Eun Hee-kyung, très distinguée, souriante.

Après une courte introduction biographique et bibliographique, l’assemblée est prête à se plonger dans le monde de cette femme charmante qui lui fait face.

On commence par une lecture en français : un extrait du recueil Les boites de ma femme, qui nous montre qu’il n’y a pas d’amour heureux. Le ton de la soirée est lancé.

Bientôt une voix douce s‘élève dans la salle.

« Bonjour, je suis Eun Hee-kyung, de Corée. Enchantée de vous connaitre. Je suis déjà venue plusieurs fois en France, dans plusieurs villes, mais jamais à Aix-en-Provence. Pourtant, pour moi, Aix n’est pas une ville étrange, car je connais un ancien professeur coréen, aujourd’hui critique littéraire qui a fait ses études ici. J’ai toujours été curieuse de voir Aix-en-Provence. Par contre, jamais je n’avais imaginé Aix sous la neige ! Nous avons une expression coréenne qui dit que la neige est de bon augure. Un jour comme aujourd’hui est donc synonyme de beaucoup de bonnes nouvelles. Je n’oublierai jamais cette soirée. »

Elle commence à lire.

« Je suis devenue écrivain à 35 ans. Avant, j’étais femme au foyer. A cette époque, je croyais à la vertu et à la bonne volonté ; je voulais être quelqu’un de bien. Mais, je n’étais pas heureuse. C’est difficile d’interpréter le monde : je me trouvais souvent face au désarroi ou au désespoir. Je prenais soin de ma famille mais je gardais l’impression d’être seule, je gardais un sentiment d’inutilité. Il m’a fallu accepter le fait que le monde d’aujourd’hui est injuste, absurde et tragique. J’ai  alors découvert le côté lâche et égoïste du monde que je ne connaissais pas avant.  

Alors je me demande : finalement, qui suis-je ? C’est quoi la vie ? Ces questions ont l’air de questions d’adolescents. Mais si c’est une personne de 30 ans qui se les pose, une personne qui vient de réaliser que sa vie n’est pas convenable, alors on comprend que c’est sérieux. J’ai décidé d’écrire des romans pour enfin apprendre qui je suis, et pour savoir si les autres sont comme moi. Mes romans ne sont pas doux ; ils sont issus de la négation de soi. Ils sont une critique maquillée d’humour et d’ironie pour renverser le monde.

La littérature est le reflet de la société coréenne. Elle a subi plusieurs changements. Dans les années 1950-1960, elle a montré la tragédie de la guerre et la pauvreté ; dans les années 1970, elle s’est tournée vers l’industrialisation, les inégalités et l’impression de la perte de l’humanité ; dans les années 1980, elle s’est engagée contre la dictature ; dans les années 1990, elle a profité du passage à la démocratie pour se tourner vers l’individualisme, et montrer l’absurdité de l’existence. C’est à cette époque que l’activité littéraire des femmes commence à être marquante. Le dernier changement remonte aux années 2000 : aujourd’hui la littérature est plus diversifiée.

Personnellement, j’ai un intérêt marqué pour l’honnêteté et les relations entre les êtres humains. Les personnages de mes romans se regardent eux-mêmes. Le moi est divisé en deux : il y a un moi qui est vu de l’extérieur, et un autre qui regarde. Alors que le moi qui est vu dirige sa vie, le moi qui regarde regarde la vie. Le moi vu est sous l’emprise du regard des autres, alors le moi véritable qui regarde est moins blessé. Il existe une solution pour se définir soi-même : les gens faibles changent de point de vue sur le monde, comme un humanisme de la part de celui qui n’est pas certain de gagner. Il nous faut reconnaitre la faiblesse de l’être humain tout comme il nous faut admettre que nous nous ressemblons tous.

La plupart de mes personnages sont solitaires, exclus, aliénés, pleins d’angoisses. Quelque chose ne va pas mais ils n’ont pas de réponse : cela illustre l’absurdité de la société moderne. Avant on pouvait distinguer le bien et le mal, le vainqueur du perdant. Les romans classiques sont assez variés. Mais, les gens modernes ont pris de la distance avec autrui. Pourtant, il faut supporter la solitude car le moi veut être apprécié par autrui. Je veux montrer qu’à travers l’impossibilité de l’amour se cache l’absurdité humaine. Mais n’est-ce pas ce désir ardent qui fait la beauté des êtres humains ?

A mon avis, les écrivains ne sont ni maîtres ni précurseurs ; ils ne découvrent plus. Ils décrivent simplement la souffrance de leurs contemporains. Ils apportent un autre point de vue sur le monde, une nouvelle perspective pour rendre la vie plus intéressante. 

En Corée on aime beaucoup les histoires. Il y a beaucoup de vieilles histoires qui se transmettent oralement. Laissez-moi vous donner un exemple : « Il était une fois un grand père conteur et de ses trois petits-enfants. Il avait l’habitude de leur raconter des histoires. Alors grand-père, quelle histoire tu vas nous raconter aujourd’hui ? demandent-ils tous en cœur. Quel genre d’histoire vous ferait plaisir les enfants ? répond le grand-père. Une histoire qui fait peur ! crie l’un ; Une histoire drôle ! crie l’autre ; Une histoire triste, s’écrie le troisième. Le grand-père sourit. Et bien c’est l’histoire d’un monstre en train de faire caca. Mais soudain il tombe dans le fossé, c’est très drôle ! Mais il est tombé donc c’est triste quand on y pense… »

Je voulais écrire un roman triste, mais aussi un roman où le lecteur pourrait éclater de rire, tout en montrant le sentiment de peur que la vie pouvait inspirer. Je voulais écrire entre rire et tristesse. Mais aujourd’hui je pense différemment. Ma vie elle-même est tout un roman. Aujourd’hui je veux écrire avec légèreté. »

Puis vient le tour de Jean Claude de Crescenzo, animateur de la soirée, de prononcer quelques mots sur l’auteure :

« Eun Hee-kyung est une auteure majeure en Corée. Elle occupe une place médiane en tant qu’elle se situe entre le réalisme et la nouveauté des très jeunes auteurs, qui aiment se tourner vers le fantastique pour traiter de thèmes modernes comme l’urbanisme, le chômage ou encore la difficulté d’être jeune en Corée. Elle a passé du temps à se construire son propre monde d’auteur puisque qu’elle n’avait pas de filiation à un autre auteur, à part peut-être Hwang Sok-Yong. Elle occupe une position originale, et traite des problèmes modernes avec humour et ironie. Ses personnages sont souvent en fuite : pour elle il n’y a pas de lutte, ce n’est d’aucune utilité de se battre. »


 Il pose une première question.

Un jour, vous m’avez dit qu’en Corée on vous appelle l’écrivain des romans malheureux. Est-ce que c’est toujours le cas aujourd’hui ?

 Oui, c’est plutôt vrai, mais les choses sont différentes aujourd’hui. Les autres disent de mes livres qu’ils mettent le lecteur mal à l’aise. Le deuxième surnom qu’on me donne est celui de l’écrivain qui ne connait pas le bonheur. C’est vrai que mes livres se terminent souvent de façon triste et dans la solitude ; il n’y a pas de bonheur. Je suis considérée comme ça, mais moi ce que je veux, c’est montrer la vérité, c’est pourquoi je vais continuer à mettre le lecteur mal à l’aise.

Maintenant, je commence à écrire différemment, avec des dénouements plus heureux… mais il reste toujours la solitude. Récemment, un critique m’a dit que mes œuvres étaient une carte gigantesque de la solitude. Aujourd’hui j’ai une interprétation nouvelle de la solitude.

Dans mes livres on trouve beaucoup de personnages célibataires, surtout des femmes. Alors beaucoup de lecteurs croient que je suis moi-même célibataire. Mais non, je suis mariée et j’ai des enfants ! Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone d’une lectrice qui s’était fâchée en lisant un de mes romans : il y avait trop de solitude. Mais elle a ensuite découvert que ma vie privée était différente, qu’il y avait du monde autour de moi, bref, que j’avais une vie normale.

Pourquoi les personnages et les lecteurs ont-ils une constante impression de solitude ? Pour ma part, l’idée de solitude n’est pas liée au fait de vivre tout seul ou d’être seul. Ce ne sont pas des causes à la solitude. Le concept de la solitude commence à partir du moment où être seul devient source de malheur. Cette idée doit être acceptée au sens léger. Il existe une solidarité entre les gens solitaires. Il ne faut pas fuir la solitude, car tous les êtres humains ont une existence solitaire. Si je ne m’étais pas sentie seule, je n’aurais jamais pu être écrivain. D’ailleurs, une fois mon mari m’a dit : « Si je ne t’avais pas rendue malheureuse, tu n’aurais jamais été écrivain. Donc le succès de la littérature coréenne est en partie dû à moi… »

Nous passons ensuite à une lecture comparée coréen/français. Avant de prendre la parole, Eun Hee-kyung explique qu’elle va lire en coréen, et que même si son public ne peut pas comprendre, il sera sensible aux sonorités. C’est un autre moyen d’accès à la langue et à la littérature.

Lucie Angheben

samedi 4 février 2012

Séminaire Leo2t 2012 (1/2)

C'est sous cette gravure japonaise de circonstance
(dont je ne connais pas la provenance)
que je vous annonce les deux rendez-vous que vous donne
l'équipe de recherche
Littératures d'Extrême-Orient, textes et traduction
(UMR 7306-IrAsia)
en ce début d'année :
 
• lundi 20 février 2012, 14:00-17:00, s. D104 : autour du projet 
d'Inventaire des Traductions françaises des Littératures d'Extrême-Orient (ITLEO)
 
  • lundi 12 mars 2012, 14:00-17:00 : autour des Etudes Gao Xingjian
(programme fixé prochainement)
 
Le premier rendez-vous permettra aux membres de l'équipe collaborant au projet d'inventaire ITLEO de présenter leurs objectifs et les moyens qu'ils vont se donner pour y parvenir, mais aussi d'écouter deux communications sur la traduction et la réception de romans chinois anciens :
 
• 15h00-15h30  : Mlle LI Shiwei (doctorante),
« Les échanges littéraires entre la Chine et la France : une brève histoire des traductions françaises du roman chinois ancien et de leur réception »

• 15h30-16h00 : Mlle HUANG Chunli (doctorante),
« Du Zhuangzi à La matrône chinoise de Lemonnier : influences d’un conte du Jingu qiguan 今古奇观 (Spectacles curieux d’aujourd’hui et d’autrefois) »
 
[Voir l'affiche>>ici]

vendredi 3 février 2012

IDEO 4 - Hommage à Jacques Dars



Jacques Dars fut non seulement un être exceptionnel et un spécialiste de la littérature chinoise ancienne d’une grande curiosité, ce fut aussi un traducteur dont la disparition le 28 décembre 2010 laisse un vide incommensurable dans notre champ d’étude, et inconsolables ses lecteurs fidèles.

Notre équipe de  recherche Leo2t (UMR 7306 - IrAsia) ressent le besoin de lui rendre hommage par la publication d’un numéro spécial de sa revue en ligne Impressions d’Extrême-Orient.

Nous lançons donc un appel à contribution en direction de tous les traducteurs pour qui l’œuvre de Jacques Dars fut une source d’inspiration, ou qui ont eu la chance de travailler avec lui notamment dans le cadre de la collection Connaissance de l’Orient (Editions Gallimard) qu’il a dirigée pendant 20 ans.

Nous désirons donner la priorité à des traductions inédites de textes courts issus des littératures d’Asie que notre équipe a inscrites dans son champ d’exploration, principalement les littératures chinoise, japonaise, indienne, vietnamienne, coréenne, thaïe, birmane.

Les textes seront accompagnés d’un appareil critique (présentation et notes) adapté et de sa version originale qui sera fournie aux lecteurs selon le modèle retenu pour le premier numéro de notre revue sur le thème du voyage [voir http://ideo.revues.org/59]

Les textes doivent être libres de droits. Pour les œuvres contemporaines, le traducteur devra disposer au préalable de l’accord de l’auteur pour la publication en ligne de la traduction.

Les propositions seront évaluées par un collège d’experts comprenant au moins un spécialiste la langue et de la culture du texte. Le rendu final ne pourra excéder 20 feuillets de 1500 signes espaces compris.

Le calendrier à respecter est le suivant :
•   les propositions seront reçues jusqu’au 30 avril 2012
• les propositions seront évaluées pendant les trois mois suivants et ceux qui les ont envoyées seront fixés sur leur acceptation ou non début septembre.
•  le travail éditorial occupera les mois suivants pour une mise en ligne sur le portail revues.org à l’adresse ideo.revues.org début 2013.

Contact et envoi des contributions :
pierre.kaser@univ-amu.fr

dimanche 29 janvier 2012

6 jeunes auteurs coréens à Aix

 
La Section Corée du Département d'Études Asiatiques et de  l'IrAsia
a le plaisir de vous inviter à la réception des Jeunes Auteurs Coréens.

Lundi 30 janvier, de 18h à 19h30-amphi E


Ces
6 jeunes auteurs, sélectionnés et soutenus par la Fondation littéraire Daesan ont été primés en Corée, en poésie, littérature romanesque, théâtre, conte et critique littéraire.

Soirée présentée par
Noël Dutrait, Kim Hye-gyeong et Jean-Claude de Crescenzo.

mercredi 25 janvier 2012

Eun Hee-kyung à Aix


 Pour tous ceux qui ont aimé Les boîtes de ma femme (Zulma, 2009), son premier recueil de nouvelles traduit en français, et tous ceux qui ne la connaissent pas encore, l'écrivain coréenne Eun Hee-kyung sera à Aix-en-Provence le 31 janvier (17h30, voir affiche ci-dessus) pour une conférence signature, juste après Paris (le 30, Centre culturel coréen) et avant Toulouse (le 2 février, Festival Made in Asia). La rencontre sera animée par Lucie Angheben, Jean-Claude de Crescenzo et Kim Hye-Gyeong.

lundi 23 janvier 2012

Entre lapin et serpent

Une nouvelle nouvelle année commence. Après 2012, voici celle du dragon 龍 qui, à partir de ce 23 janvier suit celle du lapin 兔 en attendant celle du serpent 蛇 qui la remplacera le 10 février 2013. Que cette année renchen 壬辰 vous apporte donc à tous satisfaction, bonheur et aussi de belles rencontres littéraires.

Depuis le 1er janvier, la Jeune Equipe Leo2t n'est plus, mais subsiste sous un nouveau statut dont on vous reparlera bientôt [voir ici]. Ses membres vont poursuivre leur travail d'exploration et de découverte des littératures d'Extrême-Orient. Ce blog, qui tente de rendre compte de son activité dans ce domaine, va également continuer selon son rythme propre. Merci de votre fidélité et vive les dragons.

vendredi 20 janvier 2012

Le Tombeau des amants


Je suis personnellement très heureux de vous annoncer la publication d’une traduction inédite d’un texte tiré du Shidiantou 石點頭, collection de contes en langue vulgaire publiée à la fin de la dynastie Ming (1368-1644).

Ce récit, « Pan Wenzi qihe yuanyang zhong » 潘文子契合鴛鴦塚 (Pan Wenzi scelle un pacte de fraternité jurée dans la tombe des canards mandarins) narrant une passion amoureuse entre deux jeunes garçons, en constitue le 14ème et dernier élément.

Cette traduction a été longuement élaborée par Thomas Pogu, d’abord dans le cadre d’un travail de master soutenu au Département d’Etudes Asiatiques de l’Université de Provence en 2009, puis pour les Editions Cartouche (Collection « Les Classiques ») qui la livre aujourd’hui dans un élégant format (63 p.), agrémentée d’une courte préface (pp. 5-15) que j’ai pris beaucoup de plaisir à rédiger.

J’y rappelle que les quelque 10 000 caractères du conte final sont l’amplification d’une courte anecdote que l’on trouve dans le Taiping guangji 太平廣記 (Vaste recueil de l’ère de la Grande Paix, 977 ; chapitre 389) que Feng Menglong 馮夢龍 (1574-1646), proche de l’auteur, reprit longtemps après dans un de ses ouvrages phare, Qing shi 情史 (Histoire du sentiment amoureux) :
Tout jeune déjà, Pan Zhang était d’une grande beauté et tous en étaient épris. Wang Zhongxian de Chu eut vent de sa réputation ; il chercha à se gagner une amitié que Zhang lui accorda comme d’étudier en sa compagnie ; un amour les lia aussitôt l’un à l’autre comme mari et femme. Ils partagèrent couverture et oreiller, ne mettant aucun frein à leur liaison jusque dans la mort qui survint bientôt. Plongés dans la plus poignante affliction, leurs parents les inhumèrent ensemble au mont Luofu. Là s’éleva un arbre dont chaque branche, chaque feuille en enlaçaient une autre à la plus grande surprise de tous. On le baptisa l’Arbre de l’oreiller partagé.

潘章少有美容儀,時人競慕之。楚國王仲先,聞其美名,故來求為友,章許之。因愿同學,一見相愛,情若夫婦,便同衾共枕,交好無已。后同死,而家人哀之,因合葬于羅浮山。冢上忽生一樹,柯條枝葉,無不相抱。時人异之,號為共枕樹。
Alors lisez vite Le Tombeau des amants -- n’hésitez pas à le demander à votre libraire préféré qui se fera un plaisir de vous le commander [ISBN : 978-2-915842-92-0], et à nous faire part de vos commentaires ici-même. (P.K.)

mercredi 11 janvier 2012

Mo Yan et l'imposture

Dans un billet du 29 juin 2010, nous vous avions annoncé la participation, le vendredi 20 août, de Noël Dutrait aux Quinzièmes rencontres d'Aubrac, au cours d’une matinée consacrée au « Sentiment d’imposture ». 

La communication intitulée « Mo Yan, celui qui « ne parle pas »» vient d'être mise en ligne sur le site des Archives Audiovisuelles de la Recherche. Vous pouvez y accéder directement à partir d'ici ou à partir de la page consacrée à cet événement

samedi 24 décembre 2011

Impressions d'Extrême-Orient, numéro 2

A la veille de Noël, je suis heureux de vous annoncer la mise en ligne du deuxième numéro de notre revue Impressions d’Extrême-Orient.

Il propose, en texte intégral, 13 des 19 communications données lors du colloque organisé par la jeune équipe de recherche « Littératures d’Extrême-Orient, textes et traduction », les 13 et 14 mars  2009 (Université de Provence, Aix-en-Provence). 

Ce colloque intitulé « Littératures d’Asie : traduction et réception » avait permis d’explorer ces deux thématiques dans plusieurs espaces culturels asiatiques dont rend pleinement compte ce choix, savoir la Chine ancienne avec Solange Cruveillé et Philippe Postel, la Chine moderne avec Chou Tan-Ying et Paolo Magagnin, la Chine contemporaine avec Nicoletta Pesaro, Noël Dutrait et Patrick Doan, l’Inde de la Bhagavad-gītā avec Elizabeth Naudou, le Tibet d’aujourd’hui avec Françoise Robin, la Corée actuelle avec Hye-Gyeong Kim-De Crescenzo, Le Min Sook, Han Yumi et Hervé Péjaudier, et enfin le Vietnam du Kim Vân Kiêu avec Nguyen Phuong Ngoc.

En voici la table des matières :
  • Noël Dutrait, 
« IDEO, numéro 2 »
Avant-propos
  • Solange Cruveillé, 
« Études et traductions occidentales sur le Taiping Guangji 太平广记 (Vaste recueil de l'ère de la Grande Paix) »
  • Philippe Postel
, « Les traductions françaises du Haoqiu zhuan »
  • Chou Tan-Ying, 
« L’éventail aux fleurs de pêcher comme métaphore de la vie : Réflexions sur la traduction des références intertextuelles dans Rose rouge et rose blanche d’Eileen Chang »
  • Paolo Magagnin
, « La traduction et la lettre, ou le ryokan du lointain : vers une pratique de la différence dans la traduction des langues orientales »
  • Nicoletta Pesaro, 
« Feishiyi de ci 非诗意的词, la parole peu poétique : réflexions sur la traduction de Mu Dan (1918-1977) »
  • Noël Dutrait
, « Les traductions du théâtre de Gao Xingjian par lui-même »
  • Patrick Doan, 
« De la difficulté de traduire les feuilletons télévisés chinois »
  • Elizabeth Naudou, 
« Traduire la poésie sanskrite : l’exemple de la Bhagavad-gītā»
  • Françoise Robin
, « Ceci n’est pas un navire. Interprétations et lectures du poème de Jangbu (Ljang bu) Ce navire peut-il nous mener sur l’autre rive ? (Gru gzings chen po ’dis nga tsho pha rol tu sgrol thub bam, 2000) »
  • Le Min Sook, 
« La traduction des titres de romans de Kim Dong-ri (1913-1995) »
  • Hye-Gyeong Kim-De Crescenzo, 
« Traduire la nuance dans le texte littéraire coréen »
  • Han Yumi,  Hervé Péjaudier, 
« L’« autre » texte : ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre »
  • Nguyễn Phương Ngọc, 
« Dragons et phénix, ou comment traduire les expressions exotiques du vietnamien »
Je vous souhaite, non seulement une bonne lecture de ces travaux savants, mais aussi d’agréables fêtes de fin d’année et vous donne rendez-vous à la rentrée pour vous faire part des projets de notre petit groupe de recherche au moment de sa fusion avec l’IRSEA et au début d’une nouvelle existence au sein de l’IrAsia...

jeudi 15 décembre 2011

Yuan Mei, enfin !


« Le Maître ne parlait ni du fantastique, 
ni de la violence, ni du désordre, ni du surnaturel. » 
Lunyu 論語 (Entretiens de Confucius), VII,20 

121ème ouvrage à paraître dans la collection « Connaissance de l'Orient », à l'avenir désormais incertain depuis la disparition de Jacques Dars en décembre 2010, Ce dont le Maître ne parlait pas est donc enfin sorti en librairie le 17 novembre dernier, après plusieurs mois d'une longue attente et après avoir vu sa parution différée à plusieurs reprises. Due aux talents conjugués de Chang Fu-jui (Tchang Fou-jouei) 張馥蕊, de sa fille Jacqueline Chang et de Jean-Pierre Diény, cette traduction partielle du Zibuyu 子不語 de Yuan Mei 袁枚 (1716-1798) nous propose 135 récits sur les 747 (sauf erreur ou omission) que compte ce célèbre recueil de courtes histoires à dominante fantastique (ou merveilleuse, ou surnaturelle, je laisse à de plus savants que moi le soin de choisir l’adjectif adéquat) que son auteur, alors sémillant septuagénaire, publia en 1788, et qu'il compléta quelques années plus tard par une suite du même tonneau. D’emblée, une introduction d’une vingtaine de pages dresse un beau portrait de cette figure hors norme des lettres chinoises que fut Yuan Mei, sans rien nous cacher des rapports souvent épineux qu’il a entretenus avec la critique et la censure morale de son époque, et même au-delà. L'ouvrage est complété par un très instructif appendice analytique et s'achève par un post-scriptum dans lequel J.-P. Diény rend hommage au « parfait lettré chinois » (dixit Jacques Dars) que fut Chang Fu-jui, décédé en mai 2006 à l'âge de 90 ans, et retrace la genèse de cette traduction, née d'un projet de doctorat semble-t-il abandonné en cours de route. 

Le Zibuyu, jusqu'ici, n'avait guère tenté les traducteurs français, à l’exception du père Léon Wieger, s.j., (1856-1933) qui en donna dans son Folk-lore chinois moderne, paru il y a plus d’un siècle, en 1909 pour être précis, des adaptations très libres, et par ailleurs savoureuses (pour ma part , je les lis et les relis toujours avec plaisir)... mais très libres quand même, et de Solange Cruveillé et Pierre Kaser qui en ont traduit, et véritablement traduit cette fois, une douzaine de récits qu’a publiés la revue Le Visage vert dans son n° 16 de juin 2009. Nous tenons donc aujourd’hui notre première « vraie » traduction française d'envergure. Fait notable, ses auteurs ont pris le parti de limiter leur choix aux seuls récits qui de près ou de loin ont partie liée avec le rêve : Le merveilleux onirique, tel est d'ailleurs le sous-titre qu'ils ont donné à leur recueil. 

Mais qu’on se rassure, ce choix n’a rien de restrictif, car pour Yuan Mei, le rêve n’est qu’un prétexte, un point de départ à partir duquel il nous entraîne, irrésistiblement, dans des histoires de toute sorte où son imagination sans frein s’en donne à cœur-joie. La plupart d’entre elles sont des histoires à faire peur : histoires de fantômes et de démons de tout poil, de vengeance d’outre-tombe, de châtiment aux enfers, de sorcellerie et d’envoûtement, j’en passe et des meilleures, bref, Yuan Mei n’est jamais en peine d’inspiration pour s’amuser à faire un courir un frisson d’épouvante sur l’échine du lecteur, n’hésitant pas au besoin à mettre en œuvre des moyens dignes du Grand Guignol : témoin parmi d’autres l’histoire n° 20, traduite sous le titre « Le dieu de la Ville se charge de sermonner une épouse » 城隍替人訓妻 où l’on voit ladite divinité, bien décidée à ramener à de meilleurs sentiments une bru impie doublée d’une épouse intraitable, rameuter une escouade de démons « porteurs de couteaux et scies, à la mine terrible et féroce », qui déploient sous les yeux horrifiés de la mégère tout un attirail de marmites d’huile bouillante et de moulins à viande. Heureusement pour elle, ce n’était qu’un rêve. Mais il est des rêves dont on ne sort pas indemne : à preuve celui que fait le malheureux bachelier Chen, dans l’histoire n° 47 intitulée « Zhang Youhua » 張又華, et dans lequel il se fait agresser physiquement par un démon malfaisant. Réveillé en sursaut, il se découvre porteur de blessures bien réelles dont il mourra bientôt. 

Mais tout n’est pas macabre ni sanguinolent dans ce recueil, tant s’en faut, et Yuan Mei n’hésite pas à faire alterner histoires d’épouvante et contes de fées classiques, comme avec « Le rêve de Xianting » 香亭記夢 (n° 113) où sont évoquées les amours d’un simple mortel et d’une femme-poisson aux étranges pouvoirs. Il arrive aussi que les rêves soient annonciateurs de bonnes nouvelles et tiennent leurs promesses (ce qui, il faut l’avouer, n’est pas toujours le cas) : dans le récit n° 126, « Un succès prévu » 預知科名, Yuan Nan, cousin de Yuan Mei et candidat à l’examen de licence, rêve qu’un inconnu lui prédit sa réussite à l’examen et lui révèle même le sujet qui va sortir. Tout se passera en effet comme prévu. Exemple, au rebours, de rêve trompeur : un certain Luo, qui se retrouve en rêve au tribunal des enfers, y apprend d’un sbire que son père est appelé à connaître un grand bonheur (dafu 大福). Hélas, en fait de grand bonheur, c’est l’hydropisie qui attend le père de Luo et qui l’emportera, car ce dafu n’était en réalité qu’un gros ventre 大腹 ! (« Un grand bonheur l’attend » 大福未享, n° 4). 

L’humour si particulier de Yuan Mei fait merveille dans plus d’un récit du Zibuyu, ce qui n’a pas échappé à notre équipe de traducteurs. Plusieurs récits qu’ils ont retenus pour leur anthologie sont d’une drôlerie achevée, comme « Le dieu de la Ville se charge de sermonner une épouse » déjà cité, ou encore le n° 11, « Le bachelier Qiu » 裘秀才, dans lequel le bachelier en question, en punition de son peu de respect pour les divinités locales et de son caractère procédurier, se voit fesser en place publique, conformément à la prophétie qui lui fut faite en rêve. Bref, on ne s’ennuie pas une seule seconde à la lecture de ce livre, qui n’a qu’un défaut, à mes yeux, celui de laisser en bouche un goût de trop peu. 

Quid, maintenant, de la traduction ? Si Jacqueline Chang est pour nous une nouvelle venue dans le domaine de la traduction littéraire, son père Chang Fu-jui et son maître Jean-Pierre Diény sont en revanche de vieilles connaissances, et leurs états de service parlent pour eux. On pouvait donc en toute quiétude s'attendre de la part de ce trio de traducteurs à un travail de très haute qualité : élégantes, savantes, précises, leurs traductions rendent enfin justice à un ouvrage qui a sa place à côté des Chroniques de l'étrange (Liaozhai zhiyi 聊齋誌異) de Pu Songling 蒲松齡 et des Notes de la chaumière des perceptions subtiles (Yuewei caotang biji 閱微草堂筆記) de Ji Yun 紀昀. 

Je voudrais pour finir signaler quelques traductions du Zibuyu dont la lecture permettra de prolonger celle de Ce dont le Maître ne parlait pas
  • Tout d’abord, l’œuvre maîtresse du sinologue néerlandais J.J.M. [Jan Jakob Maria] de Groot (1854-1921), The Religious System of China, publié de 1892 à 1910, dont les 3 derniers volumes sont illustrés de larges extraits du Zibuyu, ou plutôt du Tsze puh yu pour reprendre sa transcription. Ses traductions sont de grande qualité et sont bien plus fidèles que celle de son contemporain Wieger. 
  • Ensuite, l’anthologie traduite en allemand par Rainer Schwarz (également traducteur de Shen Fu 沈復 et de Cao Xueqin 曹雪芹) sous le titre Chinesische Geistergeschischten (Histoires de fantômes chinois) et publiée en poche chez Insel Verlag en 1997 (110 récits tirés du Zibuyu et de sa suite). Pour autant que je puisse en juger, cette traduction est d’un niveau comparable à celle des Chang et Diény. 
  • Pour les lecteurs qui pratiquent le russe, il existe également un choix de récits, publié à Moscou en 1977 aux éditions Naouka, fait par la sinologue soviétique Olga Fishman à partir du Zibuyu et de sa suite, intitulé Novye Zapisi Tsi Sie (O Chem Nie Govoril Konfutsiï). Mes quelques pauvres notions de russe péniblement acquises il y a bien longtemps m’interdisent malheureusement d’émettre la moindre appréciation sur cette traduction. 
  • Pour mémoire, signalons aussi la petite anthologie traduite en italien par Edi Bozza sous le titre Quel che il maestro non disse (Mondadori, 1996), qui semble être définitivement épuisée et introuvable. 
  • La même année, Kam Louie et Louise Edwards avaient livré un Censored by Confucius. Ghosts Stories by Yuan Mei (M.E. Sharpe, 1996) qui retenait pas moins de 100 récits répartis en 16 thèmes.  
 

Enfin, je ne résiste pas au plaisir de faire part aux lecteurs de ce blog d’une petite découverte que j’ai faite il y a peu par le plus grand des hasards : il s’agit de ce qui est sans doute la plus ancienne traduction du Zibuyu dans une langue occidentale, puisqu’elle a paru en 1838 dans la revue missionnaire The Chinese Repository publiée à Canton. Un article de cette revue, consultable en ligne ici, donne la traduction anglaise de quatre courtes histoires, traduction que l’article attribue sans plus de précisions (si je traduis correctement) à « un jeune garçon âgé de douze ans, qui se consacre à l’étude de la langue [chinoise] depuis environ quatorze mois » (a lad twelve years old, who has been engaged in studying the language about fourteen months). 

Qui était ce mystérieux jeune garçon manifestement doué ? A-t-il persévéré dans son travail de traduction, et si oui, qu’est devenu son manuscrit ? J’ai bien peur, hélas ! que ces questions ne demeurent pour toujours sans réponse. 

Quoi qu’il en soit, bonne lecture à toutes et à tous !

Alain Rousseau 

Ce dont le Maître ne parlait pas (Le merveilleux onirique) de Yuan Mei, récits traduits du chinois, présentés et annotés par Chang Fu-jui, Jacqueline Chang et Jean-Pierre Diény, collection « Connaissance de l’Orient », série chinoise, Gallimard, 2011, 369 p. ISBN : 978-2-07-013183-9

mercredi 30 novembre 2011

JO Jong-nae dans Keulmadang 13

 
Avec ce N° 13 Keulmadang améliore sa présentation et vous propose de nombreuses rubriques détaillées par thème, pour faciliter vos recherches.

A partir de ce numéro, les articles seront mis en ligne au fur et à mesure de leur rédaction. Vous pouvez donc consulter Keulmadang régulièrement (et non plus attendre la parution d’un nouveau numéro complet). Ou bien vous abonner au fil RSS désormais disponible. Dès que la mise en ligne de tous les articles sera achevée, la lettre d’information vous informera de la parution du numéro complet.

Au sommaire de ce numéro :
Le dossier du mois est consacré à JO Jong-nae, auteur d’une œuvre-fleuve, 50 volumes qui parcourent l’histoire tragique du dernier siècle, depuis l’occupation japonaise jusqu’à la dictature militaire des années 60-93.

Le dossier comprend 4 textes : 
  • Jo Jong-nae et son œuvre, par Georges Zygelmeyer
  • Le monde romanesque de JO Jong-nae, par Georges Zygelmeyer
  • Une œuvre-monde, par Jérémy Méaume
  • La bibliographie de JO Jong-nae
Vous y trouverez également la suite de l’étude consacrée aux manuscrits royaux que la France vient de « prêter » à la Corée, après les avoir volés lors de la tentative d’abordage dans l’île de Kanhwa, au XIXe siècle. Le Professeur Roger Leverrier, auteur de cette étude, vient de nous quitter, fin octobre. Yun Seok-man y rend hommage dans le présent numéro.

On trouvera également dans ce numéro des critiques d’ouvrages, dont celle du premier roman nord-coréen traduit en France et publié chez Actes-Sud, Des amis, par Jean-Claude de Crescenzo, Voyage initiatique au prix fort, par Morgane Loupandine, Légère et bienveillante île au chats, par Véronique Cavallasca, Croyances et idéologies en Corée du Nord, par Julien Paolucci, Les petits pains de la pleine lune, par Véronique Cavallasca, La Corée poétique du XVIe, par Lucie Angheben, ainsi que le compte-rendu de la soirée avec le poète KO Un à Aix, par Lucie Angheben.

Bonne lecture

www.keulmadang.com

samedi 19 novembre 2011

Journée doctorants IRSEA/Leo2t 2011-2012


Journée des doctorants de 
et de l’équipe Littératures d’Extrême-Orient, Textes et Traduction (Leo2t)
Vendredi 9 Décembre 2011
Campus Saint-Charles (Marseille), Bâtiment LSH
Salle 501 (matin) et 504 (après-midi)

9h30-10h15 : Origine, mémoire et ancestralité : approche anthropologique de pierres monumentales Riung (Ile de Florès, Indonésie orientale), Nao REMON
A Riung, dans la partie nord-ouest de l’île de Florès, se dressent des pierres venant se distinguer du reste du paysage montagneux et forestier. Les différents rôles qu’elles endossent sur les plans symbolique, rituel, identitaire, foncier et social en font des objets à caractère éminemment anthropologique. Marqueurs topologiques dans un contexte de mobilité clanique, supports de mémoire et de narration, reliquats des temps mythiques, ces monuments révèlent la relation spécifique des Riung au paysage qui les entoure. La fixité et l’immutabilité accordée à ces pierres servent de support à une expérience spatiale et temporelle de retour aux fondements.
10h15-11h00 : Gao Minglu, entre critique et théorie, Anny LAZARUS
Personnage central de l’art contemporain en Chine, Gao Minglu a publié de nombreux livres retraçant le développement de l’art contemporain chinois depuis 1979. Dans le cadre de cette intervention, je présenterai son ouvrage intitulé l’École du Yi, une théorie subversive contre la représentation, édité en juin 2009. Comme le titre le laisse entrevoir, l’ambition de l’auteur est de démontrer que les modèles théoriques occidentaux ne sont pas appropriés pour analyser l’art chinois (classique et contemporain). Après avoir revisité les concepts de l’esthétique classique (Li, Shi, Xing), il propose un rapprochement avec les écrits post-structuralistes et développe un modèle théorique « totalisant » qu’il souhaite appliquer à un grand nombre d’œuvres, en dépassant les frontières de la Chine. Ce livre soulève plusieurs questions, celles bien sûr de la pertinence et l’efficacité de la démonstration, ainsi que l’influence chez l’auteur de la French Touch, mais aussi celles qui concernent l’allégeance au pouvoir en place et l’indépendance intellectuelle face à la tentation nationaliste. J’évoquerai également la réception de l’ouvrage en Chine et en Occident.
11h15-12h00 : La notion de frontière chez les Thaïs, Thanida BOONWANNO
Au cours du XIXe siècle, les Thaïs du Siam durent adopter la notion de frontière que les colonisateurs européens avaient depuis assez peu de temps accepté chez eux. Mais cela ne signifie pas qu’auparavant les Thaïs ou les Siamois n’avaient eu des frontières reconnues. Certes, leur établissement était de moins en moins rigoureux à mesure que l’on s’éloignait de la capitale, laquelle donnait son nom à l’État. Ce fut par exemple le cas dans les royaumes d’Ayutthaya (1350-1767) ou de Thonburi (1767-1782). Les limites matérielles des frontières étaient d’ordre extrêmement divers puisqu’il pouvait s’agir d’arbres voire d’arbustes, mais également de reliquaires élevés par les hommes (chedi). Mais les frontières pouvaient tout aussi bien être des groupes humains, et c’est dans ce dernier cas que nous sommes en mesure d’employer l’expression d’« ethnie-frontière » que nous développerons à propos de minorité thaïe dans la province cambodgienne de ko Kong que l’on appelle « Thaïs-ko-Kong ».
13h30-14h15 : Autorité traditionnelle et pouvoir politique. La campagne électorale de la gouverneure de Banten (Indonésie), Gabriel FACAL
Le processus de décentralisation initié depuis 1998 en Indonésie s’est accompagné par contrecoup d’un mouvement d’hyper centralisation au niveau régional dans nombre des provinces nouvellement créées. J’étudierai ce phénomène à travers la description de la campagne de la gouverneure sortante pour les élections provinciales de 2011. La gouverneure est la fille aînée d’un dirigeant de la pègre locale qui a coordonné les projets gouvernementaux du Général Suharto pendant près de quarante ans. Sa famille a
mis à profit la chute du régime et l’autonomie provinciale pour défaire les institutions régionales de leur dépendance vis-à-vis du gouvernement central. Ce réseau familial exerce ainsi sa domination dans les sphères politique, économique et religieuse à travers des groupes de lobbying issus des domaines de l’éducation et de l’information, de la santé et de l’humanitaire.
14h15-15h00 : La notion de bien public « à la japonaise » dans l'entreprise taïwanaise CHIMEI  奇美, Yamada YU
Lors de cette intervention, je définirai tout d'abord le concept japonais de bien public (kōnoseishin 公の精神), tel qu’il fut appliqué au Japon et à Taïwan avant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans un deuxième temps, j'analyserai dans quelle mesure Hsü Wen-lung 許文龍, le fondateur de l'entreprise taïwanaise CHIMEI, a intégré ce principe et en a fait une valeur phare des activités de mécénat de la firme.
15h15-16h00 : Les créations littéraires des aborigènes de Taiwan, Christophe MAZIERE
Au tournant des années 1980, l’émergence d’une conscience nationale taiwanaise s’est notamment traduite par un mouvement de reconsidération des cultures premières de l’île. Bien avant A-Mei, vedette puyuma de la scène pop, les documentaristes Mayaw Biho (peuple amis) ou Si-Manrei (peuple tao), les créations littéraires écrites aborigènes ont ouvert le pas à une représentation de ces groupes ethniques sur des supports modernes, jusqu’alors exogènes à leur culture originelle. La valeur artistique de ces œuvres est liée à une dynamique inhérente à ces populations désireuses de se réapproprier leurs droits civiques les plus élémentaires, mais aussi une subjectivité refoulée par près de quatre siècles de présences étrangères successives. L’exposé s’efforcera de retracer les grandes lignes de cette émanation moderne d’un processus de réécriture culturelle en cours, ses tendances, ses principaux acteurs, les thématiques qu’ils affectionnent, mais aussi les débats définitionnel, linguistique et identitaire qui l’animent afin de fournir une première base de réflexion.
Organisation :
Luc Benaiche (luc.benaiche@gmail.com)
Damien Onillon : (damien.onillon@wanadoo.fr)