Suzhou 蘇州, Nanjing 南京, Yangzhou 揚州, Hangzhou 杭州, Jiaxing 嘉興, Shaoxing 紹興, Huzhou 湖州, Huangshan 黃山, Chizhou 池州, Xuancheng 宣城, Jingdezhen 景德鎮, Nanchang 南昌, Shangrao 上饒, Shanghai 上海 : qui n’a pas visité toutes ces villes et arpenté les chemins parfois escarpés de ces sites fameux n’a pas encore pleinement goûté les beautés du Jiangnan 江南 et s’est privé d’une joie immense. Cet espace dit du « sud du [Grand] Fleuve » ( savoir le Yang-t’sé de tant de récits au parfum exotique) a ceci de magique qu’il a généreusement alimenté la culture chinoise en génies artistiques et en sommités historiques et dynamise, aujourd’hui encore, avec une inépuisable ardeur l’économie de la Chine : il mérite donc qu’on lui consacre un livre.
Celui que Qu Lan 瞿瀾 vient de publier aux Editions Sépia, sous le titre Jiangnan. Aquarelles de Chine est un bel hommage rendu à la région dont elle est originaire. Née à Suzhou il y a à peine 33 ans, elle a étudié à Hangzhou. Cette diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de la capitale des Song du Sud installée en France depuis une dizaine d’années n’a manifestement pas oublié l’adage qui lie dans un même souffle admiratif les deux phares de la Chine du sud, pendant terrestre du Paradis céleste : Shang you Tiantang, xia you Su Hang 上有天堂,下有蘇杭.
18 pages de cet élégant album qui en compte 80 sont des quasi-poèmes dédiés à ces deux villes : la Suzhou des canaux, le Hangzhou des bords du Lac de l’Ouest. Mais les autres destinations que nous invitent à découvrir ce guide d’un genre nouveau sont aussi bien traitées : par le texte, informatif et poétique, doublé en anglais pour toucher un large public, et surtout l’image. C’est bien entendu la qualité des illustrations qui attirera le lecteur et le tiendra en haleine pendant ce doux périple par monts et canaux. Mieux que la photo et son implacable précision, l’aquarelle offre des visions que l’on dirait volées à l’éternité ; paysages, ruelles, passants et badauds, objets du quotidien, fleurs et plantes, porcelaines, trésors des lettrés, mets typiques, scènes de la vie campagnarde, lieux de pèlerinage, habitations traditionnelles, portiques et pics sortants des nuages ... sont ainsi campés avec fluidité dans une harmonie de tons pastel. On y croise des noms qui sont autant d’invitation à poursuivre l’aventure : Xu Xiake 徐霞客 (1587-1641), qu’on aimera suivre grâce à Jacques Dars dans ses Randonnées aux sites sublimes (traduction du Xu Xiake youji 徐霞客遊記. Paris : Gallimard, «Connaissance de l’Orient », 1993), mais aussi Bai Juyi 白居易 (772–846), Su Shi 蘇軾 (1037-1101), ou encore Wang Bo 王勃 (649-676).
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